Il n'y a rien de plus fragiles que les actuels pourparlers entre Palestiniens et Israéliens. Toute discussion de paix serait vaine si les colonies juives continuent de se développer après la fin du moratoire qui arrive à échéance fin septembre. Néanmoins, officiellement, on laisse croire que Palestiniens et Israéliens discutent « sérieusement » mais dans un climat gelé en faisant du sur place. Le statut quo ! «Si la construction dans les colonies se poursuit, je cesserai les négociations», a averti M. Abbas. La condition sine qua none concernant le gel des constructions des colons en Cisjordanie n'est même pas encore abordée. Mais de l'avis de George Mitchell, l'envoyé spécial américain pour le Proche-Orient, « des progrès sont enregistrés » sur cette question entre le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou et le président palestinien Mahmoud Abbas qui se sont retrouvés mercredi dernier à Jérusalem avec la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton pour un nouveau round de négociations directes. Les déclarations du chef de l'Autorité palestinienne tranchent avec l'optimisme mesuré dont a fait preuve M. Mitchell. Le contentieux le plus pressant entre Israël et les Palestiniens porte sur la question de la fin du gel partiel israélien de la construction en Cisjordanie occupée, qui arrive à expiration à la fin du mois. «Les deux parties sont convenues que les négociateurs allaient poursuivre leurs discussions la semaine prochaine en vue de préparer le terrain à de nouveaux entretiens au niveau des dirigeants», a affirmé M. Mitchell. «Les discussions ont été productives», s'est félicité l'émissaire américain. Les deux dirigeants ne repoussent pas les questions difficiles à la fin de leurs discussions», a-t-il souligné. «Ils prennent à bras le corps toutes les questions qui sont au coeur du conflit israélo-palestinien. Nous considérons qu'il s'agit d'un signe fort de leur conviction que la paix est possible et de leur désir de parvenir à un accord», a ajouté M. Mitchell. «Les parties ont entamé des discussions sérieuses sur des questions de fond», a déclaré l'émissaire américain pour le Proche-Orient George Mitchell qui a accompagné Mme Clinton. Parmi les questions clés du conflit figurent les frontières d'un futur Etat palestinien, la sécurité d'Israël, le sort des réfugiés palestiniens, le statut de Jérusalem ou encore les colonies juives dans les territoires palestiniens. A Washington, le département d'Etat a exhorté Israéliens et Palestiniens à «accepter le fait qu'aucune partie n'obtiendra tout ce qu'elle veut», appelant les deux parties à «trouver des compromis sur des sujets sensibles». MM. Abbas et Netanyahu, qui n'ont pas fait de déclaration publique, ont eu deux rencontres en présence de Mme Clinton et de M. Mitchell qui doit rencontrer jeudi à Damas le président syrien Bachar al-Assad avant de se rendre à Beyrouth. Les négociations de paix directes, gelées depuis décembre 2008, ont été relancées le 2 septembre à Washington. MM. Netanyahu et Abbas ont convenu de se rencontrer tous les quinze jours. Ces pourparlers sous l'égide des Etats-Unis se déroulent dans un climat difficile à moins de deux semaines de l'expiration, le 26 septembre, du gel partiel de la colonisation juive dans les territoires palestiniens occupés, au coeur des tensions. Les Palestiniens veulent définir les frontières de leur futur Etat et aborder les questions du statut de Jérusalem et du droit au retour des réfugiés palestiniens. Pour Yasser Abed Rabbo, membre de la délégation palestinienne, les discussions de Charm el-Cheikh ont été «sérieuses». «Il y a eu un échange dans le détail des idées sur les questions relatives au statut final. Mais il existe encore de véritables obstacles qui requièrent davantage de négociations et de consultations, surtout l'insistance de la partie israélienne sur la colonisation», a-t-il déclaré dans un communiqué. Une nouvelle rencontre entre les équipes de négociateurs est prévue la semaine prochaine, a précisé M. Mitchell.