Après le départ de Noureddine Saâdi, qui a été poussé vers la porte de sortie, le président Mellal n'avait pas trop de solutions et il fallait engager en urgence un entraîneur compétant capable de sauver la JSK. Et après réflexion, il a décidé de faire confiance à Youcef Bouzidi qui, sans trop réfléchir, accepte de relever un très gros défi, celui de maintenir la JSK parmi l'élite alors qu'elle était en pleine crise. Mais cela ne l'a à aucun moment refroidi, au contraire, dès son arrivée, il a dans un premier temps regroupé les joueurs pour leur tenir un discours de guerrier avant d'attaquer les choses sérieuses. En 11 matchs dirigés toutes compétitions confondues, Bouzidi n'en a perdu qu'un seul. Un parcours plus que positif malgré la défaite en finale de la Coupe d'Algérie, qui reste en travers de la gorge. Hier, à la fin de la rencontre face à l'USMA et malgré la victoire, Bouzidi surprend tout le monde en annonçant sa démission. Il a clairement déclaré qu'il ne poursuivra pas la mission à la tête de l'équipe. Il a aussi expliqué qu'il n'a jamais eu de problème avec le président kabyle qui au contraire, lui a tout mis à sa disposition pour qu'il ne manque de rien. Les supporters, qui ont tous adopté la méthode de travail de l'ancien coach du NAHD, lui souhaitent bonne chance dans la suite de son parcours et le remercient énormément pour sa disponibilité et ses engagements tenus jusqu'au bout. Nombre de matchs dirigés : 10 Défaites : 2 (finale de la Coupe d'Algérie et contre le CSC) Nuls : 2 Victoires : 6 (dont 2 en Coupe d'Algérie contre l'USMB et le MCA) «C'est mon dernier match. si Mellal a besoin de moi face au MCO, je suis là» Le maintien étant assuré, Bouzidi sort de sa réserve et annonce à la grande surprise son départ de la barre technique. «C'est mon dernier match, je tiens à vous l'annoncer officiellement et si j'ai un jour fauté avec quelqu'un, qu'il me pardonne», lâche Bouzidi qui en a vraisemblablement gros sur le cœur. Et d'ajouter : «La victoire d'aujourd'hui face à l'USMA officialise notre maintien sans attendre les résultats des autres. Je persiste à dire que c'est mon dernier match à la JSK mais si Mellal a encore besoin de moi pour diriger la dernière rencontre de la saison face au MCO, je ne tournerai pas le dos.» «J'ai déposé ma démission la veille du match» En faisant part de sa démission, Bouzidi a affirmé que ce n'est point une décision prise à chaud, bien au contraire, elle a été déjà discutée la veille du match avec le président Mellal : «J'ai rencontré le président Cherif Mellal la veille du match de l'USMA à l'hôtel, on a parlé de tout notamment de mon départ après l'USMA une fois la JSK sauvée.» «Ceux qui ont voulu semer la zizanie entre moi et le public ont buté sur un mur» N'ayant pas voulu rentrer dans les détails au sujet de sa démission de la barre technique, Bouzidi fera remarquer qu'il n'a pas apprécié que des gens lui enlèvent le mérite d'avoir contribué au retour des résultats positifs : «Je ne pourrai jamais enlever le mérite des supporters qui ont joué leur rôle et ont fait entendre leur voix pour sortir la JSK du danger, mais que des gens osent minimiser le rôle de l'entraîneur et de son équipage, ça je ne le tolérerai jamais. Ceux qui s'attendaient à ce que je m'attaque aux supporters ont buté sur un mur.» «Le public, la direction, le staff, les joueurs, tout le monde a contribué au maintien» Le maintien a été le fruit d'une large mobilisation, explique toujours l'entraîneur démissionnaire Bouzidi : «À mon arrivée, la JSK était en danger. J'ai accepté une mission suicidaire et j'ai relevé le défi. Le maintien assuré aujourd'hui n'est pas tombé du ciel, c'est le fruit d'une très large mobilisation et à tous les niveaux. Le public en or, la