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Saâdane réagit à l'interview accordée par le milieu de terrain de l'ESS au Buteur : «Si Lemmouchia ne s'excuse pas, il passera en conseil de discipline»
«Dorénavant, à chaque diffamation, la justice sera saisie» «J'ai l'impression… Non, ce n'est pas qu'une impression. Je sais qu'il y a des gens qui ne veulent plus me voir à mon poste et qui vont jusqu'à verser dans la diffamation. J'en ai parlé au président et nous avons décidé que, dorénavant, s'il y aura des articles qui toucheront à ma personne ou à ma famille, on utilisera les canaux de la justice.» C'est en ces termes que Rabah Saâdane a introduit son discours sur le cas Lemmouchia, un point qu'il a abordé dans la rubrique des divers, mais qui, en fait, a été celui qui a eu la part du lion dans l'intervention du sélectionneur national. On se rappelle que Lemmouchia, dans l'édition du Buteur du mardi 17 août 2010, avait fait des déclarations incendiaires envers Saâdane, l'accusant, entre autres, de se faire composer l'équipe par d'autres et le mettant au défi d'une confrontation devant les médias. «Si je l'avais voulu, il aurait pu être suspendu de 6 mois à 2 ans» «C'est étrange que le cas Lemmouchia réapparaisse après la Coupe du monde, soit huit mois après l'affaire. J'ai toujours sur moi le rapport que j'avais élaboré à son sujet afin qu'il soit sanctionné, mais je n'ai jamais voulu le remettre à la FAF pour préserver ce joueur car il a l'âge de mon fils et je le considérais comme mon fils. Si je l'avais voulu, il aurait pu écoper d'une suspension de 6 mois à 2 ans, mais j'ai pensé que ce serait mauvais pour lui d'être sanctionné et que ce qui s'était passé était suffisant pour le faire réfléchir et le pousser à mûrir. Or, cela n'a pas été le cas.» «Je l'ai sauvé de Bichari et de Belhout… C'est un récidiviste» «Ce n'était pas la première fois que je sauvais Lemmouchia d'une sanction. Lors de la saison 2008/09, un arbitre, M. Bichari, avait remis un rapport accablant à son encontre à la Commission de discipline de la Ligue après un match de championnat. Il encourait une suspension d'une année, ce qui l'aurait privé de la sélection, mais j'ai fait intervenir mes appuis pour qu'il soit pardonné. Je dirais même que, lorsque j'étais arrivé à l'ES Sétif, mon prédécesseur, M. Belhout, ne le faisait plus jouer à cause de ses écarts disciplinaires, mais je lui ai redonné une chance à l'occasion d'un match contre l'USM Alger. Donc, Lemmouchia est un récidiviste sur tous les plans.» «A Tripoli, l'arbitre avait dit : ‘‘Vous arrêtez ce joueur ou je le fais sortir !''» «A Tripoli, à l'occasion d'un match de la sélection A', nous nous sommes croisés et il m'a présenté des excuses une nouvelle fois, car nous ne nous étions plus revus depuis l'incident de l'Angola. Je lui ai dit que, en tant que personne, je lui pardonne, mais en tant que joueur, je ne lui promettais rien. J'ai été clair sur ce point. Puisqu'on parle du match des A' contre la Libye, je vais vous révéler une chose : à la mi-temps, l'arbitre tunisien du match avait dit à Abdelhak Benchikha à propos de Lemmouchia, qui ne cessait pas de l'insulter : «Vous arrêtez ce joueur ou je le fais sortir !» Jamais nous n'avions révélé ce détail afin de le préserver. Vous voyez bien que, si nous l'avions voulu, nous avions largement de quoi le sanctionner à plusieurs reprises.» «En Angola, il m'a dit que c'est la présidence qui désignait l'équipe !» «Ce qui s'est passé en Angola est que j'avais trois milieux de terrain récupérateurs : Yebda, Mansouri et lui. Je lui ai expliqué que j'allais les faire tourner les trois de façon à ce qu'ils jouent à tour de rôle. Nous avons perdu le premier match contre le Malawi, où il n'avait pas joué. Après ce match, nous avions besoin de sérénité. Ce n'était pas le moment de provoquer des remous. Or, Lemmouchia voulait remettre en cause mes choix. Il était d'abord allé voir mon adjoint (Zoheir Djelloul, ndlr) qui lui a déconseillé de me parler. Malgré cela, il est venu discuter avec moi, en présence de mon adjoint. Moi, je discute avec les joueurs, mais là, il avait dépassé les limites puisqu'il a touché des joueurs. Il a même dit que c'est la présidence qui désignait l'équipe ! Je ne sais pas s'il entendait par là la présidence de la République ou la présidence de la FAF. Je lui ai alors dit : ‘‘Sors ! Dégage !''» «En l'excluant, je me privais