Babouche : «La décision de ne pas prendre les médailles a été prise par les dirigeants.» Chaouchi : «Nous, joueurs, ne sommes que des employés qui ont exécuté les directives de nos dirigeants » Décidément, c'est la cassure entre les joueurs du Mouloudia et le coordinateur de la section football, Omar Ghrib. En effet, le premier responsable de la section football du MCA, juste après la rencontre, n'a pas manqué de dire que ce sont les joueurs qui avaient refusé d'aller prendre leurs médailles, du fait qu'ils étaient très déçus après la défaite face à l'USMA. Omar Ghrib a tenu le même langage au lendemain de la défaite à plusieurs organes de presse et aussi la chaîne de télévision Ennahar. «J'ai même essayé de les convaincre de monter pour prendre leurs médailles, mais ils ont refusé de le faire», a déclaré Omar Ghrib. Ces déclarations du premier responsable de la section football n'ont pas manqué de soulever le courroux des joueurs qui sont en colère contre lui, du fait que, selon leurs dires, c'est lui qui leur a demandé de rester dans les vestiaires et de bouder la cérémonie de la remise des médailles. Ils se demandent, ainsi, pour quelle raison il essaye de leur faire endosser l'entière responsabilité et les mettre au banc des accusés. Toutefois, et à travers certaines de leur déclarations, deux joueurs ont tenu à se défendre, Babouche et Chaouchi, et dire que ce sont les responsables de leur équipe qui leur ont donné l'ordre de bouder la cérémonie de la remise des médailles. Ces deux derniers crient fort et à qui veut les entendre qu'ils ne sont que des employés du club et qu'ils ne peuvent désobéir, faisant allusion à Omar Ghrib. En se défendant, ils vont éviter une lourde sanction En se défendant, les joueurs du Mouloudia vont éviter une lourde sanction pour eux et leur équipe. En effet, et suite aux déclarations de Ghrib qui a fait porter le chapeau du scandale aux joueurs, les instances sportives allaient prendre de sévères sanctions à leur encontre, du fait qu'ils veulent infliger des sanctions exemplaires aux fautifs afin qu'un tel affront ne se reproduise plus dans nos stades. Une source digne de foi nous a confié que les coéquipiers de Babouche allaient être sanctionnés au moins jusqu'à la fin de saison, et l'équipe serait, donc, dans l'obligation de continuer le reste de cet exercice avec l'équipe des espoirs. Maintenant qu'ils clament leur innocence, du fait qu'ils n'ont fait qu'exécuter les directives de Ghrib, les poulains de Menad vont éviter ces lourdes sanctions pour eux et leur équipe. -------------------------------------------- Babouche : «La décision de ne pas prendre les médailles a été prise par les dirigeants» Réda Babouche sort de son mutisme. Le capitaine mouloudéen raconte ce qui s'est réellement passé au vestiaire après le coup de sifflet final de M. Haïmoudi, désavouant ainsi le coordinateur de la section de football, Omar Ghrib, qui a annoncé que la décision a été prise par les joueurs eux-mêmes. Quelles sont les raisons de cette défaite ? Je pense que beaucoup de choses ont été dites à propos de cette finale. Avant le match, on parlait beaucoup, les joueurs étaient trop confiants. D'ailleurs, je leur ai dis, il faut arrêter de parler et il faut bien se concentrer pour gagner la coupe. Je pense qu'on s'est procuré beaucoup d'occasions nettes pour scorer, mais il y avait la malchance. Le manque d'efficacité nous a fait défaut. Pensez-vous que vous avez perdu à cause du manque d'efficacité ? Oui, on s'est procuré beaucoup d'occasions qu'on a ratées malheureusement. En plus de ça, il y avait un arbitrage vicieux de la part de M. Haïmoudi qui nous a cassés. Il sifflait beaucoup au cours du match. Même si lors du coup franc sifflé à l'USMA qui a ramené le but, il y avait faute en notre faveur plus un avertissement au joueur adverse pour faute grave sur Bouguèche. Le meilleur arbitre africain ne peut pas voir la faute sur Bouguèche, c'est vraiment impardonnable. Vous avez le sentiment que Haïmoudi vous a lésés ? Haïmoudi nous a déconcentrés et nous a énervés. On pouvait même encaisser un deuxième but, heureusement que ça ne s'est pas fait. Les décisions de cet arbitre nous ont sortis du match. Après le coup de sifflet final de Haïmoudi, il s'est passé un fait important, c'est que vous, les joueurs, vous n'êtes pas montés pour prendre vos médailles, que s'est-il passé au juste ? Après le coup de sifflet final de l'arbitre, je me suis directement dirigé vers le banc de touche. J'étais dans une colère noire. Je ne pouvais pas me retenir et déçu de cette défaite. D'ailleurs, la télévision m'avait fixé assis sur le banc. Après, j'ai vu mes coéquipiers rentrer au vestiaire au moment où Ghrib était rentré sur le terrain pour protester auprès de Haïmoudi. A cet instant, il m'a demandé de rentrer directement au vestiaire. Une fois au vestiaire, j'ai constaté qu'on n'allait pas monter pour prendre nos médailles. Les gens sont venus me voir pour demander de revenir à la raison, mais je leur ai fait savoir que je ne peux pas prendre la décision tout seul. Il y a des responsables du club, c'est