Le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exclu de prolonger le gel partiel de la colonisation juive. Tout laisse croire donc que les pourparlers de paix palestino-israéliens sont tombés à l'eau et que c'est encore une fois l'impasse. Mais, jusqu'à dimanche soir, les négociateurs tentaient de sauver la situation. L'administration américaine poursuivait jusqu'à la dernière minute ses efforts pour conjurer l'effondrement prématuré des discussions, moins d'un mois après leur lancement à Washington. C'était le 2 septembre 2010 avec le président Barack Obama. «Nous allons continuer d'exhoter, exhorter, et faire pression toute la journée pour obtenir une résolution» sur la question de la colonisation, a déclaré David Axelrod, principal conseiller du président américain Barack Obama, qui a solennellement appelé à la poursuite du moratoire ainsi que des pourparlers. Le conseiller a indiqué que la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton maintenait le dialogue entre les deux camps. Israël, qui s'est dit disposé à un «compromis agréé par toutes les parties» a signifié que le gel des nouvelles constructions dans les colonies, décrété il y a dix mois, ne serait pas reconduit tel quel au delà de dimanche. Et déjà dans la soirée, les représentants des colons ont jeté les fondations d'une crèche dans l'implantation de Kiryat Netafim, dans le nord de la Cisjordanie, à quelques heures de la fin du moratoire. Quelque 2.000 colons, ultras du Likoud et sympathisants ont également manifesté dans la colonie de Revava, près de Kiryat Natafim. Ils devaient lancer un compte à rebours géant au coucher du soleil. Officiellement, on admet du côté israélien que, les mises en chantier de plus de 1.500 logements, ayant obtenu tous les permis nécessaires des autorités israéliennes, peuvent commencer «immédiatement». Malgré ces signes d'une reprise imminente de la construction, le président palestinien Mahmoud Abbas a laissé entendre qu'il ne se retirerait pas aussitôt des négociations. Il a annoncé que la Ligue arabe tiendrait le 4 octobre à sa demande une réunion sur la poursuite des négociations, comme il précisé qu'il réunirait auparavant les instances de décision palestiniennes «pour discuter de la poursuite des négociations au regard de la décision du gouvernement israélien au sujet du moratoire sur la colonisation, qu'elle soit positive ou négative, soit la prolongation du moratoire soit la reprise de la colonisation». Le dirigeant palestinien a prévenu à maintes reprises qu'il exigeait pour continuer à négocier rien moins que la prorogation du moratoire. À Gaza, le Hamas, qui contrôle ce territoire, a qualifié les négociations de «crime contre le peuple palestinien». Les colons israéliens se préparaient donc dimanche à relancer la construction en Cisjordanie à l'expiration du gel dimanche à minuit alors que les Etats-Unis tentent toujours de trouver un compromis de dernière minute pour sauver les négociations de paix israélo-palestiniennes. Les colons disent avoir mobilisé des dizaines de bulldozers, prêts à redémarrer la construction dimanche soir en procédant, par ailleurs à la pose de la première pierre d'un nouveau quartier à Kiryat Netafim, une colonie du nord de la Cisjordanie, dès dimanche après-midi. Ces derniers avaient également l'intention de lancer un décompte géant dimanche soir, tandis que des militants du Likoud ont annoncé avoir affrété une centaine d'autobus qui doivent sillonner la Cisjordanie en signe de solidarité avec les colons.gel. Le ballet diplomatique Le secrétaire général de La Paix Maintenant, un mouvement anti-colonisation, Yariv Oppenheimer, a estimé que «le gel presque total de la construction prouve bien que le gouvernement dispose des moyens d'arrêter les colons». Les Etats-Unis, de leur côté, poursuivaient leurs efforts intensifs pour tenter de trouver in extremis un compromis. Afin de sauver les négociations directes qui ont repris le 2 septembre à Washington après 20 mois d'interruption, la communauté internationale -le président Obama en tête- a expressément demandé à M. Nétanyahou de prolonger son moratoire. Mais, Israël s'est dit «disposé à parvenir à un compromis agréé par toutes les parties» tout en répétant qu'«il ne saurait y avoir zéro construction» dans les colonies. Côté palestinien, le président Mahmoud Abbas, qui a le soutien de la Ligue arabe, a jusqu'à présent rejeté toute «solution partielle», tout compromis qui ne garantirait pas un «arrêt total» de la colonisation. Israël doit «choisir entre la paix et la poursuite de la colonisation», a affirmé samedi à la tribune de l'ONU le chef de l'Autorité palestinienne qui est arrivé dimanche à Paris. Il doit rencontrer lundi le président français Nicolas Sarkozy. Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a réaffirmé à Paris où il est arrivé dimanche, que les négociations de paix seraient «une perte de temps» si Israël ne prolongeait pas son moratoire sur la colonisation en Cisjordanie occupée qui prend fin ce dimanche à minuit. «Si Israël ne poursuit pas le gel de la colonisation, le processus de paix sera une perte de temps», a déclaré dimanche soir M. Abbas, en visite à Paris, à l'issue d'une rencontre avec une vingtaine de personnalités française juives. «Le comité central du Fatah, la direction palestinienne et le Comité exécutif de l'OLP vont se réunir pour discuter de la poursuite des négociations au regard de la décision du gouvernement israélien au sujet du moratoire sur la colonisation, qu'elle soit positive ou négative, soit la prolongation du moratoire, soit la reprise de la colonisation», avait-il dit. M. Abbas devait rencontrer lundi à Paris le président Nicolas Sarkozy et le Premier ministre François Fillon ainsi que le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Richard Prasquier. Il doit «rendre compte à M. Sarkozy des derniers résultats des efforts internationaux et américains pour inciter Israël à prolonger le moratoire sur la colonisation en tant que nécessité pour la poursuite des négociations», selon son porte-parole. L'association de défense des droits de l'Homme Human Right Watch (HRW), a appelé dimanche Israël à décider un gel «permanent et total» de la construction dans les colonies juives de Cisjordanie. «Israël devrait rendre permanent et total le gel partiel de la construction dans les colonies juives de Cisjordanie», souligne un communiqué de HRW. La communauté internationale, dont la France, a exhorté Israël à prolonger son moratoire sur les nouvelles constructions dans les colonies. Mais en vain. Ces nièmes pourparlers rompus d'une manière détournée par Israël semblent être ni plus ni moins qu'une mise en scène pour qu'Israël puisse aller chercher de nouveaux appuis sur le plan international.