L'application à la lettre de la décision de l'OPEP, consistant à réduire de 2,2 millions de barils/jour sa production à partir de janvier prochain, est désormais le souci majeur des pays producteurs de l'or noir. En Algérie, pays dans lequel s'est tenue la 151ème conférence extraordinaire de cette organisation, des déclarations dans ce sens, voire des appels ont été lancés ce week-end, en plus bien sûr de l'intervention du chef de l'Etat durant ce sommet. Il s'agit, notamment, de celui du Premier ministre Ahmed Ouyahia devant les députés jeudi dernier. Le chef de l'Exécutif, qui répondait aux questions de la presse à l'issue du vote du plan d'action du gouvernement à l'Assemblée populaire nationale, a plaidé pour le «respect des engagements pris» par les participants pour un net rebondissement des prix. En clair, le prix du baril de pétrole pourrait remonter à 60 ou 70 dollars d'ici mars 2009 si les pays membres de l'OPEP respectaient les engagements pris de baisser la production de pétrole, a expliqué Ouyahia. «Les véritables effets [de la baisse] ne pourront être ressentis que dans quelques mois, probablement au mois de mars prochain, si toutefois les membres de l'OPEP respectent les engagements pris», a déclaré le Premier ministre pour qui ladite décision «ne pourrait avoir d'impact dans l'immédiat». De son côté, le directeur d'Arab Petroleum Research Center (APRC), Nicolas Sarkis, qui a qualifié la décision d'Oran de «bonne», a laissé entendre jeudi soir, lors de son intervention à la télévision algérienne, qu'il y a lieu de respecter cette mesure en l'appliquant sur le terrain avec discipline. Aussi, pour l'expert, il faut désormais non seulement une baisse substantielle mais aussi une manifestation claire de la détermination des pays exportateurs à «appliquer sur le terrain» ce qu'ils ont décidé mercredi dernier, soit «le respect» de chaque pays de «ses engagements». Dans un contexte caractérisé par une baisse de la demande, une offre largement excédentaire, une forte augmentation des stocks et un effondrement des prix, ajoute cet expert, l'OPEP aurait pu changer complètement la donne si elle avait réduit sa production d'une manière graduelle périodiquement. En décodé, Nicolas Sarkis a regretté le fait que cette organisation n'ait pas procédé à une baisse relative de sa production d'une façon régulière, en fonction des prix affichés sur les marchés pétroliers, en laissant ces prises de décisions seulement lors des sommets extraordinaires. «L'OPEP a donné l'occasion aux consommateurs de constituer des stocks», a-t-il relevé. Il en veut, pour preuve, la chute continue du prix du baril, au détriment des trois baisses de production de ces derniers mois, telles qu'annoncées par l'OPEP. D'autre part, l'expert a estimé que les prix du pétrole doivent grimper au moins jusqu'à 70 dollars. «Il est dans l'intérêt des pays consommateurs et producteurs que les prix du pétrole remontent à 70 ou 80 dollars au moins pour assurer les investissements requis et développer les capacités de production», plaide-t-il. Et d'ajouter que ce seuil serait «souhaitable s'il était fixé comme prix plancher pour le panier de l'OPEP». Sur un autre sujet, la même source n'a pas tari d'éloges sur le rôle prépondérant de l'Algérie au sein de cette organisation, en ce sens qu'elle a toujours assumé ses responsabilités même dans les moments les plus délicats que vit celle-ci tels que le contexte actuel. S. B.