«La qualification pour la CAN, j'y crois» «Depuis le Mondial, le footballeur algérien est mieux considéré en Angleterre» Présent au centre médical Aspetar, à Doha, depuis trois semaines afin d'y poursuivre sa convalescence pour soigner une fracture du péroné, Adlène Guedioura a accepté de nous accorder une interview pour évoquer cette période délicate de sa carrière qu'il prend avec sagesse et philosophie. Lorsqu'on sait qu'il est plutôt avare en interviews et en déclarations, on mesure l'importance de cette intervention médiatique. C'est accompagné du chargé de communication à Aspetar qu'il nous a accueilli pour répondre à nos questions. Comment se déroule votre convalescence à Aspetar ? El Hamdoullah, je me sens très bien. Est-ce vrai que vous avez été charmé par les installations de ce centre médical ? C'est vrai. A peine suis-je arrivé ici que j'ai été frappé par les grands moyens que renferme Aspetar. J'ai rencontré Dr Hakim Chalabi qui m'a beaucoup soutenu. Du moment qu'il existe une convention et de très bonnes relations entre la Fédération algérienne de football et Aspetar, j'ai préféré venir me soigner ici. Je crois que cela aura une influence positive sur ma convalescence, au regard de ce que j'ai trouvé ici comme moyens. Doit-on comprendre par là que les choses se passent comme vous l'aviez espéré ? En tout franchise, je ne m'attendais pas à trouver un centre médical d'une telle qualité et d'un tel niveau. Je n'en ai pas vu de tel même dans les plus grands clubs européens. Je pense que c'est l'endroit idéal pour tout joueur blessé afin de se soigner. Aspetar est réellement un établissement de pointe dans la médecine sportive. Il renferme un personnel hautement qualifié et offre des services de qualité en matière de médecine du sport. Quand votre convalescence prendra-t-elle fin ? Pour l'instant, la date n'a pas encore été fixée. Je continue de suivre les soins quotidiennement. J'espère seulement que les choses se poursuivront ainsi et que je pourrai revenir sur les terrains le plus tôt possible. Ne pensez-vous pas que votre blessure est tombée au mauvais moment vu que vous commenciez à vous imposer au sein de la sélection nationale, avec une passe décisive lors du match face au Gabon et un but contre la Tanzanie ? Effectivement, elle est survenue à un moment où j'étais bien avec mon club, Wolverhampton, avec la perspective de matches importants et difficiles contre Chelsea, Manchester City et Arsenal. En général, les blessures surviennent lorsqu'il ne faut pas, mais elles font partie du parcours d'un footballeur. Je dois accepter de tels aléas et de telles surprises. Je me dois de prendre cette blessure avec un esprit professionnel. Cela n'influera pas sur mon moral et ne me fera pas désespérer de retrouver mon niveau ou même un niveau meilleur, que ce soit avec mon club, Wolverhampton, ou avec la sélection. Est-ce la première grave blessure dans votre carrière de footballeur ? C'est la première depuis 3 ou 4 ans - je ne m'en souviens pas exactement -, mais, comme je vous l'ai déjà dit, c'est le lot des joueurs et cela ne m'affectera point. Je dois continuer à me soigner méthodiquement. J'espère que mon retour sur les terrains se fera en force et que je puisse avoir un rendement encore meilleur qu'auparavant. A qui ou à quoi avez-vous pensé après avoir inscrit votre premier but en sélection face à la Tanzanie ? (Rires) Dans un instant de bonheur comme celui-là, c'est difficile de penser à une chose ou à une personne en particulier. Je voulais tout simplement exprimer ma joie. C'est difficile de décrire ce moment car l'équipe devait inscrire un but pour revenir dans le match. J'étais déjà heureux au début du match car il s'agissait de ma première titularisation en sélection. Inscrire un but lors de ma première titularisation a été un moment très fort pour moi et aussi pour mes coéquipiers. Cependant, ma joie aurait été complète si nous avions réussi à ajouter un autre but pour gagner ce match-là. Vous attendiez-vous à inscrire un but dans ce match-là, de surcroît d'un tir de loin ? Je ne suis pas devin et je ne peux rien prévoir. Ce qui est sûr, c'est que j'étais motivé pour donner tout ce que j'avais dans ce match afin d'aider la sélection de mon pays à remporter la victoire. Lorsque j'avais intercepté le ballon, je n'ai pas du tout pensé à le passer à un coéquipier. J'ai tout de suite pris la décision de tirer. Cela m'est venu comme ça, spontanément. Je pense que j'étais bien placé pour tirer de loin et j'étais très heureux de voir le ballon prendre la bonne trajectoire vers les filets. C'était un but splendide. Croyez-vous que la sélection nationale est