Donner de l'espoir à des milliers de couples qui n'ont pas réussi à avoir d'enfant, c'est ce que tentent de faire des spécialistes en proposant les techniques de procréation médicalement assistée (PMA). Celles-ci ont permis de résoudre une grande partie des problèmes de stérilité, tant masculine que féminine. L'Algérie n'est pas en reste des progrès enregistrés en matière de lutte contre l'infertilité des couples. Les méthodes de procréation médicalement assistée ne sont pas étrangères aux spécialistes algériens. La procréation médicalement assistée repose sur de nombreuses techniques telles que l'insémination artificielle à partir du sperme du conjoint (IAC), la fécondation in vitro (FIV), la micro-injection appelée aussi ICSI… L'IAC qui est la plus ancienne des techniques de procréation médicalement assistée consiste à injecter des spermatozoïdes «préparés» dans la cavité utérine, le jour de l'ovulation. Quant à la micro-injection ou ICSI, c'est une technique de pointe qui consiste à injecter directement le spermatozoïde dans l'ovule. Cette technique garantit la fécondation même pour des infertilités d'origine masculine. Pour la FIV, il s'agit de mettre en contact un spermatozoïde et un ovule, hors de l'appareil reproducteur féminin, ce qui permet de résoudre de très nombreux problèmes d'infertilité et de donner vie aux fameux bébés-éprouvette. Des dizaines de milliers d'enfants sont nés grâce à cette technique. Si ce genre de pratique se fait depuis quelque temps déjà chez le privé, dans le secteur public les choses traînent. Beaucoup de couples ont recours aux cliniques privées ou vont à l'étranger et payent le prix fort pour tenter d'avoir un enfant. La mise en place de ces unités dans le secteur public permettra de redonner l'espoir à pas mal de couples qui caressent le rêve si cher d'avoir un enfant et notamment ceux qui n'ont pas les moyens financiers d'avoir recours au privé. 8% des couples algériens stériles Annoncée en grande pompe par l'ancien ministre de la Santé, l'unité de PMA de l'hôpital Parnet devait être opérationnelle en octobre 2007. En tout, trois unités de PMA devaient voir le jour dans le secteur public, à Alger (Parnet), Constantine et Oran, nous dira le professeur Bouzekrini, chef de service de gynécologie et obstétrique de l'hôpital Parnet et président de la Société algérienne de fertilité et de contraception (SAFEC). «Nous avions projeté de démarrer il y a pratiquement quelques mois de cela mais des problèmes de moyens n'ont pas permis au projet de prendre forme dans les temps prévus», affirme-t-il. Et d'ajouter qu'«aujourd'hui, tout est prêt, les équipes sont formées (actuellement seul manque le médecin biologiste), les équipements sont quasiment disponibles et les travaux ont démarré pour réhabiliter les lieux devant accueillir les patients, à savoir l'unité de PMA [procréation médicalement assistée].» La structure en question fait en ce moment même l'objet d'un total aménagement. Elle sera dotée, entre autres, d'un laboratoire, de deux salles d'hospitalisation de jour d'une capacité de 14 lits. «L'infertilité touche environ 8% des couples algériens», selon le professeur Bouzekrini. Il estime que les problèmes de fertilité peuvent concerner aussi bien l'homme que la femme. Selon la nature du problème, différentes techniques médicales peuvent être ainsi utilisées pour aider à la procréation médicalement assistée. Cependant, avant d'envisager une prise en charge, le couple doit consulter un médecin qui fera un bilan après un interrogatoire et un examen clinique. Ce bilan permettra de déterminer la cause de la stérilité et d'envisager la solution la plus adaptée. «Nous avons de plus en plus de couples qui viennent consulter», explique ce spécialiste. «L'infertilité n'est plus une fatalité car il est possible de la vaincre grâce à de nombreuses méthodes qui sont maîtrisées par des équipes algériennes», dit-il. Une liste d'attente de 200 couples touchés d'«infertilité» Le professeur Bouzekrini précise par ailleurs que les autres techniques de la procréation médicalement assistée, comme la micro-injection appelée aussi ICSI et l'insémination artificielle, sont pratiquées depuis quelques années déjà dans cet hôpital. Il rappelle que cet établissement a vu la naissance des premiers bébés-éprouvette en Afrique au début des années 90. «La technique de FIV existait mais a disparu faute de moyens», ajoutera-t-il. De 2005 à nos jours , une quarantaine d'interventions par PMA, notamment l'insémination artificielle à partir du sperme du conjoint, ont pu être réalisées à l'hôpital Parnet, dont sept ont été couronnées de succès», affirment les statistiques. «Nous avons une liste d'attente de 200 couples issus des quatre coins du pays», explique-t-on encore. Ce spécialiste pose par ailleurs un problème de taille, à savoir le non-remboursement des interventions relevant de la PMA. «Seule la Caisse sociale militaire rembourse ce type de techniques», déplore-t-il. «Nous sommes en train d'essayer de créer des conventions avec la CNAS pour la prise en charge des méthodes de procréation médicalement assistée», dit-il. Selon lui, il ne faut pas limiter le nombre de tentatives à une seule ou deux. «En Europe, on fait jusqu'à six tentatives car il arrive souvent que les premières tentatives échouent mais ce n'est pas pour autant qu'il faut perdre espoir car ça peut marcher après plusieurs expériences. C'est l'avantage du secteur public, car la PMA coûte excessivement cher chez le privé ou à l'étranger», souligne le professeur. Il faut savoir enfin que l'amélioration des procédés médicaux et le développement des techniques de procréation médicalement assistée associées à une meilleure connaissance des causes de stérilité devraient assurément permettre de lutter contre l'infertilité des couples et de redonner la joie à de nombreux foyers. A. B.