direction, le staff et les joueurs et toute la Kabylie ont été derrière leur symbole pour lui tendre la main et préserver son record de l'unique club qui n'a jamais rétrogradé.» «Si la JSK avait connu le cauchemar, le fusible ça aurait été Bouzidi» Visiblement touché par les observations de certaines personnes qui font porter le chapeau aux supporters à chaque victoire sans citer l'effort du staff et de la direction, Bouzidi ajoute : «Si la JSK avait quitté la Ligue 1 et que par malheur, son record avait été terni, le fusible principal ça aurait été bien moi, l'entraîneur. C'est de la méchanceté de ne pas reconnaître nos efforts, ma contribution et celle de toute mon équipe et de la direction à sa tête Mellal qui a tout fait pour sauver le club.» «Jamais je n'ai trouvé le sommeil la veille d'un match depuis mon arrivée» Revenant sur les conditions dans lesquelles il a exercé, Bouzidi explique : «Je suis arrivé à la JSK dans un contexte particulier. Depuis mon premier match, la JSK ne jouait que des finales. Je vous assure que depuis mon installation jusqu'au match d'aujourd'hui, jamais je n'ai trouvé le sommeil la veille d'une rencontre. Ceci pour vous décrire dans quelle pression on se trouvait depuis plusieurs semaines.» «Il y a des raisons qui ont fait qu'on a perdu en finale» Implicitement, Bouzidi confirme que des paramètres extra-sportifs ont fait que la JSK n'a pas pris sa revanche sur l'USMBA en finale de Coupe d'Algérie mais qu'il n'a pas dévoilés publiquement se contentant juste de dire ceci : «On est arrivés en finale de la Coupe d'Algérie et pour moi c'est une performance non négligeable. Pour la défaite, je peux juste dire qu'il s'est passé des choses qui ont fait qu'on est passés à côté, c'est tout ce que je peux dire.» «On a fait rentrer de l'argent en arrivant en finale» Sur le plan financier, et malgré la crise aiguë, Bouzidi affirme : «Le fait d'arriver en finale a permis à la JSK de renflouer ses caisses. N'en déplaise à ceux qui veulent nuire à Bouzidi, j'ai atteint la finale et donné l'occasion au club de gagner de l'argent, ce qui permet à la direction de régulariser plusieurs situations.» «Je préfère partir, je n'ai pas de garanties d'être à la hauteur la saison prochaine» À la question de savoir pourquoi il n'envisagerait pas de rester pour le prochain exercice, Bouzidi est catégorique : «Non, je ne peux pas rester pour le prochain exercice et je l'ai très bien expliqué à Mellal. Je trouve que je suis dans l'incapacité de donner des garanties pour toute la région de Kabylie d'être à la hauteur la saison prochaine. Certaines choses me dissuadent et me découragent, je n'ai pas l'intention de renouveler mon contrat.» «Des personnes m'ont dit que j'étais malade de prendre l'équipe dans ces conditions» En remontant dans le temps, au premier jour de son arrivée à la JSK, Bouzidi ajoute : «Ce que les gens ignorent, c'est qu'en acceptant le défi de venir sauver la JSK de la relégation, des gens m'ont appelé pour me dire que j'étais malade d'accepter une mission aussi suicidaire. J'avais sur mes épaules une lourde pression, la JSK n'a jamais rétrogradé et je n'avais aucun droit d'échouer, je ne devais pas salir son histoire ni son riche et glorieux palmarès.» «La Kabylie passera le mois de Ramadhan tranquillement» Avec le maintien assuré, Bouzidi affirme : «J'étais au NAHD et le club frôlait la relégation en plein mois de Ramadhan. J'ai rassuré les Nahdistes qu'ils allaient finir le mois sacré et passer l'Aïd avec le sourire et le Nasria sauvé. C'est valable aujourd'hui pour la JSK et tous les Kabyles. La région de Kabylie passera le mois du jeûne tranquillement et leur club symbole préserve toujours son record, jamais il ne quittera la Ligue 1.» «Je ne reproche rien à Mellal, une