capable de revenir fort lors des derniers matches et se qualifier pour la Coupe d'Afrique des nations ? Evidemment. Du moins, je le souhaite du plus profond de mon cœur. Je pense que nous avons une bonne équipe qui a le potentiel pour revenir fort dans les éliminatoires et obtenir la qualification pour la CAN. De plus, nous possédons un nouvel entraîneur compétent. Nous, joueurs, devons jeter toutes nos forces dans la bataille pour gagner les matches qui nous restent. Il n'y a rien d'impossible dans le football. Il faut donc continuer à travailler et ne pas perdre espoir. La mission s'annonce pourtant difficile contre le Maroc, non ? J'en suis parfaitement conscient. La sélection du Maroc est respectable. Pour gagner un match, il faut savoir respecter son adversaire. Il faudra donc respecter l'équipe marocaine et aussi toutes les équipes que nous aurons à affronter. Je le répète : nous avons une équipe qui est capable de gagner et de réaliser la qualification afin de concrétiser le rêve du peuple algérien. J'y crois car je suis convaincu que c'est réalisable et pas seulement un rêve. Comment expliquez-vous que vous avez pu imposer vos qualités dans un championnat exigeant comme la Premier League anglaise ? Il faut revenir un peu en arrière pour voir que mon parcours professionnel n'a pas été du tout facile. J'ai vraiment trimé pour arriver au niveau qui est le mien aujourd'hui. En France, on ne m'avait pas donné totalement ma chance pour que je puisse étaler mon savoir-faire. Il en a été de même en Belgique. Le championnat anglais est l'un des plus forts et des mieux suivis par le public sportif. Lorsqu'on m'a donné ma chance, j'ai fait en sorte de la saisir et de gagner ma place dans l'équipe. Croyez-vous avoir réalisé tous vos rêves en évoluant en Premier League ou bien y a-t-il d'autres rêves que vous voulez concrétiser ? Tout joueur se trace des ambitions et des objectifs à atteindre. Mes ambitions à moi ne s'arrêtent pas là. Quelles sont ces ambitions ? Je préfère garder cela pour moi. Le joueur algérien a-t-il une bonne réputation dans le football anglais ? Franchement, après notre participation à la Coupe du monde en Afrique du Sud, tout le monde en Angleterre commence à respecter le footballeur algérien et à le considérer plus que jamais. Nous avons laissé une bonne impression auprès du monde entier et avons démontré que le football algérien peut tomber malade, mais ne mourra jamais. C'est très positif pour nous en tant que joueurs. En l'espace de quelques mois, vous avez gagné l'estime et l'admiration des supporters de Wolverhampton. Vous sentez-vous bien dans ce club ? Oui, El Hamdoullah. Je jouis de la confiance des dirigeants et des supporters. Je ferai en sorte d'être digne de cette confiance en donnant encore mieux à l'avenir. Les supporters comptent sur votre retour pour aider au redressement de l'équipe qui végète dans le bas du classement. Cela vous touche-t-il ? Et comment ! J'ai reçu plusieurs messages de soutien envoyés par des supporters du club et même de supporters des Verts et cela m'a vraiment beaucoup touché. Je profite de l'occasion pour les saluer tous. Sans leur soutien, il m'aurait sans doute été difficile de surmonter cette épreuve, surtout dans les quelques jours ayant suivi la blessure. Cela me poussera à donner le meilleur de moi-même, une fois revenu sur les terrains, pour mon club et pour mon pays. Vous êtes donc optimiste quant à votre capacité de revenir très fort ? Oui. Je suis encore jeune et très motivé. J'ai tout l'avenir devant moi. Revenir en force, c'est tout ce que j'espère. Quand pourriez-vous reprendre l'entraînement avec ballon ? Ce n'est pas à moi d'en décider. Ce sera au staff médical d'en déterminer le moment opportun. Quel est le plus bel hommage que vous avez entendu après la participation algérienne au Mondial ? Je pense que c'est tout le groupe qui a reçu des hommages et des compliments. Nous avons montré un visage honorable du football algérien qui est et restera une école de stars. Quelle est votre appréciation sur la visite que Mohamed Raouraoua vous a rendue ici à Aspetar ? Je remercie M. Raouraoua pour cette visite qui m'a beaucoup réconforté. C'est très important, sur le plan psychologique, de voir que le président de la fédération nous apporte son attention et nous rend visite pour demander de nos nouvelles. Un mot pour conclure cet entretien ? Merci au Buteur pour cet entretien. Je souhaite revenir très rapidement sur le terrain et être à la hauteur des attentes des supporters de Wolverhampton et de la sélection nationale. Je remercie toutes les personnes qui m'ont contacté pour prendre de mes nouvelles.