L'ancien Premier ministre, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), sera, sans surprise, le nouveau président du Mali. Au second tour, il partait déjà largement favori, ayant obtenu près de 40% des suffrages à l'issue du premier tour, contre 20% à son rival Soumaïla Cissé. Ce dernier a reconnu sa défaite avant la proclamation des résultats officiels, mêmes provisoires. Dès l'annonce de la victoire d'IBK, dont les estimations portant sur deux tiers des bulletins lui accordent une très large avance, François Hollande l'a félicité, l'assurant que Paris resterait aux côtés de son pays. Selon un communiqué de l'Elysée qui précise que le président français assistera à l'investiture du nouveau président malien, prévue en septembre prochain, «ce qui vient de se produire depuis l'intervention française le 11 janvier 2013, au nom de la communauté internationale, jusqu'à l'élection du nouveau président malien est un succès pour la paix et la démocratie. Mais tout doit désormais être fait pour réussir la fin de la transition, le dialogue et le développement du Mali». De leur côté, les Etats-Unis ont assuré qu'ils étaient prêts à reprendre leur aide au Mali, suspendue en 2012 après le coup d'Etat militaire, compte tenu du retour de la démocratie à la faveur de l'élection présidentielle. Le département d'Etat a «félicité le peuple malien pour son enthousiasme et son engagement dans cette élection» ainsi que «le gouvernement intérimaire pour avoir assuré un environnement apaisé et ordonné». La Haute Représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité ainsi que vice-présidente de la Commission européenne, Mme Catherine Ashton, a appelé hier tous les candidats et tous les partis maliens à «accepter le verdict des urnes et soutenir le futur gouvernement». «Le Mali vient de franchir une étape très importante dans son processus de retour à l'ordre constitutionnel. La Mission d'observation de l'UE a constaté que le scrutin présidentiel s'est déroulé de manière crédible et transparente», a commenté Mme Ashton. L'UE «continuera à se tenir aux côtés de tous les Maliens et leurs autorités légitimes pour appuyer ces efforts», a réaffirmé Mme Ashton. Avec l'élection d'un nouveau président, le Mali retrouve la légitimité constitutionnelle et pourra bénéficier de l'aide de la communauté internationale, qui avait promis en mai dernier une assistance de 3,2 milliards d'euros. Mais malgré le soutien des pays étrangers et l'aide financière, l'ancien Premier ministre malien, Ibrahim Boubacar Keïta, 68 ans, aura tout de même la rude tâche de redresser un Mali qui a traversé une grave crise politico-militaire de 18 mois depuis le coup d'Etat du 22 mars 2012. IBK devra réconcilier un pays traumatisé et affaibli en prenant très rapidement des mesures concrètes pour redonner confiance aux Maliens. Sa première tâche serait d'œuvrer à la réconciliation avec la minorité touareg, qui se sent marginalisée. Un accord intérimaire signé le 18 juin à Ouagadougou entre des représentants du régime malien de transition et les groupes armés rebelles touareg prévoit l'ouverture de «pourparlers de paix» dans les 60 jours suivant la mise en place du nouveau gouvernement. IBK, qui refuse catégoriquement la notion d'autonomie et encore moins d'indépendance de l'Azawad, car elle aboutirait à la partition du pays, mise sur une politique de décentralisation plus poussée pour le Nord où vit la communauté Touareg. H. Y. / agences