d'une doublure à son poste» «Comme je voulais que la décision en ce qui le concerne soit collégiale, je l'ai convoqué un peu plus tard en présence du président (Mohamed Raouraoua, ndlr), de ses deux assistants, MM. Zefzef et Sadi, et de mon adjoint. Je lui ai dit de répéter exactement ce qu'il m'avait dit. Il a eu le courage de le faire. Là, c'est le président lui-même qui lui a ordonné de sortir. Sur la décision de l'exclure du groupe, j'ai pris mes responsabilités. En l'excluant, je me privais d'une doublure au poste de milieu récupérateur, mais je l'ai fait car il y allait de la sérénité du groupe. Je ne pouvais pas laisser passer cela. Le président était de mon avis.» «Rentré à Lyon, il a fait intervenir des personnalités de très haut niveau» «Lorsqu'il était à l'aéroport pour quitter l'Angola, il pleurait. Zefzef, qui était avec lui, m'a appelé alors que j'étais à un entraînement et il me l'a passé. Il m'a présenté ses excuses et demandé à réintégrer le groupe. Je lui ai dit que c'était trop tard. Une fois arrivé à Lyon, il a fait intervenir des personnalités de très haut niveau afin d'être réintégré, mais je n'ai pas fléchi. Je suis resté sur ma position car je ne transige pas avec la discipline. Mais voilà qu'en lisant ce qu'il a déclaré, c'est moi qui devient le bourreau et lui la victime ! On aura vraiment tout vu !» «Un joueur qui convoque l'entraîneur, c'est la meilleure !» «Lemmouchia veut me défier devant la presse. Un joueur qui convoque l'entraîneur national, c'est la meilleure ! Vraiment, il ne reste plus rien ! Dans ce cas, je me dois de réagir. S'il ne m'envoie pas une lettre d'excuses pour ce qu'il a dit à mon égard, il passera devant le conseil de discipline et écopera d'une sanction. Il est hors de question que je me taise sur cela. J'avais tout fait pour lui épargner des sanctions et voilà comment il me remercie ! C'est la récompense de celui qui fait du bien. Si je n'ai pas parlé de cette affaire en son temps, c'est sur demande de Lemmouchia qui, sous prétexte qu'il négociait un transfert, m'avait supplié de justifier son départ de la CAN par un problème familial. Aujourd'hui qu'il me cherche noise, je dis tout.» ------------------------------------- «Avant le match contre l'Angleterre, la situation était explosive !» Avant le match face à l'Angleterre, durant la Coupe du monde en Afrique du Sud, il y a bien eu des problèmes au sein du groupe des Verts. Nous avions donné l'information en son temps dans Le Buteur, mais des voix avaient crié à la déstabilisation. Rabah Saâdane a tout confirmé hier. Mieux : il a même parlé de «situation explosive» pour évoquer cet épisode. «Nous n'en parlons pas beaucoup, mais sachez que nous avons eu à gérer, dans la discrétion, des situations délicates. Avant la rencontre face à l'Angleterre, la situation était même explosive et il avait fallu une réunion, présidée par le président de la FAF, pour désamorcer la crise», a-t-il affirmé. «Nous désamorçons de nombreuses crises sans faire de bruit» La crise dont parle le sélectionneur est la révolte de certains joueurs, notamment le gardien de but Faouzi Chaouchi, qui exigeaient de participer à ce match coûte que coûte. Cela avait plombé l'atmosphère avant cette importante confrontation, mais le bon résultat qui l'avait sanctionnée avait éclipsé cet incident. «Les gens ne le savent peut-être pas, mais nous effectuons un grand travail en interne afin de préserver la sérénité du groupe. Nous faisons face à de nombreuses situations de crise que nous désamorçons sans faire de bruit, dans l'intérêt de la sélection. Si nous n'étalons pas cela dans la presse, c'est parce qu'il s'agit de la vie interne du groupe», a expliqué le sélectionneur. «Pour certains cas, nous usons de pédagogie et de psychologie» Pour régler ces problèmes, Saâdane laisse entendre qu'il est partisan de la politique de la carotte et du bâton. «Dans une sélection, il faut qu'il y ait la rigueur et la discipline. Nous n'avons jamais tergiversé avec cela, même si, pour certains cas, nous usons plutôt de pédagogie et de travail psychologique pour régler les problèmes. L'essentiel est de trouver l'équilibre au sein du groupe», a-t-il précisé. En termes plus clairs, il y a des joueurs avec lesquels il évite une opposition frontale, préférant les gérer de manière magnanime, alors que d'autres, comme Lemmouchia et Chaouchi, sont traités avec la manière forte.