«Belhadj et Ziani sont des atouts majeurs de votre équipe, ils pourront contribuer aux succès des Verts.» Jean-Pierre Papin a marqué de son empreinte le football français à la fin des années 80 et début 90. Il avait constitué avec Rudi Völler, Abedi Pelé, et Didier Deschamps la force de frappe de l'OM qui possédait un effectif de rêve, lequel avait réussi à battre le géant Milan AC dans la finale de La ligue des champions européenne. JPP s'est lancé par la suite dans la carrière d'entraîneur qu'il a entamée avec Lens, avant de se retirer de la scène footballistique pendant un moment. Il a accepté dernièrement de prendre en main l'équipe de Châteauroux qui évolue en Ligue 2 française. * Bonjour monsieur Papin, je suis journaliste algérien du quotidien Le Buteur. Quelles sont les nouvelles ? Tout va bien, merci. Après mon expérience avec Lens, j'ai pris un peu de recul, mais je viens de recevoir une offre du club Châteauroux que j'ai acceptée avec plaisir, car c'est un club qui jouit une grande popularité. * On vous souhaite bonne chance alors dans votre nouveau club… Merci beaucoup, je suis prêt de mon côté à répondre à toutes vos questions sans problème. * Tout d'abord, comment voyez-vous, en tant que technicien, l'événement sportif le plus en vue actuellement, à savoir la CAN, qui débutera aujourd'hui (entretien réalisé hier, ndlr) ? Sans hésitation, je dirai que ce qui s'est passé est une mascarade. Le pays hôte devait prendre ses responsabilités au niveau de la sécurité de toutes les délégations participantes. La sécurité des athlètes est plus importante que le titre le plus cher au monde. Je parle de ce qu'a vécu l'équipe togolaise qui marquera à jamais la CAN. Ce qui s'est passé est très dangereux, il ne faut pas se taire. Si j'étais à la place de ces équipes participantes, je boycotterais le tournoi d'Angola, qui est sorti de son cadre sportif. Il ne faut pas mêler la politique au sport. * Vous semblez très en colère par l'attaque de la délégation du Togo, n'est-ce pas ? Absolument, cela n'honore pas un sport respectable tel que le football. Ce qu'ont vécu les camarades d'Adebayor me rappelle ce qui s'est passé lorsque j'étais joueur avec l'OM au début des années 90 dans la région basque. On s'était déplacés pour disputer un match de Coupe de France contre Bastia. Nous avions été terrorisés et avions senti que nos vies étaient en danger. Nous avions pris une décision collective de boycotter le match et assumer les conséquences de notre décision. Notre sécurité passait avant tout, comme je vous l'ai déjà dit. Je comprends parfaitement la décision des responsables de ce pays de se retirer de la compétition. * Croyez-vous que les autres équipes seront influées par cet incident ? Pour le Togo, je suis persuadé que ses joueurs n'auront pas la même envie de jouer que celle qui les animait avant de subir une telle attaque, car il existe des joueurs qui n'ont même pas reçu un caillou dans leur carrière et qui se sont retrouvés sous les tirs nourris de balles réelles. Pour les autres équipes, je crois qu'elles subiront les répercussions négatives de cette attaque. Un grand travail attend les staffs techniques qui devront trouver les mots justes pour sensibiliser leurs joueurs et les exhorter à se concentrer uniquement sur le terrain, sans penser à autre chose. * Si vous aviez été entraîneur de l'une de ces équipes, qu'auriez-vous dit à vos joueurs ? Si c'était le cas, je ne reviendrais pas sur la décision du boycott quelle que soit la raison. Je suis contre le fait de mêler des affaires politiques au plus grand événement sportif du continent qui a nécessité des sommes colossales dans les préparatifs. Mais je demanderais aux joueurs de faire abstraction de ce genre d'incidents, même s'il est difficile de les oublier complètement. * Parlons de l'équipe d'Algérie. Comment voyez-vous sa participation dans ce tournoi, sachant qu'elle entamera la compétition demain (aujourd'hui) contre le Malawi ? Vos joueurs doivent être solides sur le plan mental et prendre conscience que leur équipe sera dans la ligne de mire de toutes les autres sélections qui ont à cœur de les battre. Bien que je ne connaisse pas l'équipe du Malawi, je dirai que vos joueurs doivent jeter toutes leurs forces dans la bataille dans ce match. Vous avez un groupe homogène et complémentaire qui doit croire en ses chances jusqu'à la dernière minute, car le titre de champion d'Afrique n'est pas bien loin. * D'après ce que vous dites, il semble que vous connaissez beaucoup de joueurs algériens... Evidemment, la plupart des joueurs qui composent l'équipe algérienne ont déjà évolué en France, certains sont toujours dans le championnat français, Ligue 1 et 2. Belhadj et Ziani sont des atouts majeurs de votre équipe et pourront faire beaucoup de choses dans le tournoi de l'Angola et contribuer aux succès des Verts. * Et qu'en est-il du Mali ? Cette équipe suscite le respect de toutes les autres, à commencer par celles qui composent son groupe, dont l'Algérie. Je crois que le Mali ne lâchera pas facilement le ticket de qualification pour le deuxième tour, après avoir raté la qualification au Mondial. La concurrence sera rude entre cette équipe, l'Angola et l'Algérie. Les matches de ce groupe se joueront sur un détail : balles arrêtées ou actions anodines. On s'attend à une bataille tactique entre les entraîneurs des quatre équipes de ce premier groupe. * Que pensez-vous de la participation de l'Algérie dans la prochaine Coupe du monde ? Soyons réalistes, la mission sera difficile devant des équipes comme l'Angleterre, les Etats-Unis et même la Slovénie. Je pense qu'il est indispensable que les joueurs algériens ne songent pas pour le moment à la Coupe du monde, il faut l'oublier complètement. Il est vrai que la saveur de la qualification est grande, d'autant plus qu'elle a été réalisée aux dépens du double champion d'Afrique, l'Egypte, mais cela ne doit pas perturber leur concentration. Plusieurs données peuvent changer d'ici le début de la compétition. Je leur conseille de ne pas précipiter les choses. * Quel est votre favori pour la Coupe d'Afrique ? Je dirai, à l'instar de tous les autres observateurs, la Côte d'Ivoire. Son niveau est toujours en progression et ses joueurs sont maintenant habitués à jouer ensemble. Aussi, jouer les premiers rôles dans la prochaine Coupe du monde en Afrique du Sud ne sera guère une surprise. Cette équipe est devenue un phénomène au sens propre du terme. * Un dernier mot… Je souhaite une bonne année pleine de réussite et de bonheur au peuple algérien et plus de succès pour votre EN qui a, par sa qualification au Mondial, fait revenir la belle époque du football algérien. Je souhaite bonne chance aussi à votre respectable journal. Entretien réalisé par Lyes F.