Le secrétaire d'Etat John Kerry entame ces jours ci, en pleine crise syrienne, des actions diplomatiques pour faire réactiver les négociations entre Palestiniens et Israéliens. Le processus de paix, mis à mal par l'arrogance des Israéliens et leur refus à se conformer à un minimum de préalable, semble constituer aujourd'hui en soi une concession de la part des Américains. Même si en réalité ce processus fait du surplace depuis des années et que le colonisateur israélien n'arrête pas de grignoter les terres, objet du conflit. Au moment où les Américains, suivis de la France et encouragés par les pays du Golfe, s'apprêtent à lancer une guerre contre la Syrie, les Palestiniens sont toujours en attente que le droit international soit appliqué et que la colonisation de leur terre s'arrête. John Kerry montre des dispositions à booster les pourparlers. Mais ces discussions israélo-palestiniennes directes de paix n'ont «jusqu'à présent pas enregistré de progrès» et sont même «futiles», selon des indiscrétions de la presse palestinienne. Des fuites que les responsables américains rejettent catégoriquement. «Les négociations continuent», insistent les diplomates du département d'Etat US qui semblent habitués à vendre du vent aux Palestiniens sans même devoir rendre de comptes en fin de parcours. Pour l'heure, Washington a imposé un black-out médiatique sur les discussions. Il s'agit, encore une fois, de faire passer la pilule de l'agression militaire contre un pays arabe à travers l'intention affichée que la question sera sérieusement prise en compte, et que l'administration américaine pèsera de tout son poids pour imposer une solution à deux Etats. Washington qui a déjà l'adhésion totale des pays du Golfe pour aller en guerre désirerait faire mieux. Le responsable de la diplomatie américaine voudrait même inciter Mahmoud Abbas à être favorable à la frappe militaire contre la Syrie. Et c'est dans ce seul souci que la machine diplomatique est activée en ce moment précis. Après presque trois années de gel, Palestiniens et Israéliens avaient de façon timide repris fin juillet des contacts directs à Washington. Mais ce processus ne semble pas pour l'heure donner des signes d'espoir tant la partie colonisatrice refuse de reconnaître les droits des Palestiniens sur leur terre. L'administration israélienne est même réfractaire ne serait-ce qu'au gèle de ses programmes ininterrompus de constructions des colonies. Ghaza, la prison oubliée Mais les Palestiniens attendent que les puissances occidentales, qui montrent aujourd'hui une prompte inclinaison à aller sauver «un peuple gazé par le dictateur», d'être protégés contre le colonisateur qui n'hésite pas à bombarder depuis des hélicoptères à Ghaza. La prison à ciel ouvert est en effet aujourd'hui oubliée par l'actualité et les médias occidentaux. Un récent rapport de l'ONG des droits humains Euro-Mid Observer, intitulé «Mort lente ; la punition collective de Ghaza a atteint un seuil critique», met en lumière la situation infrahumaine de l'enclave sous l'effet de l'interminable blocus israélien. L'ONG insiste sur l'urgence de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à cette grave situation. Mais les puissances occidentales, qui voudraient aujourd'hui venir en aide au peuple syrien, semblent insensibles à cette souffrance humaine. D'après le Bureau des Nations unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (Ocha), plus de la moitié des ménages de Ghaza sont en situation d'insécurité alimentaire. Et la tendance est à la complication. Plus de 90% de l'eau pompée dans la nappe hydrique de Ghaza est impropre à la consommation humaine. Encore une fois le supplice du peuple palestinien est inaudible chez ceux qui sont scandalisés aujourd'hui par l'usage présumé des armes chimiques en Syrie. Pourtant les Israéliens ne cachent même plus leur politique scandaleuse envers la bande de Ghaza. En 2007 Israël, puissance occupante, a considéré Ghaza comme «entité hostile», mieux le Premier ministre de l'époque, Ehud Olmert, avait déclaré : «Nous n'autoriserons pas l'ouverture des frontières permettant d'entrer et de sortir de Ghaza dans la mesure où cela les aiderait à revenir à une vie complètement normale.» Ces déclarations d'officiels israéliens, citées clairement dans le rapport d'Euro-Mid, mettent pourtant en exergue le fait que la catastrophique situation actuelle à Ghaza est un effet voulu. Une sorte de punition collective de toute une population. Ce qui équivaut à un crime de guerre au regard du droit international. Euro-Mid établit particulièrement la responsabilité indirecte de la «communauté internationale». Il est vrai que le siège inhumain n'aurait pas pu durer toutes ces longues années sans la complicité et l'accord tacite de la «communauté internationale», celle là même qui voudrait aujourd'hui «punir» le président syrien. M. B.