«Si Bougherra est vraiment blessé, Benchikha devra le laisser se soigner que de prendre des risques avec lui pour ensuite regretter sa décision et revivre le même scénario que Meghni» Le défenseur de l'ASO et ex-international, Samir Zaoui, revient dans cet entretien qu'il nous a accordé sur sa participation avec l'Equipe nationale à la CAN-2004 qui s'est déroulée en Tunisie et qui a vu l'élimination de l'Algérie en quarts de finale par le Maroc, à l'issue d'une défaite 3 à 1. L'enfant de Aïn Boucif reste toutefois optimiste en parlant des chances des Verts dans ces éliminatoires de la CAN-2012 et pense que les Fennecs sont capables de battre le Maroc en marquant un triplé et prendre leur revanche de 2004, à condition que les joueurs assument leurs responsabilités. Le défenseur chéliffien regrette, par ailleurs, l'absence de Bougherra, et pense que Laïfaoui aurait été le remplaçant tout indiqué. Nous souhaitons vous poser quelques questions sur l'Equipe nationale qui s'apprête à livrer un match important contre le Maroc, êtes-vous prêts à nous répondre ? Absolument. Je vais vous répondre sans ambages d'autant plus qu'il s'agit de l'Equipe nationale avec laquelle j'ai vécu de bons souvenirs. Commençons par la CAN-2004 en Tunisie qui a vu l'Algérie et le Maroc se rencontrer. Que retenez-vous de ce match et du tournoi en général ? On a vécu des moments formidables en Tunisie. On se sentait chez nous, tellement les stades où on jouait étaient pris d'assaut par nos supporters. Je n'oublierai pas le match qu'on a livré contre le Cameroun et le succès retentissant qu'on a réalisé contre l'Egypte et le but d'Achiou qu'on n'oubliera jamais. Vous en gardez aussi un très mauvais souvenir, n'est-ce pas ? Pour moi, ça reste la blessure que j'ai contractée contre le Zimbabwe et que je n'ai pas bien soignée. Franchement, il n'y avait pas un staff médical compétent. J'étais en possession de tous mes moyens, mais je ne me suis pas soigné convenablement et je l'ai payé cher contre le Zimbabwe. Pour l'équipe, la déception reste cette élimination en quarts de finale contre le Maroc. Comment avez-vous vécu l'ambiance, avant et après l'élimination ? Il régnait une ambiance bon enfant et tout le monde était concentré sur le match et déterminé à passer l'écueil marocain. On croyait que le Maroc ne pouvait pas nous barrer la route et on avait la possibilité de l'emporter dans le temps réglementaire. La chance nous a tourné le dos et on a mal géré le temps additionnel. La responsabilité de l'élimination est partagée entre les joueurs et l'entraîneur. L'Equipe nationale affrontera le Maroc cette fois-ci avec presque les mêmes données, avec des absences, comme celles de Matmour, Bougherra et Halliche. A votre avis, le match se jouera sur quel plan ? Tout d'abord, je dois dire que la sélection a atteint un haut niveau, après l'expérience acquise lors de la CAN-2010 en Angola en atteignant les demi-finales suivie d'une participation disons correcte au Mondial sud-africain. Pour répondre à votre question, c'est sur le plan tactique que se jouera ce match. Autrement dit, l'équipe qui gagnera la bataille du milieu aura le dernier mot. Et le volet psychologique, selon vous, il n'aura pas son importance lors de ce match ? Quand vous jouez devant une équipe composée de joueurs évoluant dans le haut niveau, vous vous transcendez automatiquement. Il reste maintenant la façon avec laquelle l'entraîneur se comportera avec ses joueurs et comment il transmettra ses consignes. Pour le match de dimanche, je pense que les Verts doivent se focaliser plus sur le plan tactique et la discipline sur le terrain, plutôt que sur le plan psychologique. Est-ce la bonne recette que vous recommandez à Benchikha pour gagner le match ? Ce n'est pas une recette, mais c'est par expérience que je parle. Laissez-moi vous expliquer un point important. Si le joueur pense plus à son club en craignant de se blesser en sélection, il doit laisser sa place à un autre et ne pas jouer avec les sentiments des supporters. Car même si je jouais au Real Madrid ou au Barça, je mourais sur le terrain pour l'Equipe nationale. Les anciens joueurs comme Djebour, Bougherra, Anthar Yahia et Ziani sont conscients de la valeur de l'Equipe nationale et de ce que le peuple algérien attend d'eux. Je vais vous donner un exemple Allez-y… Lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2010, lorsqu'on a battu l'Egypte, les Egyptiens n'ont pas perdu espoir et ont joué les quatre matchs restant avec une volonté de fer et ont réussi à les remporter. Ils savaient que leur destin était entre leurs mains, soit passer en Coupe du monde, soit tout perdre. Lors du match d'appui, tout le monde sait ce qui s'est passé. Ce que je veux dire, c'est que vu la situation dans laquelle se trouve notre équipe, les joueurs doivent