Cela s'est passé sur la chaîne égyptienne Dream 2 Profitant de la venue de l'Egypte en Algérie pour affronter notre sélection le 7 juin passé, la télévision égyptienne Dream 2 a réalisé un reportage avec l'ancienne star du football national pendant la décennie 1980, Lakhdar Belloumi, pour le compte de son émission intitulée «Al Haqiqa» (la vérité). Une grande partie de cette émission a été consacrée à ce qui a été appelé vingt ans durant «l'affaire Belloumi». Cette affaire dans laquelle le célèbre numéro 10 algérien a été injustement accusé d'avoir éborgné un médecin égyptien à l'aide d'un verre. C'était une occasion pour Belloumi de donner sa propre version en retraçant ce qui s'était réellement passé ce jour-là. «Je vous jure que ce n'est pas moi qui ai lancé ce verre. Je n'étais même pas présent au moment de la bagarre» «Je jure par Dieu Tout-Puissant que je n'ai jamais lancé de verre sur qui que ce soit et que je n'ai même pas vu qui l'a lancé. Je suis absolument innocent dans cette histoire et toutes les accusations portées contre moi sont fondées sur de fausses présomptions», a affirmé Belloumi au journaliste qui l'interviewait, soutenant qu'il n'était même pas dans le bar de l'hôtel lorsque ce fâcheux incident s'était produit. Par la suite, l'animateur de l'émission a invité les téléspectateurs à une séquence inédite, que tout le monde attendait du reste depuis une vingtaine d'années. Il appelé Ahmed Abdel Mounaïm, le fameux médecin qui a accusé Belloumi depuis le premier jour de l'agression, afin de lui permettre de converser avec son supposé «agresseur». «Je vous fais mes plates excuses non pas parce que je suis l'agresseur, mais parce que je compatis à votre douleur» Même s'il n'est pas l'auteur de cette agression, Belloumi s'est comporté en vrai gentleman, en déclarant à l'adresse du Dr Abdel Mounaïm qu'il était profondément désolé de ce que lui était arrivé ce jour-là. «Je suis vraiment désolé. Je suis désolé du fond du cœur et je voulais vous dire que ce qui vous est arrivé me fait encore mal à ce jour. Je vous fais mes plates excuses non pas parce que je suis votre agresseur supposé, mais parce que je compatis à votre douleur. Je m'excuse aussi au nom de toute la délégation algérienne qui était présente ce jour-là, ainsi qu'au nom de tous les Algériens. J'espère que nous aurons l'occasion de nous rencontrer un jour. Vous serez le bienvenu en Algérie à tout moment», lui a dit l'Algérien pour lui témoigner son affection. «On a même dit que j'avais agressé 15 personnes !» Revenant sur les faits de cette soirée du 17 novembre 1989, Belloumi a retracé au détail près ce qui s'était passé : «Lorsque nous sommes revenus du stade, j'ai pris l'ascenseur en compagnie de Cheikh Kermali pour rejoindre ma chambre. Quelques heures plus tard, des personnes sont venues dans ma chambre en criant à tue-tête que je venais de blesser une personne. J'étais terrifié, stupéfié. A minuit, la police égyptienne est venue m'interroger sur les faits. Les policiers avaient pas moins de 15 dossiers médicaux dans leurs mains. Tous, soit disant, avaient été agressés par Belloumi. Je ne suis tout de même pas Rambo pour agresser quinze personnes à la fois ! C'est pour vous dire que tout cela est insensé.» «Je ne sais pas si c'est Kadri le responsable. Moi je n'accuse personne» Par la suite, le journaliste égyptien a tenté de faire avouer à Belloumi que c'est Kamel Kadri, le gardien remplaçant de la sélection algérienne, qui est le véritable agresseur du médecin. Belloumi ne se mouillera pas plus : «Je ne sais pas si c'est Kamel Kadri qui a lancé le verre sur le visage du médecin ou une autre personne. Je vous dis que je n'étais même pas présent à ce moment-là. Tout ce que je sais, c'est qu'on a voulu mettre cette affaire sur le dos de Belloumi car j'étais le joueur algérien le plus en vue. Comme ça, on était sûr que ça allait faire un grand bruit. Je laisse ces personnes à leur conscience. De mon côté, je n'accuse personne. Maintenant, si vous pensez que c'est Kadri le responsable, allez le voir et interrogez-le. Il vous répondra en toute franchise.» «M. Bouteflika m'a réglé le problème en l'espacede deux semaines» Revenant sur le dénouement heureux qu'à connu cette affaire, Belloumi a tenu à rendre hommage à tous ceux qui l'ont soutenu durant toutes ces années, surtout la personne qui a débloqué la situation de manière définitive. «Je remercie le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, qui m'a aidé à résoudre cette affaire une bonne fois pour toutes. Je lui ai adressé une lettre et il ne ma pas ignoré. Il m'a tout de suite montré qu'il y avait de grands espoirs pour un dénouement heureux», a déclaré Belloumi encore. Par la suite, le journaliste lui a demandé si le président de la République algérien avait appelé son homologue Hosni Moubarak. Belloumi dira : «Je n'en ai aucune idée. Tout ce que je sais, c'est que M. Bouteflika a réglé mon problème en l'espace de deux semaines. Je ne le remercierai jamais assez. D'ailleurs, je sais même que mon nom a été barré de la liste rouge d'Interpol. Ce qui me donne enfin le droit de sortir du territoire national.» «Cette affaire pourrait faire l'objet d'un film» « Je ne vous cache que mon affaire est vraiment inédite. On m'a innocenté vingt ans après la première accusation. Ce que j'ai vécu durant ces dernières années restera gravé dans ma mémoire. Aujourd'hui, j'ai 50 ans, et une nouvelle page de ma vie est tournée. Maintenant que tout est définitivement réglé, je peux me concentrer désormais sur autre chose. J'espère avoir la possibilité de voir mon histoire dans un film parce qu'elle pourrait bien en faire l'objet un jour.» Abdelatif Azibi