«Lang n'a pas su maintenir la forme physique lors de la période compétitive» Cela fait maintenant une année et demie que Karim Doudane occupe le poste de président de section à la JSK. Au cours de cet entretien qu'il a bien voulu nous accorder, l'ancien milieu de terrain est revenu sur cette nouvelle expérience au sein de son club de toujours, grâce à laquelle, dit-il, il a appris beaucoup de choses Il nous a aussi révélé pour la première fois son grand projet à la JSK avec laquelle il ambitionne de remporter la prestigieuse Ligue des champions africaine dans les deux ou trois ans à venir. Bien sûr, il nous a aussi parlé de la sélection nationale et de ses chances lors de la CAN et en Coupe du monde… * Vous êtes revenus à Casablanca pour la 3e fois consécutive. D'abord, pourquoi ce choix ? Pour la simple raison que nous avons trouvé toutes les conditions de travail réunies. Le directeur du complexe de Kahrama a mis à notre disposition toutes les commodités nécessaires de façon à ce que les joueurs ne manquent de rien. Le fait d'avoir toutes les infrastructures à notre portée est un paramètre très important lors d'un stage. C'est ce qui explique notre choix de revenir ici pour la troisième fois. * Pourtant, cela n'avait pas empêché certains d'émettre de vives critiques remettant en question la préparation de l'été dernier ? Je ne partage pas vraiment cet avis. La préparation d'intersaison s'était parfaitement bien déroulée. Les joueurs étaient au top de leur forme dès notre retour à Tizi. Par contre, il n'y a pas eu un suivit de la part de l'ex-entraîneur Lang. Il n'a pas su maintenir la forme physique des joueurs, notamment lors de la minitrêve observée juste après par le championnat. * Après trois jours de stage, que pouvez-vous nous dire sur la préparation en elle-même ? J'estime que le programme tracé est en train de se réaliser tel que souhaité. J'en suis très satisfait jusque-là. Le travail que fait Guillou le matin sera bénéfique pour les joueurs qui doivent recharger leurs batteries en prévision de la phase retour du championnat. * Contrairement au stage d'intersaison, celui-ci ne durera que 8 jours, ne pensez-vous pas que c'est peu ? Je trouve que c'est amplement suffisant pour nous. D'autant plus que ça ne fait pas longtemps que nous avons disputé notre dernière rencontre de Coupe d'Algérie. A notre retour au pays, nous allons débuter la compétition à partir du 16. C'est dire que nous sommes pris par le temps. Nous n'allons pas faire une grande préparation. Ce n'est, si j'ose dire, qu'une petite piqûre avant la reprise du championnat. * Quel bilan faites-vous de la phase aller réalisée par la JSK ? Lors de cette première manche du championnat, nous avons connu des hauts et des bas. Il est vrai que nous avons mal débuté. Mais je pense que nous nous sommes ressaisis lors de la seconde moitié. Ce qui est quelque peu satisfaisant. * Après le départ de Lang et l'arrivée de Karouf, on a dit que les joueurs s'étaient libérés psychologiquement ; comment expliquez-vous cela ? Avant toute chose, il est important de rappeler que Karouf est un enfant du club, qui a beaucoup donné à la JSK. Peut-être que les gens ne le connaissent pas, mais il a fait aussi de très belles choses en junior. Il est très compétent. Effectivement, je trouve que les joueurs se sont libérés psychologiquement. Ils ont retrouvé la joie de jouer. Ce qui explique les bons résultats enregistrés vers la fin de la phase aller. * Cela fait maintenant deux mois que le président Hannachi est à la recherche d'un entraîneur en chef. Comment expliquez-vous toute cette durée ? Pour la simple raison que rien ne presse. On a voulu prendre tout notre temps afin d'opter pour le meilleur choix possible. Maintenant que la reprise du championnat est pour bientôt, nous avons besoin d'un staff très étoffé. * Une fois le nouvel entraîneur installé, Karouf et Amrouche seront-ils maintenus au niveau du staff ? Je l'espère. De notre côté, nous allons leur proposer de travailler avec nos deux entraîneurs. Ils seront par la suite libres de prendre la décision qui les arrange. Ce qui est certain, c'est que nous n'allons imposer personne. Le futur entraîneur sera libre de travailler avec la personne de son choix. * Les objectifs de cette saison seront-ils maintenus ? Bien évidemment. La JSK est appelée à jouer les premiers rôles. On vise le podium, comme cela se fait chaque année. Pour ce qui est de la Coupe d'Algérie, nous allons tous faire pour arriver en finale, car cette compétition nous tient aussi à cœur. * Et la Ligue des champions ? Il est clair que notre principal objectif est d'atteindre la phase des poules. Mais il faut tout de même être réaliste. La Ligue des champions, c'est le haut niveau. Je ne dis pas que nous n'avons pas les moyens d'atteindre cet objectif, tout ce que je dis, c'est que la JSK doit prendre le temps de bâtir une équipe capable de rivaliser avec les grands à l'échelle continentale. * Vous misez donc sur le long terme pour cette équipe ? Exact. Nous avons remanié l'effectif à plus de 80%. Nous avons de jeunes joueurs qui joueront pour la première