hirondelle ne fait pas le printemps» Pour en savoir davantage sur les raisons exactes qui l'ont poussé à jeter l'éponge à une journée de la fin de l'exercice, Bouzidi explique : «Je n'ai aucun problème avec le président Mellal qui s'est toujours montré correct avec moi. je ne lui reproche rien. Même quand j'ai songé à démissionner si les joueurs n'avaient pas reçu leur dû, il s'est plié en quatre pour régler le problème. Une hirondelle ne fait pas le printemps et seul il ne pourra pas changer les choses.» «Je lui ai tout dit s'il veut redorer le blason du club» Pour éclairer plus l'opinion sportive en général et les supporters en particulier, Bouzidi a affirmé qu'il avait tenu une réunion avec Mellal la veille du match pour aborder plusieurs questions : «J'ai parlé longuement avec le président Mellal et à bâtons rompus. On a abordé tous les sujets même ceux qui fâchent. Je lui ai tout dit, ce qu'il doit surtout faire et les changements à opérer à tous les niveaux s'il veut redorer le blason de la JSK.» «Les Kabyles et la presse ont été corrects avec moi» Bouzidi s'est refusé de livrer le moindre détail sur les personnes qui lui ont pourri la vie au point de démissionner avant même de jouer le dernier match du championnat. Il a toutefois indiqué que dans son environnement extérieur, il est très estimé : «Je n'ai pas de problème dans mon milieu externe. Les Kabyles me vouent un respect unique, je suis estimé de tout le monde et même avec la presse je n'ai pas de problème.» «J'ai demandé un couscous pour une séparation fraternelle» Avant d'annoncer publiquement sa démission, Bouzidi a demandé aux responsables d'envisager l'organisation d'une collation d'adieux : «Oui, j'ai demandé qu'on organise une cérémonie de fin de mission. J'ai demandé qu'on réunisse tout le monde autour d'un couscous pour nous séparer dans un climat de fraternité.» «Je ne déballerai pas les raisons de mon départ, je prends tout sur moi» Devant un parterre de journalistes restés pantois suite à la décision de démissionner de son poste, annoncée après la victoire face à l'USMA, Bouzidi a rappelé ceci : «Je ne déballerai pas les raisons de mon départ. Tout ce que je peux vous dire, c'est que j'en ai gros sur le cœur, je préfère prendre tout sur moi.» «Sur le terrain, il y avait une équipe décontractée, une autre sous une forte pression» En faisant une analyse technique du match face à l'USMA, Bouzidi ajoute : «Aujourd'hui tout le monde sait qu'on n'avait pas le droit de perdre. Ça aurait été synonyme de catastrophe pour toute la région de Kabylie. On a joué ce match sous une forte pression tandis qu'en face, il y avait une équipe décontractée.» «On voulait à tout prix gagner et ne pas attendre les autres résultats» Toujours concernant le match, Bouzidi enchaîne : «La victoire était impérative. On voulait le beurre et l'argent du beurre mais surtout gagner à tout prix et ne pas attendre les résultats des autres matchs. Notre objectif était de gagner et assurer le maintien avant le match du MCO. C'est ce que tout le groupe a réussi et je félicite tous ceux qui ont contribué à ce succès.» «Avec le maintien, les supporters retrouvent le sourire» Pour clore son intervention, Bouzidi rend un vibrant hommage aux merveilleux supporters qui l'ont adulé, l'espace de quelques semaines passées en Kabylie, et leur adresse un message émouvant pour qu'ils restent unis et solidaires derrière leur club pour le faire revenir à la place qu'il mérite : «La JSK est le symbole de toute une région. Elle n'a jamais connu la relégation et aujourd'hui les supporters peuvent dormir en paix de voir enfin leur club sauvé. Ils retrouveront le sourire et je souhaite au club de retrouver ses beaux jours, avec ou sans Bouzidi, la JSK va refaire surface. »