aborder cette rencontre du Maroc comme un match d'appui où le faux pas est interdit. Pensez-vous que c'est le Maroc qui a retrouvé son niveau ou c'est notre équipe qui a régressé, après avoir joué le Mondial et atteint les demi-finales de la CAN ? Ce n'est pas le Maroc qui a progressé, ni les équipes africaines, mais c'est la situation dans laquelle on s'est retrouvés qui nous fait peur pour la sélection. Quand on a perdu les points de la Tanzanie et concédé la défaite en Afrique centrale, tous nos calculs ont été faussés. On ne s'attendait pas à un tel scénario. Nos joueurs ont sous-estimé leurs adversaires et on l'a payé cher. Avec un point, c'est tout à fait normal d'avoir peur de perdre cette image que vous avez acquise dans les deux dernières années. Le match du Maroc est l'occasion de provoquer le déclic. S'ils réussissent à le faire, personne ne pourra nous barrer la route. Et si on parle des potentialités de la sélection marocaine dirigée par l'entraîneur Gerets, la voyez-vous capable cde battre l'Algérie à Annaba ? Je l'ai toujours dit, le Maroc possède une grande équipe et solide capable de rivaliser avec les plus grandes équipes européennes. Quand vous jouez devant une équipe composée de joueurs évoluant dans le haut niveau, même si vous rentrez avec une kalachnikov, vous ne l'effrayez pas. Mais quand il s'agit de compétition continentale, c'est un tout autre visage qu'on nous montre. La CAN-2008 au Ghana et sa sortie prématurée au premier tour en est la meilleure preuve. Ils sont revenus en force avec Gerets, mais je n'irai pas jusqu'à dire qu'ils vont nous battre et créer la surprise. Pourquoi ? Nous serons assistés par nos supporters et nous jouerons sur notre terrain, la pression sera plus sur les joueurs du Maroc. Nos joueurs seront animés d'une grande volonté de rendre le sourire à nos supporters qui ont hâte de voir leur équipe renouer avec le succès qui nous échappe depuis 14 mois. Toutes les conditions sont donc réunies pour gagner ce match. Les absences que connaît la sélection peuvent influer sur le rendement de notre équipe, surtout celle de Bougherra ? Si Bougherra est vraiment blessé, Benchikha devra le laisser se soigner, non pas prendre le risques de l'aligner et revivre le même scénario que Meghni. Quel est le joueur le mieux indiqué pour le remplacer à votre avis ? Sans hésitation, je dirais Abdelkader Laïfaoui qui possède une longue expérience avec la sélection et beaucoup de matchs dans les jambes. Il a déjà joué aux côtés d'Anthar Yahia en défense. Medjani n'a pas d'expérience, alors que pour Bouzid, cela fait un moment qu'on ne l'a pas vu. Cela dit, nous ne devons pas nous focaliser sur l'absence de Bougherra, au point de donner l'occasion aux Marocains de gagner en confiance en nous voyant pleurnicher site à l'absence de Bougherra. Ils doivent savoir qu'il y a d'autres joueurs capables de le remplacer sans problème. On comprend par là que vous n'êtes pas d'accord avec certains joueurs convoqués et la mise à l'écart de Laïfaoui ? Je ne suis ni contre les décisions de Benchikha ni ces joueurs, mais en faveur Laïfaoui que je connais bien. Il est bon sur les balles aériennes et là, il faut signaler que le Maroc possède un joueur qui excelle dans ce jeu, à savoir l'attaquant d'Arsenal Merouane Chamakh. Avec Laïfaoui, nous n'aurons pas de soucis à nous faire pour Chamakh. Avez-vous parlé avec certains ex-coéquipiers sur ce match contre le Maroc ? Absolument. Je suis toujours en contact avec certains joueurs, comme Djebour, Anthar, Ziani, Bougherra. Ils demandent de mes nouvelles et de mon équipe Chlef, et on discute bien sûr de la sélection. Ils avaient des appréhensions par rapport au stade d'Annaba qui est nouveau pour la plupart. Mais j'ai appris par les médias qu'ils ont été choqués par l'ambiance qu'ils ont découverte à leur arrivée à Annaba. Avez-vous discuté avec eux ? Non, je n'ai parlé à personne, après leur arrivée à Annaba, mais bien avant lorsqu'ils étaient avec leurs clubs. Je les appellerai après le match. Que pensez-vous des déclarations de Mansouri qui a parlé de clans dans l'équipe et critiqué l'ex-sélectionneur Saâdane ? Je suis d'accord avec Mansouri sur tout ce qu'il a dit de Saâdane et des décisions qu'il a prises avant d'aller au Mondial. Zaoui, Raho, Mansouri et Saïfi ont été les boucs émissaires de Saâdane qui voulait contenir la colère de la rue. Quels conseils donneriez-vous aux joueurs et au public qui assistera au match ? Jouer tout en évitant de se précipiter et jouer avec intelligence, exploiter le soutien du public et la pression qu'exerceront les supporters sur le Maroc. Je suis très optimiste et je vois bien l'Algérie gagner par 3 à 0. Les supporters doivent donner au monde entier une leçon de nationalisme et de civisme. Le match ne doit pas sortir de son cadre sportif.