On a rapporté dans notre édition d'hier l'interview qu'avait accordée le sélectionneur national, Rabah Saâdane, au quotidien français Le Parisien, le 30 mai, publié mardi dernier dans ses colonnes. On a rapporté dans notre édition d'hier l'interview qu'avait accordée le sélectionneur national, Rabah Saâdane, au quotidien français Le Parisien, le 30 mai, publié mardi dernier dans ses colonnes. Le Buteur, qui était, rappelons-le, présent à ladite interview, vous propose des extraits de ce qu'a pu dire le coach national à nos confrères français et qui n'ont pas été publiés. Des révélations intéressantes de celui qui sera l'unique entraîneur africain à prendre part au Mondial 2010 qui débutera demain. «Mon histoire d'amour avec la sélection a débuté en 1977, lorsque j'ai pris en main la catégorie des minimes» D'emblée, le sélectionneur algérien dira que son histoire d'amour avec la sélection nationale remonte à beaucoup plus longtemps que les gens ne le croient. «J'ai commencé à travailler en sélection, il y a bien longtemps, avant même 1982. En 1977, j'avais pris en main, et j'étais le premier d'ailleurs, la sélection nationale des minimes. Par la suite, j'ai dirigé les catégories jeunes, jusqu'à arriver à coacher les seniors. A l'époque, j'avais côtoyé les anciens du FLN, parmi eux Rachid Mekhloufi et Abdelhamid Kermali.» «En 1986, il y avait eu une grande pagaille» Il ne le répétera jamais assez, Saâdane estime que si l'Algérie n'a pu réaliser une bonne Coupe du monde au Mexique en 1986, ce n'est certainement pas à cause de lui. «Je l'ai dit et redit, il y a une grande différence au niveau de la préparation entre 1986 et 2010. Au Mexique, la pagaille était telle qu'il nous était impossible de réaliser un bon tournoi. A quelques jours seulement de l'entame de la compétition, ils (NDLR : les décideurs du foot algérien à cette époque) ont tout chamboulé et enlever de manière brutale toutes les personnes qui m'entouraient et qui étaient avec moi dès le début. Les raisons ? Je les ignore toujours. En ce temps-là, ma famille avait beaucoup souffert et j'avais même pris la décision de ne plus revenir en sélection quoi qu'il advienne. Mais l'appel du cœur était plus grand et à chaque fois que le pays me faisait appel, je répondais presque sans hésiter. C'est dire qu'une forte relation me lie à la sélection de mon pays.» «L'étiquette de pompier de service ne me dérange pas» «On me colle souvent l'étiquette de pompier de service, car je réponds toujours présent, lorsque la sélection me fait appel, notamment lorsqu'elle est en difficulté. Cela ne me dérange pas pour autant et à tout compte fait, je l'accepte. C'est comme ça. Je suis un grand passionné du football et les défis, ça me connaît. Je ne peux pas refuser l'appel du pays, ça c'est clair, même si je préfère souvent garder mon amour pour l'Algérie dans mon cœur et ne pas le crier sur tous les toits. Vous savez, ça me fait mal au cœur quand je revois ce qu'à vécu le football algérien au cours des dernières années. Il y a du potentiel en Algérie et il faut essayer de faire en sorte pour l'exploiter et mener le pays le plus loin possible.» «J'ai pris ma décision concernant mon avenir, mais je la garde pour moi pour le moment» Au sujet de savoir s'il comptait poursuivre sa mission à la tête de l'EN après le Mondial, Saâdane est décidé à ne pas vouloir en parler pour le moment. «Concernant mon avenir à la tête de la sélection après le Mondial, eh bien je vous informe que dans ma tête, ma décision est déjà prise. Mais je préfère ne pas la dévoiler maintenant, surtout que l'EN s'apprête à jouer le Mondial. Je le ferai au moment opportun. Je dois d'ailleurs voir d'abord le président de la fédération.» «Le poste de DTN m'intéresse, mais je dois d'abord m'entretenir avec Raouraoua» Comme nous l'avons déjà annoncé dans l'une de nos précédentes éditions, Rabah Saâdane ne semble pas vraiment chaud à l'idée de continuer sa mission en tant que sélectionneur. Avec le poids de l'âge et l'accumulation de la fatigue durant toutes ces années de travail, le coach national nous dira préférer décrocher le poste de DTN et suivre de loin l'évolution de l'EN. «Il est clair que le poste de DTN m'intéresse. Il n'y a rien d'officiel, puisque je me concentre pleinement sur le Mondial. Je m'entretiendrai avec le président Raouraoua sur le sujet, lorsqu'on arrivera en Afrique du Sud, dans quelques jours et là on verra (NDLR : interview réalisée le 30 mai dernier).» «A la fédération, on parle de Troussier» Le sélectionneur confirme brièvement l'information rapportée par Le Buteur, il y a quelques semaines de cela, quant à l'intérêt affiché par la FAF à nommer Philippe Troussier à la tête de l'EN, après le Mondial. «Ben, d'après les échos que j'entends à la fédération, on évoque le nom de Troussier