Kermali : «Pelé m'a dit : ‘‘Jouez à l'algérienne !''» Algérie 1 - Egypte 1 4 juillet 1963 Stade du 20-Août (Alger) Match amical Arbitre : Khellifi (Algérie) Buts : Badaoui (4') – Egypte Mekhloufi (80') – Algérie Algérie : Boubekeur, Defnoun, Soukhane Mohamed, Rouaï, Zitouni Mustapha, Salem, Bouchache Hocine, Kermali, (Amara Saïd), Mekhloufi, Mahi, Soukhane Abderrahmane Entraîneurs : lbrir et Khabatou Egypte : Roubiy, Bouyouni, Abdelmoumen, Loutfi, Salah, Taha, Ghazli, Badaoui, Riffat, Morsi, Mahmoud Entraîneur : Fawzi ----------------- Algérie 2 - Egypte 2 07 juillet 1963 Stade : Ahmed-Zabana (Oran) Match amical Arbitre : Mokhtari (Algérie) Buts : Mekhloufi (40'), Salem (90') – Algérie ; Riad (41'), Badaoui (60') – Egypte Algérie: Boubekeur, Defnoun, Zitouni Mustapha, Medehbi, Siki, Amara Saïd, Soukhane Abderrahmane, Mekhloufi, Oudjani Salah, Mahi, Bouchache Hocine (Salem) Entraîneurs : Ibrir et Khabatou Egypte : Roubiy, Bouyouni, Salah, Aboubakr, Lotfi, Taha, Chazli, Mahmoud, Riad, Badaoui, Riffat Entraîneur : Fawzi ----------------- Ben Bella, Boumediene, Bouteflika, Che Guevara et même Abdelhalim Hafez La première rencontre post-indépendance entre l'Algérie et l'Egypte s'est jouée sur le terrain en tuf du Stade Municipal, aujourd'hui 20-Août. Ce match devait commémorer les festivités de la première année de l'indépendance de l'Algérie. D'illustres personnalités étaient invitées à ces commémorations. De Ben Bella, président de l'époque, à Boumedienne, celui qui l'a destitué trois ans plus tard, en passant par Bouteflika, le président actuel. Une forte délégation égyptienne était présente dans la première tribune du stade. Il y avait même Abdelhalim Hafez, oui vous avez bien lu, le célèbre chanteur égyptien aujourd'hui défunt. La fête se voulait tellement grandiose que le célèbre commandant était présent. On veut parler du Che. En effet, le commandant Che Guevara s'était déplacé pour assister aux festivités et se trouvait dans la tribune officielle du stade du 20-Août. Les Egyptiens contestent longtemps le but égalisateur de Mekhloufi Les matches Algérie-Egypte, il y en a eu un paquet depuis l'indépendance. A commencer par celui du 4 juillet 1963. La RAU, le nom de l'Egypte à l'époque, devait se produire à Alger, à Oran, à Constantine et même à Annaba. Elle venait participer à la première fête de l'Algérie indépendante. Coup de théâtre, les Egyptiens refusent de reprendre le jeu Lors de cette partie, l'Egypte avait réussi à marquer dès les premières minutes de jeu, par Badaoui à la 4', suite à une combinaison en triangle. L'équipe algérienne, bien emmenée par une pléiade de joueurs professionnels évoluant en France à l'image des Mekhloufi, Mahi l'avant-centre et autres Zitouni, domine, mais se retrouve à chaque fois confrontée à une défense hermétique des Pharaons. Mais lorsque Rachid Mekhloufi égalisa pour les Verts, la partie perdit un peu de son fair-play. Et la presse de l'époque l'a relaté. Que s'est-il passé après le but de Mekhloufi ? Les plus de quarante ans qui s'étaient déplacés au stade du 20-Aout se rappellent certainement que, dans le temps, le public qui venait assister aux rencontres qui se jouaient dans ce stade avait la possibilité de s'agglutiner autour du terrain. Il y avait juste des barrières entre les supporters et les vingt-deux acteurs. Le public était aussi autorisé à se mettre sur la piste destinée aux courses cyclistes. La partie vélodrome. Lors de ce fameux match, une partie du public dans sa joie avait envahi le terrain pour aller féliciter et embrasser les joueurs algériens. Mais aucun incident n'avait été signalé, d'autant plus que le match était une rencontre amicale qui entrait dans le cadre de la fête de l'indépendance. Mais les joueurs égyptiens n'ont pas voulu reprendre la partie et sont allés même contester