Gerrard : «Rooney a assez d'expérience pour gérer les provocations.» L'Angleterre s'inquiète du retour de «Rooney the Looney», (Rooney le dingue), dont l'intempérance, qui semblait sous contrôle, donne d'inquiétants signes de rechute avant le premier match du Mondial-2010 contre les Etats-Unis, ce samedi (groupe C). Un agacement évident contre le Japon, une inélégante insulte à l'arbitre sud-africain d'un match de préparation, font resurgir le spectre de Gelsenkirchen en 2006, quand Wayne Rooney s'était fait exclure lors d'un quart de finale perdu pour avoir répondu à une provocation portugaise. «Imaginez qu'il se fasse exclure pour avoir insulté un arbitre ! Ce serait le comble du ridicule», met en garde l'ancien gardien Gordon Banks. Les bookmakers londoniens ont déjà ouvert les paris sur un prochain carton rouge ou une suspension. «Je ne l'imagine pas finir le Mondial», tranche l'ancien entraîneur de Manchester United, Tommy Docherty. «Si j'entraînais les adversaires de l'Angleterre, je dirais à mes joueurs de le chambrer.» Pour aider le joueur à se contrôler, la presse britannique appelle à la rescousse un évêque anglican qui recommande sans surprise la prière, ou une aromathérapeute qui lui conseille d'asperger son maillot d'huile de pamplemousse... «Avec lui, tout peut arriver. Il peut péter un plomb à tout moment», s'inquiète l'ancien capitaine anglais Terry Butcher. «Si j'étais Américain, je lui marcherais sur les doigts de pied, je le pincerais, je le ceinturerais...» Mais plus que les provocations adverses, c'est la frustration sur ses performances ou celles de ses partenaires qui a toujours fait sortir Rooney de ses gonds. Ses pépins physiques et sa méforme de fin de saison jouent peut-être un rôle dans son agacement. A moins que ce ne soit la médiocrité des dernières sorties de l'Angleterre. A 24 ans, Rooney, qui a reçu dans son club l'aide d'une psychologue rémunérée par Manchester United, a fait d'indéniables progrès : depuis Gelsenkirchen, il n'a reçu qu'un carton rouge. «Il a beaucoup grandi depuis deux ou trois ans», assure John Terry, défenseur et ex-capitaine de la sélection. «Mais si on étouffe sa passion, si on le réfrène, il ne sera pas le même joueur», met en garde son partenaire à United, Rio Ferdinand. «Ce que j'aime chez Rooney, c'est son côté combattant de rue», renchérit l'entraîneur de Wolverhampton, Mick McCarthy. Les spectateurs du Mondial sud-africain devraient encore le voir sprinter comme un dément sur 30 mètres pour aller rudement tacler un adversaire, pendant que les supporteurs anglais se cacheront les yeux en priant «non ! S'il te plaît, pas ça'» «Je dois lui expliquer sans cesse qu'il ne doit pas faire ces tacles... Même à l'entraînement», soupire le sélectionneur Fabio Capello qui a par le passé décrit Rooney comme «un fou», ne plaisantant qu'à moitié. Une folie que le talisman anglais devra dompter. Gerrard : «Rooney a assez d'expérience pour gérer les provocations» Le néo-capitaine de l'Angleterre, Steven Gerrard, est convaincu que son équipe a une bonne chance de remporter le Mondial-2010, qu'elle entame samedi contre les Etats-Unis à Rustenburg. La blessure de Rio Ferdinand vous a bombardé capitaine. Mais il reste deux incertitudes : votre nature réservée n'est-elle pas un obstacle pour ce rôle et allez-vous trouver une complémentarité avec Frank Lampard ? J'ai un sentiment mitigé. Je suis malade pour Rio mais j'ai désormais la responsabilité de conduire l'équipe. Je ne vais pas changer. Si j'ai obtenu ce poste, c'est parce que le sélectionneur pense que je suis un bon capitaine. Je crois bénéficier du respect des joueurs. J'ai des gens expérimentés autour de moi pour m'aider : David Beckham, Stuart Pearce, Rio Ferdinand qui est resté, John Terry… En ce qui concerne Frank, j'aime jouer avec lui. C'est un superbe joueur. On a travaillé dur à l'entraînement pour être sûr que ce partenariat fonctionne. Exclu en 2006, Wayne Rooney semble actuellement irascible. A-t-il été mis en garde contre le danger de répondre aux provocations adverses ? Je ne sais pas s'il sera ciblé. Wayne a assez d'expérience pour gérer ça. Il sait qu'on a besoin de lui sur le terrain. On ne peut pas lui enlever cet enthousiasme. Il est toujours à fond, c'est ce qui fait de lui un des meilleurs au monde. Mais tous les joueurs ont été prévenus de l'importance de ce match. On a payé pour savoir ce qu'il en coûte de perdre des éléments importants. Le sélectionneur a insisté sur l'importance de finir les matchs avec onze joueurs. Les exclusions ou les suspensions ne feront que nous affaiblir. Votre premier match sera peut-être le plus difficile... Tous seront difficiles pour des raisons différentes. Mais c'est vrai que les Etats-Unis c'est le premier, et il est important de rentrer avec autorité dans ce tournoi. A la maison, tout le monde est derrière nous. La préparation s'est bien passée, malgré des matchs moyens. Il y a beaucoup de grosses équipes, mais quand je regarde la nôtre j'ai confiance, on a une bonne chance.