Il s'est exprimé sur les colonnes de France-Soir. Le sélectionneur national, Rabah Saâdane, s'est confié au quotidien d'information français France-Soir (interview publiée hier) où il a évoqué plusieurs points relatifs à la préparation de l'EN qui s'est effectuée dernièrement en Suisse et a parlé aussi de ses chances lors du Mondial sud-africain. Le coach des Verts, répondant à une question de son interlocuteur, a reconnu que l'Algérie avait du mal, certes, à produire ses propres joueurs à l'heure actuelle, qualifiant cette période de «transitoire», mais a affirmé que d'ici cinq à dix ans, la formation algérienne aura retrouvé toute sa verve et devrait dès lors produire ses propres éléments pour la sélection nationale. Ainsi et d'ici là, il n'y aura plus cette nécessité de recourir à la formation française, comme c'est le cas maintenant. Saâdane n'a pas omis de rappeler une nouvelle fois que le fait que l'équipe d'Algérie ait pu arracher sa place pour le Mondial est déjà un exploit en soi et que de ce fait, il ne fallait pas lui mettre trop de pression. «L'objectif est déjà atteint», explique-t-il. Et de poursuivre : «Le football algérien est en période transitoire dans le pays. A travers des résultats actuels de l'Equipe nationale, le gouvernement, fort du souhait présidentiel, est décidé à professionnaliser le football en Algérie. Ce qui constitue quelque chose de positif. Je pense qu'il est inutile de faire l'éloge de la formation française qui est reconnue de par le monde. Priorité est donnée à l'équipe de France, mais la porte reste ouverte à ceux qui n'ont aucune intention d'évoluer sous le maillot bleu. Je table sur une période de cinq à dix ans, si la machine repart bien en Algérie, on sera capables de produire à nouveau, car il y a beaucoup de talents dans notre pays.» «On a enfin reconnu que l'Algérien que je suis a des compétences» Le cheikh des entraîneurs algériens avoue qu'il était normal pour lui de faire le pompier lorsque la sélection était au plus mal. Il dit aussi qu'il en avait pris l'habitude de venir puis de repartir. Cette fois-ci, les choses ont changé et c'est ce qui fait que sa mission à la tête de la sélection a duré dans le temps. Pour lui, on a enfin reconnu son mérite et surtout ses compétences ! «J'ai été formé en Algérie, je n'ai joué qu'en Algérie, je suis un cadre pur de la formation algérienne et j'en suis très fier. J'ai eu la chance de vivre les plus belles épopées du football algérien. J'estime qu'il est normal que je fasse le pompier. J'avais pour habitude de venir puis de repartir, car les conditions de stabilité et de reconnaissance n'étaient pas réunies. Cette fois-ci, la mission du pompier a duré beaucoup plus longtemps, car ces critères sont remplis et les résultats sont là. C'est dire qu'on a reconnu que l'Algérien que je suis a des compétences. Tout le monde a été gagnant dans cette histoire.» «L'objectif est déjà atteint, alors pas la peine de mettre de pression sur l'équipe» «Lorsque nous avons repris l'équipe fin 2007, elle était au creux de la vague. L'Algérie était à la 103e place au classement FIFA. Nous sommes aujourd'hui parmi les trente premiers de ce classement, ce qui signifie que nous avons fait un parcours exceptionnel. Cette qualification est un exploit et cela a créé une dynamique extraordinaire. Il ne faut pas mettre de la pression sur l'équipe, l'objectif est déjà atteint. Nous voulons à présent acquérir de l'expérience. On essayera de pratiquer un bon football et nous pourrons voir ce qu'on vaut», a-t-il tenu à préciser. «La continuité est là, que je reste ou non» Pour ce qui est de son avenir à la tête de la sélection après le Mondial, Rabah Saâdane semble toujours indécis et préfère contourner à sa façon la question. Il affirme que rien n'a encore été entrepris en ce sens pour le moment et que le plus important n'était pas de savoir s'il va rester ou non, du moment que la continuité est assurée : «Je suis en contact direct avec le président de la fédération, on en discute. Nous avons établi une projection sur l'avenir en arrêtant le travail pour les prochaines échéances. On est déjà dans l'après-Coupe du monde. L'équipe A' est dirigée par des entraîneurs algériens de qualité, mes adjoints ont profité de mon expérience. La continuité est là, que je reste ou non.» «L'équipe de France est capable du meilleur comme du pire» Puisque c'est un quotidien français qui l'a interviewé, le journaliste en question a voulu connaître l'avis de Saâdane quant aux chances de l'équipe de France pour ce Mondial, le premier du genre qui se jouera en Afrique. Le sélectionneur rétorque : «L'équipe de France est capable du meilleur comme du pire. C'est une équipe qui a acquis une grande expérience. Je pense que les Bleus passeront le premier tour. Il faudra les juger sur la qualité du jeu qu'ils produiront. Sur des matchs à élimination directe, tout deviendra alors possible.» Concernant les critiques qui s'abattent sur l'entraîneur tricolore, Raymond Domenech, il dira : «Je pense qu'il en a pris l'habitude (rires), il est blindé. On n'a rien à lui apprendre du haut niveau, il doit savoir ce qu'il fait. Chacun a le droit de s'exprimer, mais les décisions lui appartiennent.» «Benzema et Nasri sont jeunes et doivent encore travailler» Au sujet de la non-convocation des deux joueurs d'origine algérienne, à savoir Karim Benzema et Samir Nasri, par le sélectionneur français pour prendre part au Mondial, Saâdane, en homme averti, affirme que le choix de Domenech doit être respecté malgré tout et pense que ces deux éléments sont encore jeunes et en redoublant d'efforts, ils finiront par retrouver la sélection : «Je respecte le choix de Raymond Domenech, car je me mets à sa place. Benzema et Nasri ont pris une décision, celle de jouer pour l'équipe de France, il ne doit pas y avoir de regrets, ni d'un côté ni de l'autre. Ils sont jeunes, à eux de travailler dur pour retrouver l'équipe de France lors du prochain Euro.» «La FIFA a fait preuve de clémence envers l'Egypte» Pour terminer, le sélectionneur des Verts est revenu sur la sanction prononcée par la plus haute instance footballistique mondiale à l'encontre de l'Egypte, après les graves incidents qui ont émaillé l'avant-match Egypte-Algérie qui s'est joué au Caire au mois de novembre dernier. Comme il nous l'avait déjà déclaré, Saâdane estime que cette sanction prise par la FIFA est très clémente, compte tenu de la gravité des incidents qui se sont déroulés. Pour lui, il n'y a pas de doute. Si cela avait été un autre pays, le match n'aurait sans doute pas eu lieu du tout. «La sanction prise par la FIFA démontre qu'un événement grave s'est produit. C'est un avis, j'estime que la FIFA a fait preuve de clémence envers l'Egypte. Je pense que si un tel événement s'était déroulé sur un autre continent, le match n'aurait pas eu lieu. L'Egypte aurait dû être donnée perdante sur tapis vert, les événements étaient trop graves», a fini par avouer le seul sélectionneur africain qui sera présent au prochain Mondial.