fois une rencontre en Afrique, avec toutes les difficultés que cela suppose. Je trouve donc qu'il faut être réaliste. Dans deux ou trois ans, la JSK pourrait, à mon avis, être capable de gagner la Ligue des champions. En tout cas, c'est mon souhait le plus cher. * Le fait de faire signer des contrats de 3 ans à la plupart de vos nouvelles recrues a-t-il un lien avec cet objectif ? Vous l'avez parfaitement bien compris. L'ensemble des joueurs avec lesquels j'ai eu l'honneur de prendre attache suivant les directives du président Hannachi, pour qu'il vienne à la JSK ont signé entre 2 et 3 ans à la JSK. Je leur ai tenu un langage rassurant et ils ont tous signé avec conviction. L'idéal serait maintenant de préparer cette équipe afin qu'elle soit prête dans les 2 prochaines années et nous valoir des satisfactions. Bien sûr, entre-temps, le recrutement continuera à s'opérer en fonction des besoins qui pourraient se faire ressentir en cours de route. * Cette règle s'est-elle appliquée lors de ce mercato hivernal ? Oui, comme vous l'avez constaté, nous avons recruté un joueur dans chaque compartiment de jeu, alors que parallèlement, nous avons procédé à la libération de quatre éléments qui n'ont pas eu la possibilité de jouer. Ce sont tous des enfants de bonnes familles mais qui ont juste raté leur passage à la JSK. Je leur souhaite de réussir, car ils le méritent. * Depuis juillet 2008, vous occupez le poste de président de section. Parlez-nous de cette nouvelle expérience dans votre carrière ? Lorsque j'ai pris ce poste, ce fut vraiment bizarre au début, car je n'avais jamais exercé de telles fonctions. C'est une énorme responsabilité d'occuper un poste pareil. C'était difficile au début, mais Hannachi était là pour m'aider. Je ne le remercierai jamais assez. Avec le temps, je dirai que j'ai fini par m'y habituer. Et depuis, c'est du pur plaisir. * On a l'impression que votre tâche est bien plus compliquée, puisque vous vous occupez du recrutement et de pas mal d'autres volets… Le président Hannachi a une grande confiance en moi. C'est ce qui me permet de m'occuper de beaucoup de choses à la JSK. Toutes les missions que j'ai accomplies ont été positives. * Quelle est la mission dont il vous tiendrait à cœur de réussir en tant que président de section ? A court terme, je souhaite que ce stage soit une parfaite réussite et que les joueurs seront au top dès notre retour au pays. Pour ce qui est de mon objectif à long terme, c'est de pouvoir construire, avec l'aide du président bien sûr, une grande équipe dans les trois prochaines années et gagner la Ligue des champions en tant que président de section. * En tant qu'ancien joueur, comment avez-vous vécu la qualification de l'EN pour le Mondial 2010 ? Je l'ai vécue comme l'ensemble des Algériens. Le 18 novembre dernier, c'était comme le jour de l'indépendance avec toutes ces scènes de liesse qui ont eu lieu sur l'ensemble du territoire algérien et même au-delà. Franchement, nous avions besoin de retrouver le sourire après toute ces années de disette. Cette qualification redonnera une autre dimension à notre football. Il ne faut pas aussi oublier les hommes qui sont derrière notre qualification, à commencer par le président Raouraoua. * Donnez-nous votre avis sur les prochains adversaires des Verts lors de la CAN ? Je dirai que ce n'est pas un groupe si facile que ça. J'ai eu l'occasion de voir la rencontre Malawi- Egypte, et je peux dire que cette formation du Malawi n'est pas une petite équipe. Pour réussir le Mondial, on doit faire une grande Coupe d'Afrique. Nous avons un rendez-vous très important en ce mois de janvier qu'il ne faut surtout pas négliger. Toutefois, j'aurais préféré que Saâdane programme un ou deux matchs amicaux avant d'entamer la CAN. Mais bon, il a ses raisons et on ne peut que respecter ses choix. * Comment voyez-vous la mise à l'écart de Rabie Meftah ? Cette décision nous a fait très mal. Meftah est un joueur talentueux qui mérite sa place en Equipe nationale, n'en déplaise à certains ! C'est la réalité. Sur le plan footballistique, sa place est indiscutable, quant à savoir pourquoi il a été mis à l'écart, là, c'est un grand point d'interrogation. * Les chances de l'Algérie en Coupe du monde ? Nous gardons toutes nos chances de passer au second tour, bien que je reste convaincu que ce sera extrêmement difficile. Nous allons affronter de gros morceaux et la tâche sera compliquée. * Un mot sur votre riche carrière footballistique… Je dirai que j'ai toujours su gérer ma carrière. Lorsque j'y repense parfois, je me dis que j'aurais pu donner davantage. Mais ce qui est certain, c'est que je ne regrette absolument rien. * Le conseil que vous donneriez aux jeunes joueurs ? Ne jamais tricher au travail qui seul leur permettra d'atteindre le haut niveau. * Un dernier mot pour clore cet entretien ? Je tiens juste à vous remercier de m'avoir fait l'honneur de me solliciter et ce sera toujours avec plaisir que j'ouvrirai mon cœur à vos lecteurs en général et aux supporters de la JSK en particulier. Longue vie au Buteur et à El Heddaf. Entretien réalisé par Abdelatif Azibi
