Le comportement des supporters algériens, du moins une partie d'entre eux, devient de plus en plus «antisportif». Cette fin de saison a été des plus tumultueuses. Les fans des différents clubs, n'acceptant plus la défaite ou le verdict du terrain, expriment leur «déception» de la manière la plus forte. Mais, il faut dire qu'avant qu'on en arrive à ces manifestations de rue, les choses ont commencé à se détériorer à l'intérieur des stades depuis déjà un moment. Bien évidemment, il est inutile de dire qu'à un certain moment, durant notamment les années 60, 70 jusqu'aux années 80, les familles ne trouvaient aucune difficulté à se déplacer en groupe au stade. Aujourd'hui, la chose est inenvisageable entre le père et son fils, alors que dire des familles. En tout cas, on n'en est pas là. La relégation du MCO en division deux a presque provoqué l'irréparable. De violentes manifestations ont suivi la fin de la rencontre de la dernière journée du championnat de division une. Pourtant, si l'on regarde de près le parcours de ce prestigieux club oranais depuis le début de la saison, on arrive facilement à conclure que la relégation n'est que le résultat d'une saison catastrophique pour le MCO. Pourquoi alors ces supporters oranais ont-ils agi de la sorte ? Il est évident que tout ce qui se passe en championnat, accusations de corruption, matches arrangés et autres phénomènes, nourrit ce désarroi et donne l'impression que tout est ficelé d'avance. Quand des amoureux d'un club rétrogradant se rendent compte, à titre d'exemple, qu'un autre club, avec lequel le leur est en lutte pour le maintien, joue une rencontre face aux juniors, il y a de quoi rager. Tout est fait pour que le citoyen algérien, fan de football, arrive à admettre que les résultats des matches ne se négocient plus sur le terrain, mais en dehors. Et c'est pour cela, en partie, qu'il y a toutes ces réactions, parfois violentes. Mais, il faut dire que les choses ont commencé bien avant cette fin de saison. Pour s'en souvenir, il n'y a qu'à revenir à la saison dernière (2006-2007), lorsque l'A Boussaada (division deux) rétrograde en interrégions après avoir perdu un match sur tapis vert. De violentes manifestations ont eu lieu dans cette ville. Résultat : la FAF décide de maintenir ce club en division deux. Chose qui a, quelque part, donné des idées aux autres supporters. Si l'ABS a eu finalement gain de cause, pourquoi pas nous, se disent quelques supporters du MCO ou d'un autre club relégué. Et tout le problème est là. Si les autorités footballistiques avaient fait montre d'une fermeté inébranlable dans le traitement de certaines affaires, les choses n'auraient pas pris une telle tournure. Et on n'en serait jamais, peut-être, en train de parler d'un championnat à blanc. Une option inconcevable pour son inutilité en des temps normaux. Mais le mal est fait. En plus de la mauvaise gestion de la chose footballistique par les autorités compétentes, il y a le comportement du supporter algérien qui n'admet plus la défaite. Les «jets de projectiles» font partie désormais du décor du stade algérien. Dès qu'il y a but ou qu'un arbitre siffle une faute qui déplaît aux supporters, une pluie de bouteilles, pierres et autres, s'abat sur le terrain. Un comportement qui survient même dans des situations où, normalement, il ne pourrait jamais y avoir ça. A ce titre, il est à rappeler que le match en finale de la Ligue arabe des champions, opposant au stade de Blida récemment l'ESS au WAC marocain -remporté par les Sétifiens- a été arrêté par l'arbitre pendant quelques minutes au tout début de la rencontre, et ce, pour jet de projectiles. Pourtant, les Sétifiens n'étaient nullement «menacés», puisqu'ils avaient une longueur d'avance (un but à zéro à l'aller). Le jet de projectiles est tellement fréquent que certains arbitres ne le signalent pas, du fait qu'il n'y a pas sanction. Lors de la rencontre comptant pour l'avant dernière journée du Championnat national de football de division deux, qui s'est jouée à Kouba, entre le RCK et l'USMH, les deux galeries ont jeté des projectiles tout au long du match. Il n'y a eu ni suspension de terrain ni quoi que ce soit. Dans le meilleur des cas, les autorités footballistiques déclarent le dossier ouvert... et puis rien. Tout cela fait qu'il y a, à chaque fois, actes regrettables, lourdement sanctionnés dans d'autres pays. Donc, en dernier lieu, il faut dire que, si cette saison les choses se sont davantage détériorées, c'est dû en partie à la non-fermeté des autorités footballistiques qui, quelque part, laissent faire. Selon des spécialistes, même les sanctions financières infligées aux clubs, après deux avertissements, faut-il le signaler, ne sont pas dissuasives. Que représentent 20 000, 30 000 ou 50 000 dinars pour un club dont les supporters sont coupables de jet de projectiles sur le terrain ? Les sanctions financières devraient être beaucoup plus lourdes pour que les responsables des différentes équipes soient plus vigilants. Comment arrivent-ils (les supporters) à faire entrer des «tonnes» de pierres aux stades ? Pourquoi n'interdit-on pas l'accès au stade aux supporters les plus «turbulents», comme cela se fait dans d'autres pays ? Autant de questions auxquelles la Fédération, la ligue et les différents clubs devraient obligatoirement trouver de réponse. Il est vrai, comme le disait le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, mercredi dernier lors de la rencontre MJS–DJS, organisée au siège de son département, que la violence dans les stades n'est pas propre à l'Algérie. Mais, les uns et les autres peuvent faire mieux pour minimiser les choses. D'autre part, c'est une évidence même, comme l'a également signalé le ministre, que la situation difficile dans laquelle baigne une frange de la jeunesse y est pour quelque chose. Mais là, c'est une autre histoire… A. A.