qui paraît bien placé pour me succéder et entraîner l'EN. C'est un bon entraîneur et il a le profil, c'est clair.» «Il nous faut absolument un système de formation moderne» «Je pense que la nécessité de recourir à la vraie formation en Algérie devient grandissante, si on ne veut pas revenir en arrière. On doit revenir à la formation de base et mettre en place un système ultra moderne pour garantir la continuité et la stabilité en sélection dans les années à venir. Je pense qu'on peut s'inspirer du système français en la matière, puisque ce dernier a prouvé sa valeur et sa grande réussite. Des partenariats et des coopérations avec les experts français, ce ne serait pas une mauvaise idée.» «On ne peut pas forcer les jeunes talents émigrés à choisir l'Algérie» «La problématique des joueurs binationaux demeure consistante. Je veux souligner qu'il n'a jamais été question pour nous de venir chiper des joueurs à l'équipe de France, loin de là. Ceux qui viennent et choisissent leur pays d'origine l'ont fait de leur propre chef. Pour ce qui est des jeunes talents qui hésitent encore à trancher entre l'Algérie et la France, soyez-en sûrs qu'on n'exerce aucune pression sur eux. On ne peut pas quand même les forcer à jouer pour nous ! Ils sont encore jeunes, on doit les laisser un peu tranquilles et leur donner de temps de prendre la meilleure décision.» «Je ne regrette pas d'avoir écarté les joueurs locaux» «Sincèrement, et d'après ce que j'ai constaté lors de notre premier stage en Suisse, je pense avoir pris la bonne décision en écartant certains joueurs locaux et ramené par la suite sept nouveaux éléments. Il y a une grande différence de niveau. Les nouveaux ont suivi une formation solide et cela fait nos affaires. Le talent y est et on a qu'à peaufiner notre préparation et mettre en place la meilleure composante possible. A présent, je dirai qu'on dispose de remplaçants de qualité. Ce qui n'était pas le cas lors de la dernière CAN.» «Avant même le début du stage en Suisse, je savais que Meghni avait une chance sur 1000 d'être opérationnel pour le Mondial» «C'est vraiment dommage pour nous de partir au Mondial sans Mourad Meghni. On aurait tant aimé l'avoir avec nous, car c'est un excellent joueur et sa présence aurait pu nous être bénéfique. Malheureusement, sa blessure était assez compliquée et on devait lui éviter de prendre des risques inutiles. Avant même le début du stage en Suisse, je savais que Mourad n'avait qu'une chance sur 1000 d'être opérationnel pour la Coupe du Monde.» «Voilà pourquoi j'ai pleuré pour lui» «Si j'ai versé des larmes lors de la conférence de presse lors de laquelle j'ai annoncé que Meghni ne jouera pas la Coupe du monde, c'est parce que j'étais vraiment triste pour le joueur. Je suis très lié à Mourad que je considère comme mon propre fils. Sachant qu'il allait nous quitter et être privé de la plus grande manifestation mondiale m'a vraiment ému. A présent, le joueur devra subir une intervention chirurgicale pour espérer revenir le plus tôt possible. (NDLR : interview réalisée avant l'intervention de Meghni).» «Si on bat la Slovénie, on pourra prétendre passer au 2e tour» «Il ne faut pas se leurrer, on a sous la main une équipe assez jeune qui manque donc d'expérience. On ne peut, dès lors, fixer un objectif clair pour le Mondial avant l'entame de la compétition. On va y aller match par match, comme ce fut le cas lors de la dernière CAN. L'équipe progresse et c'est ça le plus important à l'heure actuelle. On doit tout faire pour revenir en 2014 et participer une nouvelle fois au Mondial. Cependant, je peux dire que si on remporte le premier match face à la Slovénie, on pourra alors prétendre passer aux huitièmes de finale.» «On me colle souvent l'étiquette de défaitiste» «En Algérie, on me colle souvent l'étiquette de défaitiste. On dit que je ne suis pas quelqu'un d'ambitieux. Que voulez-vous que je vous dise, chacun est libre de dire ce qu'il pense. En tout cas, je sais que l'équipe est encore jeune et qu'elle a beaucoup à apprendre. Je ne peux pas lui mettre la pression quand même. Il faut savoir aller doucement.» «On ne peut pas comparer les générations de 82 et 86 avec celle de 2010» Présent lors des trois qualifications de l'équipe d'Algérie pour le Mondial, Rabah Saâdane estime qu'il est difficile, voire impossible de comparer les deux générations. «Il est difficile pour moi de comparer la génération des années 1980 qui a disputé deux fois le Mondial avec celle d'aujourd'hui. Les moyens ne sont pas les mêmes et il est clair qu'on ne peut pas faire de comparaison. A chacun son époque. Cependant, je dois dire que le talent existe au sein de l'actuelle équipe et qu'avec le travail, elle pourra aspirer à aller encore plus loin», a fini par dire le patron de la barre technique des Verts.