la validité du but auprès du célèbre arbitre Ahmed Khelifi. Dans le dernier quart d'heure, le fair-play était au placard. Le service d'ordre avait fini tant bien que mal à faire sortir tous les jeunes du terrain. Mais la fin de la rencontre, nous racontent les plus anciens, était des plus décevantes de la part de l'équipe hôte. Les joueurs du camp adverse refusaient pratiquement de jouer. On assistait plutôt à de l'antijeu. Refusant carrément de jouer, les Egyptiens se passaient le ballon dans leur camp et remettaient le plus souvent à leur gardien de but, Roubiy. La presse de l'époque avait titré : «Notre onze n'a pas arraché la victoire.» Il faut remarquer que malgré sa récente création, elle était constituée de joueurs professionnels évoluant dans les plus prestigieuses équipes européennes. Le 2 à 2 d'Oran se joue dans une ambiance d'émeute presque Une autre rencontre s'était déroulée, mais cette fois au stade Zabana, trois jours plus tard. Le 7 juillet. Les deux équipes n'ont pas pu se départager. Le score final s'était terminé par deux buts dans chaque camp. L'Algérie avait mené au score par l'inévitable Mekhloufi. L'Egypte revenait à la marque et avait mené 2 à 1. L'équipe nationale avait réussi à arracher le nul dans les dernières secondes du match, Salem s'étant chargé de remettre les pendules à l'heure. Le journaliste du journal Le Peuple, aujourd'hui Echaâb, a parlé d'une ambiance d'émeute avant que tout cela ne finisse en ambiance de carnaval. La rencontre prévue à Constantine n'aura jamais lieu pour des raisons que tout le monde aura devinées. Mouloud B. ----------------- Kermali : «Pelé m'a dit : ‘‘Jouez à l'algérienne !''» «Le match dont vous me parlez remonte à très loin. Je me souviens qu'en marge de la rencontre, on s'était réunis avec le président de l'époque, Ahmed Ben Bella. Il y avait les professionnels, bien évidemment. Il avait tenu à nous féliciter et à nous remercier suite à notre participation à notre manière à la Révolution. Ben Bella nous confiait que si nous le désirions, nous pouvions rejoindre nos clubs à l'étranger et même en France pour continuer notre carrière. J'étais parmi ceux qui avaient décidé de rester en Algérie. On était quatre ou cinq joueurs à le faire, et ma nouvelle équipe l'USMS avait envoyé son secrétaire général pour négocier le rachat de mon contrat auprès de mon club, l'Olympique de Lyon. Le secrétaire général de l'USMS avait raconté des histoires aux Lyonnais, leur faisant croire que j'étais fini et que j'allais raccrocher. Je ne voulais pas revenir à Lyon. Cela s'est concrétisé. Lors de ces années-là j'ai joué contre le Brésil, et ce match est resté gravé dans ma mémoire car j'ai eu l'occasion de discuter avec Pelé qui m'avait dit de jouer à l'algérienne. J'avais répondu à Pelé que si le Brésil ne participait pas à la Coupe du monde, je ne m'y intéresserais pas et que je ne verrais aucun match à la télévision.» ----------------- Cela s'est passé ce jour-là * Une commission d'alphabétisation se réunit L'Algérie venait juste de sortir de 132 ans de colonisation, si l'on ne compte pas la colonisation par les Turcs. Parmi les priorités des responsables politiques de l'époque, l'alphabétisation. On reconnaissait que plus de 80% des Algériens ne savaient ni lire ni écrire. * Che Guevara invité au cercle des officiers Le Che était l'invité d'honneur des dirigeants. Il devait assister au match Algérie-Egypte. Il avait fait un saut en compagnie des responsables militaires au cercle des officiers. * Les cheminots inaugurent une stèle commémorative Ce jour-là, les cheminots inaugurent une stèle commémorative à l'occasion de la fête de l'indépendance de l'Algérie. * Le stade Bialès devient le stade Aït Saâda Le stade Bialès change de nom. Il portera désormais le nom d'un Algérien. Celui de Aït Saâda Mourad.