Il faut de tout pour faire une année artistique. De nouvelles créations, des moments de fête et de jubilation, des moments de doutes mais aussi… des moments d'adieu. En pensant aux grandes figures qui ont fait leur adieu définitif à ce monde et à l'univers culturel arabe, africain et mondial cette année, quatre noms nous viennent tout de suite à l'esprit : Mahmoud Darwich, Youssef Chahine, Aimé Césaire et Myriam Makeba. Des noms qui ont su marquer le monde par la résistance commune qu'ils affichaient tous, même si c'est pour différentes causes. Mahmoud Darwich, décédé le 10 août dernier aux Etats-Unis, est parti en laissant derrière lui une poésie nourrie par les douleurs du peuple palestinien. Il a longtemps fait de sa poésie une voie indéfectible de résistance contre l'absurde, l'injuste de l'oppression israélienne. Youssef Chahine a choisi de donner un souffle nouveau au cinéma égyptien pour exprimer sa créativité et dénoncer l'intégrisme et la stupidité en levant le voile sur les tabous de sa société. Youssef Chahine s'est éteint le 27 juillet dernier en laissant derrière lui les traces indélébiles d'une Egypte qui ne demande qu'à se dévoiler. Aimé Césaire, le défenseur de la cause noire, s'est éteint en Martinique, le 17 avril à l'âge de 94 ans, après 50 années de combat durant lesquelles il a su allier poésie et engagement politique pour l'émancipation des siens. Il a laissé un héritage inaliénable : la négritude, un courant littéraire dont il était l'initiateur au cours des années 1930, auprès de deux autres écrivains francophones, également défenseurs de l'identité noire, Léopold Sédar Senghor et Léon Gontran Damas. L'année 2008 a également été celle qui a vu s'éteindre une autre étoile africaine, Myriam Makeba, la chanteuse adoptée par tant de peuples. De nationalité sud-africaine, elle est naturalisée guinéenne en 1960, puis algérienne en 1969 puis citoyenne d'honneur française en 1990. Décédée le 9 novembre dernier, elle laissera dans les mémoires collectives de tous les pays qu'elle a traversés le souvenir de son engagement contre l'apartheid et contre toutes les oppressions, mais aussi les notes musicales dans lesquelles elle mettait tous ses espoirs de paix et de tolérance. F. B.