eux qui doivent prendre la décision pour prendre nos médailles ou non. Nous, les joueurs, on est des employés du club, on est soumis à des instructions de la part de nos responsables. Votre version est contradictoire avec celle de Omar Ghrib qui a déclaré que la décision a été prise par les joueurs... Je vous le dis et je le répète, la décision a été prise par les responsables et non pas par les joueurs. Nous, on est des simples employés du club. Ghrib nous a ordonné de rentrer au vestiaire. Une fois au vestiaire, puisque j'étais le dernier à y être, j'ai appris que les joueurs avaient reçu des instructions, je le dis bien, des instructions de la part des responsables du club pour ne pas prendre nos médailles. Je le confirme et je suis responsable de mes propos. J'ai eu une discussion avec le ministre de la Jeunesse et des Sports et je lui ai dit carrément que je ne peux assumer une telle responsabilité. En tant que capitaine, ne pensez-vous pas avoir une part de responsabilité ? Non, jamais. Je n'ai aucune part de responsabilité. Tout le monde sait que ce sont les responsables du club qui nous ont ordonné de ne pas prendre nos médailles. Moi, je suis capitaine de l'équipe pendant le match, mais au vestiaire, face à une telle décision de la direction, je ne peux m'immiscer. Il y a une possibilité à ce que vous écopiez d'une suspension pour une durée de deux ans, un commentaire ? Je n'ai aucune part de responsabilité dans cet acte. Je ne comprends pas pourquoi on me sanctionne. Il y a des responsables du club, c'est eux qui ont pris cette décision. Je le dis haut et fort, c'est eux qui ont pris cette décision et non pas moi. Je n'ai pas le droit de s'immiscer dans de telles affaires. Etes-vous prêt à apporter vos témoignages au cas où vous serez convoqué par la commission de disciplinaire de la FAF ? Oui, bien sûr. Je suis prêt à apporter mon témoignage à la fédération si on me convoque, je vais redire la même chose. Je n'ai rien à cacher ni mentir. Ce que je suis en train de vous dire, c'est la vérité. J'ai voulu à un moment donné calmer les esprits de mes coéquipiers, en vain. Je ne pouvais le faire, car ils étaient démoralisés. En tout cas, sachez une chose, si un dirigeant du club avait demandé aux joueurs d'aller récupérer leurs médailles, ils l'auraient fait sans aucun problème. Cette décision n'a pas été prise par les joueurs et je défie quiconque de prouver le contraire. ------------------------------------------- Chaouchi : «Nous, joueurs, ne sommes que des employés qui ont exécuté les directives de nos dirigeants » Quarante-huit heures après la cruelle désillusion, le gardien de but, Fawzi Chaouchi, a décidé lui aussi de sortir de son mutisme. Il a choisi les ondes de la Radio Chaîne I pour s'exprimer à un large public et, surtout, aux Chnaoua : «Je voudrai, tout d'abord, féliciter l'USMA pour sa consécration. Sincèrement, on ne s'attendait pas à un tel scénario. Nous avons fourni un très bon match avec beaucoup d'occasions de but. Les Chnaoua nous ont, d'ailleurs, applaudis à la fin de la rencontre car ils ont vu tous les efforts que nous avons fournis. Concernant le boycott de la cérémonie protocolaire, nous, les joueurs, nous sommes des employés qui appliquons les directives de leurs dirigeants. On n'est pas, de ce fait, responsables de ce qui s'est passé.» «Nous regrettons tout ce qui s'est passé » Poursuivant son intervention, Chaouchi n'a pas hésité à dire : «Nous regrettons tout ce qui s'est passé. Nous sommes encore sous le choc, car la défaite sera très difficile à digérer. Il y a des instances dirigeantes qui devront trancher.» «Chacun doit assumer ses responsabilités» En conclusion, Chaouchi a eu des propos lourds de sens et qui auront certainement un impact fort : «Il est évident que chacun doit assumer ses responsabilités. Tout ce que nous avons construit tout au long de la saison est tombé à l'eau. Haïmoudi n'a pas été correct car son arbitrage laisse à désirer.» --------------------------------------------------- De Tamanrasset, Tahmi déclare au Buteur «Refuser de prendre les médailles est un geste impardonnable» Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi, qui se trouve actuellement à Tamanrasset, en visite de travail, n'a pas caché sa grosse déception à la suite du geste de la délégation mouloudéenne, qui a refusé d'aller saluer le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et recevoir les médailles. Dans une déclaration faite hier au Buteur, il disait : «C'est un geste impardonnable et irréfléchi. Je pense que ne pas monter à la tribune officielle pour prendre les médailles est vraiment regrettable et antisportif, je suis vraiment déçu.» «Le dossier est entre les mains de la FAF» Interrogé sur les sanctions qui devraient être prises prochainement par la Fédération algérienne de football et le MJS, le premier responsable du sport en Algérie nous a déclaré textuellement : «Pour l'instant, je ne sais pas. Le dossier est entre les mains de la fédération qui va prendre les décisions qui s'imposent, selon les règlements. C'est tout ce que je peux vous dire.»