Les flux financiers ont été au centre des débats d'une table ronde en marge du sommet international sur le financement du développement. «Les pays riches ont, certes, doublé leur contribution depuis 2002 conséquemment aux recommandations du sommet de Monterry tenu au Mexique, mais, paradoxalement, ce sont pas moins de 500 milliards de dollars qui empruntent le chemin inverse. C'est comme si ces pays récupéraient d'une autre manière l'argent qu'ils ont versé pour l'aide au développement des pays pauvres ou moins développés. Les pays du Nord accueillent la moitié des paradis fiscaux», estime-t-on. Selon un rapport rendu public en mai dernier et émanant de l'association Christian Ais, «160 milliards de dollars s'évaporent des comptes des Etats du Sud à cause de l'évasion fiscale. Les multinationales en sont en grande partie responsables. Les normes de comptabilité utilisées ont pour conséquence que leurs filiales dans les pays en développement échappent aux impôts et taxes dans ces pays car elles présentent des comptes consolidés dans leur pays d'origine. Si l'on cumule la criminalité, la corruption des élites locales et l'évasion fiscale pratiquées par les agents économiques nationaux et multinationaux, cela représente 500 milliards de dollars par an». La secrétaire générale de Transparency International est allée dans ce sens en estimant : «Nous avons tendance à ne pas considérer ces flux comme criminels. A tort.» Plus catégorique et tranchante, elle a affirmé : «Sans les paradis fiscaux qui abritent cette manne du Sud, le problème de financement pour le développement ne se poserait pas.» Un représentant d'Oxfam International a soulevé un autre phénomène qui fait que des centaines de milliards de dollars échappent au fisc dans les pays du Sud. Il s'agit, d'après lui, du transfert. «Les filiales des multinationales commercent entre elles et facturent les transactions de façon à payer le moins d'impôts possible là où elles opèrent, ce d'autant qu'elles sont domiciliées dans des pays qui offrent des rabais fiscaux.» Et d'ajouter : «D'autres milliards illégitimes provenant de la fraude fiscale, du blanchiment de l'argent sale et du détournement des fonds par des élites atterrissent également dans les coffres-forts des paradis fiscaux.» Aussi, la lutte pour l'éradication de ces derniers a été hautement soulignée lors de la conférence de Doha. F. A.