«Il m'a promis cette qualification pour le Mondial et je suis sûr qu'il tiendra sa parole.» Rabah Ziani aurait aimé être avec les Verts, à Khartoum, mais son cœur y est. Sa chair aussi, puisque son fils Karim est l'un des joueurs clés de l'EN. Nous l'avons appelé de Khartoum pour lui raconter l'ambiance qui y règne et lui demander ses impressions, à quelques heures du match. * Alors Rabah, comment avez-vous suivi le match du Caire ? Avec beaucoup de rage et d'espoir. J'étais pratiquement sûr qu'ils allaient tenir jusqu'au bout, puis vint ce but dans les arrêts de jeu. Mais ce n'est pas grave, car l'Egypte ne s'est pas qualifiée avec ce score. On est maintenant à égalité de points, et tout va se jouer équitablement au Soudan. * Cette fois, l'EN aura aussi son public et les hostilités vont diminuer. Tout est à notre avantage, n'est-ce pas ? C'est sûr que ce sera à notre avantage. Karim m'a dit au téléphone que les Soudanais les soutiennent comme s'ils étaient leurs propres joueurs. Ils défilent même dans les rues avec des drapeaux algériens. On ne pouvait pas espérer mieux. Le stade sera plein de supporteurs des Verts. * Vous a-t-il parlé de ce qu'ils ont vécu au Caire ? Et comment ! Il m'a appelé tout de suite pour me rassurer. Il sait que je m'inquiète pour lui et pour l'EN. Je n'aurais pas dormi si je ne lui avais pas parlé. Il m'a dit qu'ils l'ont échappé de justesse avec toutes ces pierres lancées sur leur bus. Ils ont même été agressés une seconde fois, mais c'était moins grave. Mais que voulez-vous faire avec de tels gens. C'est vraiment regrettable d'être reçu de la sorte. * Karim a terminé le match du Caire sur les rotules, tellement il était fatigué… Il ne s'en cache pas. Il a tenu à jouer ce match au risque d'aggraver sa blessure, mais je savais qu'il allait être sur le terrain parce qu'il a un mental d'acier. En plus, lorsqu'il s'agit de l'Algérie, Karim ne calcule pas. Il fonce droit devant. Dieu merci, il a réussi à jouer et c'est le plus important. Maintenant, c'est vrai qu'il n'en pouvait plus dans les dernières minutes. Il faut le comprendre, car il revient d'une déchirure musculaire et il manquait de compétition. Mais ne vous inquiétez pas, vous verrez le vrai Karim Ziani à Khartoum. * Il vous l'a promis ? En discutant avec mon fils, je sais avant le match s'il va bien jouer ou pas. Cette fois, je peux vous assurer qu'il ne fléchira pas. Il y a un élément important à souligner avant ce match. C'est que tous les joueurs de l'EN qui étaient un peu dans le même cas que Karim ont joué contre l'Egypte. Ils ont donc tous un match dans les jambes et ils connaissent très bien leur adversaire. Les Egyptiens ne vont pas changer leur jeu en quatre jours. Et tout le monde a bien vu qu'ils ne peuvent pas inquiéter nos joueurs sans la pression de leur public. * La preuve, c'est qu'ils n'ont rien fait après les 15 premières minutes et avant les toutes dernières, dans les arrêts de jeu… Exactement ! Les Egyptiens ont profité de deux moments de flottement pour inscrire leurs deux buts. Le premier d'entrée de jeu, alors que nos joueurs n'étaient pas encore entrés dans le match ; et le second après la sortie de Halliche et la fatigue de tous les joueurs qui revenaient de blessure. Ce n'était pas vraiment équitable. A Khartoum, ce sera un autre match, nettement plus équilibré et nos joueurs seront dans des conditions totalement favorables. C'est là qu'on verra le vrai visage de notre équipe. * Est-ce que Karim vous a dit dans quel état d'esprit il se trouve, ainsi que ses camarades, avant ce match ? Déjà en temps normal, Karim ne lâche rien sur un terrain. Maintenant qu'il s'agit d'un match comme celui-là, que toute l'Algérie attend avec le cœur serré, je ne vous dis pas. Mon fils, tout comme ses camarades, ont juré d'arracher la qualification. Pour défendre le drapeau algérien, Karim est prêt à laisser sa vie sur le terrain. Je vous jure qu'il se donnera totalement. Il m'a promis cette qualification pour le Mondial et je suis sûr qu'il tiendra sa parole. Entretien réalisé par Nacym Djender et Redouane Bouhanika