«Ecarter Bougherra, Ziani ou quiconque d'autre ne résoudra pas les problèmes de l'EN» L'ancien sélectionneur national, Rabah Saâdane, s'est exprimé hier matin sur les ondes de la radio Chaîne III où il a accordé une interview à notre confrère Maâmar Djebbour, au cours de son émission «Football Magazine». L'ex-patron de la barre technique des Verts est bien évidemment revenu sur la déroute des coéquipiers de Karim Ziani à Marrakech, en expliquant clairement que des erreurs avaient été commises dans ce match et surtout dans sa préparation. Saâdane ne s'est pas privé de tirer sur quelques personnes, sans citer de noms, en revanche, des staffs administratif et organisationnel qui, d'après lui, ont fait beaucoup de mal à la sélection nationale et l'ont contrainte à revenir en arrière et à ne pas évoluer encore plus. Comme nous l'avions indiqué dans notre livraison d'hier, le cheikh s'est dit prêt à apporter une fois de plus son aide au football national, en proposant qu'un débat sur la politique technique du sport roi soit ouvert pour que les différents acteurs, spécialistes et autres anciens joueurs puissent donner leurs avis et contribuer à son développement et éviter surtout de commettre les mêmes erreurs du passé. «Sincèrement, je pense qu'il y a eu énormément d'erreurs qui ont été commises, soit au niveau de l'organisation ou bien au niveau technique, et qui expliquent ce naufrage subi à Marrakech. Je ne vise pas essentiellement les gens qui étaient dans le staff technique, mais aussi ceux qui font partie du staff organisationnel. Ces derniers ont fait beaucoup de mal à la sélection et ont cassé l'ascension qu'avait connue l'EN il y a quelques mois de cela quand elle avait atteint le vrai haut niveau.» «Cette équipe nationale n'est pas finie» Fidèle à ses principes, Saâdane a appelé les décideurs et surtout les supporters algériens à croire encore en cette Equipe nationale et en ses joueurs actuels et ne pas penser constamment à revenir à zéro et tout rebâtir. Malgré le parcours catastrophique qu'est en train de réaliser l'EN dans ces éliminatoires de la CAN 2012, Saâdane, en coach bien expérimenté, estime qu'il faut avant tout rester calme et ne pas céder à la panique. Il assure que seule la stabilité finira par payer : «J'avais dit juste après le match du Maroc qu'il fallait rester sage et penser surtout à l'avenir du football algérien. Malgré la lourde défaite concédée, je dois dire que cette équipe n'est pas finie pour autant. On doit continuer à travailler avec elle et ne pas tout recommencer à zéro, car cela va nous faire perdre beaucoup de temps pour rien.» «Ecarter Bougherra, Ziani ou quiconque d'autre ne résoudra pas les problèmes de l'EN» Même en étant loin de cette sélection nationale, Rabah Saâdane se veut toujours protecteurs de ses anciens joueurs. Pour lui, jeter les Bougherra, Ziani et autres ne résoudra en aucun cas les problèmes de l'EN, notamment lorsqu'on sait que ces joueurs-là demeurent des éléments à expérience, qui ont beaucoup apporté à l'Algérie : «Notre problème a toujours été le manque de stabilité. Ajoutez à cela les clans qui commencent à s'installer, mais je ne voudrais pas m'étaler sur ça et sur les erreurs qui ont été commises. On doit continuer à travailler à court terme avec cette EN et lui faire encore confiance. On l'a rajeunie avant le Mondial, et avec des éléments de très bon niveau et il faut donc persévérer dans le travail. On ne peut pas jeter les Bougherra, Ziani ou d'autres qui accumulent un certain acquis international et qui ont participé à un Mondial. C'est comme ça qu'on trouvera des solutions à nos soucis.» «Un débat doit être ouvert pour discuter de l'avenir du football national» A l'instar de Mahieddine Khalef et Rabah Madjer, Saâdane pense qu'il est temps que les différents acteurs du ballon rond du pays se réunissent autour d'une table pour discuter des maux qui rongent le football national et essayer d'en trouver les remèdes nécessaires pour lui assurer un avenir radieux et sortir enfin de ce cercle vicieux qui n'en finit pas depuis plusieurs années maintenant : «J'ai pas mal d'idées à exposer pour permettre à notre football d'évoluer et de passer à une autre étape, mais je n'en parlerai qui si on ouvre un débat sur la nouvelle politique technique à adopter pour que cela réussisse. A présent qu'on est dans l'ère du professionnalisme, on doit axer nos efforts sur la formation et penser à l'avenir de notre football de manière plus concrète. Il faut que l'état ainsi que la fédération donnent des orientations bien précises aux clubs, et leur exiger la formation des jeunes. Depuis la décennie noire, les clubs ne s'occupent réellement que de l'équipe senior. Je l'ai déjà dit et je le redis, le football algérien ne produit plus de joueurs de haut niveau et c'est navrant.» «Schnittger avait ramené un excellent projet, mais le différend FAF-MJS de l'époque avait tout ruiné» L'ancien driver de l'USMA et du WAC est revenu à l'époque où l'Allemand Peter Schnittger avait été désigné à la tête de la Direction technique nationale (DTN). Il explique qu'il avait ramené un projet prometteur pour le développement du football national et de la formation, mais le différend qui existait en ce temps-là entre la FAF, présidée par Hamid Hedadj, et le MJS de l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Yahia Guidoum, avait retardé son élaboration et poussé donc Schnittger à plier bagage et à retourner chez lui : «Quand Peter Schnittger était venu, il avait composé une DTN très forte et avait ramené avec lui un projet intéressant. Malheureusement la mésentente qu'il y avait à cette époque entre la FAF et le MJS ne l'a pas vraiment aidé à aller jusqu'au bout de son idée. Je pense qu'à l'heure actuelle, l'exemple du Paradou doit servir de modèle pour nos clubs. Il faut multiplier par 100 voire 200 ce genre d'Académie à travers le territoire national pour assurer l'avenir du football algérien. On a beaucoup de jeunes enfants, de grands talents dans le pays et il faut juste les détecter et les structurer.» «Collaborer avec la compétence étrangère est une nécessité» Pour finir, Rabah Saâdane estime que nos entraîneurs de jeunes et les encadreurs se doivent de collaborer avec leurs homologues étrangers pour aider au développement de la formation et du football national. «Oui, il faut une collaboration avec la compétence étrangère pour aider nos entraîneurs de jeunes à se structurer et à rehausser leur niveau de formation. Il faut voir des sélections comme le Ghana, le Botswana ou bien même le Malawi, qui axent leur travail sur la formation des jeunes et on voit bien le niveau qu'ils ont atteint aujourd'hui. Les résultats techniques plaident en leur faveur en tout cas», a-t-il conclu.