1ère partie Docteur Abderrahmane MEBTOUL* La Faculté des Sciences économiques, des Sciences de gestion et des Sciences commerciales de l'Université d'Oran, a fait soutenir un travail de recherche approfondi mettant en relief différentes expériences historiques( pays développés et pays en transition), en comparaison avec l'expérience récente algérienne qui peut être utile pour les décideurs du pays, mémoire de magister de Mademoiselle Amina MOKRETAR AROUSSI, avec succès en ce début de novembre 2010, intitulé «Bilan, difficultés et perspectives de la privatisation des entreprises publiques », que j'ai eu l'honneur de diriger et d'encadrer, avec mon collègue et je puis dire avec fierté que mon ancien étudiant (l'élève pouvant souvent dépasser son maître). Bachir BOUNOUAR , Doyen de la Faculté des Sciences économiques, de gestion et des Sciences commerciales de l'Université d'Oran , présidé par notre collègue Habib BENBAYER, également mon ancien étudiant dans les années 1980 et dont je suis également fier de son ascension. Cela montre, à l'instar d'autres Facultés de toutes les régions du pays, un début de dynamisme dans la recherche appliquée au niveau des Sciences sociales, loin des schémas théoriques abstraits. Sujet que je connais assez bien, puisque déjà en1980 , j'ai été chargé par les autorités du pays à l'époque avec des cadres supérieurs de l'Etat, des Universitaires d ‘Alger et d' Oran (juristes, sociologues et économistes ) de diriger l'audit sur la place du secteur privé dans l'économie nationale, qui a conduit par la suite à bons nombres de textes législatifs entre 1984 et 1995 (10 volumes) et dont certaines parties ont été déposées à cette date aux Universités d'Alger et d'Oran, et enfin avoir été le président du Conseil national de la privatisation entre 1996/2000, mais n'avons jamais quitté l'Enseignement supérieur , ma racine de toujours depuis 1974. Je livre les axes stratégiques de ce travail de recherche, qui j'espère sera approfondi. 1.- Quelle politique industrielle pour l'Algérie ? Il convient de souligner au préalable, que faute d'une planification stratégique, depuis des années, les Lois de Finances, souvent modifiées par une complémentaire sont devenues une référence pour comprendre la politique socio-économique de l'Algérie. En matière de relance de l'industrie nationale, le programme d'actions du ministère de l'Industrie et de la Promotion des Investissements découle des orientations issues du document portant «Stratégie et politiques de relance et de développement industriels». Ce document prévoyait une action sur trois plans complémentaires : valorisation des ressources naturelles, densification du tissu industriel et promotion de nouvelles industries, en insistant sur le fait que le déploiement industriel, ne peut plus se confiner à la configuration actuelle des zones industrielles et devra obéir à une vision plus moderne et à des notions plus fécondes, telles que les Zones de développement industriel intégré (ZDII), les Technopoles ou les Zones spécialisées. Certains de ces espaces auraient été localisés et leur mise en place se ferait progressivement. Leur développement permettrait de créer des synergies en exploitant la concentration spatiale des activités économiques et en mettant en réseaux les entreprises, les établissements publics de régulation ainsi que les structures de recherche, de formation et d'expertise. Grâce aux synergies qui seraient ainsi créées, ces nouveaux espaces auraient pour effet d'engendrer un véritable microclimat d'affaires et d'intensifier l'investissement en continuant dans la politique d'encouragement des industries de substitution à l'importation, avec en parallèle le développement d'une industrie orientée vers l'exportation. Pour cela, un certain nombre d'activités industrielles auraient été identifiées, dont notamment l'agroalimentaire, les industries mécaniques, la mécanique de précision, l'électromécanique, l'électricité, la pétrochimie, la chimie organique et la pharmacie. Les secteurs de la pêche et du tourisme, jusqu'ici délaissés par les programmes publics, ont été intégrés à cette stratégie. Le choix porté sur ces secteurs serait justifié par le fait qu'ils présentent des avantages comparatifs face à la concurrence, ces branches étant soutenues par l'Etat en vue de les rendre plus compétitives. L'ex ministre de l'Industrie et de la Promotion des Investissements en 2009, se proposait de créer «treize Champions nationaux» implantés dans des secteurs aussi divers que la pétrochimie, la pharmacie, la sidérurgie ou le transport aérien, qui devaient naître de la fusion de plusieurs entreprises d'un même secteur, publiques ou privées, y compris des PME. Il était envisagé dans l'industrie pharmaceutique, un pôle d'entreprises qui pourrait être agrégé autour du groupe SAIDAL. Et dans le secteur de la mécanique, la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) jouerait ce rôle de fer de lance. Ce document est il suffisant et réaliste d'autant plus que l'ex ministre n'a pas donné de projets précis se limitant à des entités globales, ni un calendrier précis pour le lancement de ces nouveaux fleurons, ni précisé les moyens dont ils disposeront. Et se pose cette question : l'Algérie a-t-elle véritablement une stratégie industrielle ? Quelle est la stratégie des filières quelle est la place de la recherche développement ? Et les objectifs tracés pour le quinquennat 2010-2014, visant la promotion de 200.000 PME génératrices d'emplois productifs seront –ils atteints ? La restructuration du secteur public industriel et marchand permettra t –elle des programmes d'investissement, pour les transformer en véritables leviers économiques permettant l'émergence de secteurs dynamiques compétitifs dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux dont la prise en compte des industries écologiques et de l'épuisement des Hydrocarbures, car qu'adviendrait-il de toutes ces activités économiques fonctionnant au pétrole/gaz , si demain il y a pénurie devant raisonner non en termes de réserves, mais en termes de rentabilité économique , d'où l'urgence d'un nouveau modèle de consommation énergétique, dont l'avenir appartient aux énergies renouvelables. Par ailleurs, dans plusieurs déclarations officielles de ministres algériens entre 2008/2009, il a été question de la construction d'une voiture avec une intégration à 100% algérienne, qui serait un des axes de la nouvelle politique industrielle. Or, il s'agit de tenir compte que l'Algérie est en face à un marché mondial oligopolistique de production de voitures. A l'heure actuelle, les plus grandes multinationales sont Général Motors malgré sa restructuration récente, Toyota, Volkswagen et Nissan, qui depuis son alliance avec le constructeur français Renault, Chrysler, FIAT , Honda, Mitsubishi et Mazda et que les six premiers constructeurs mondiaux qui, tous, ont une capacité de production supérieure à quatre millions de véhicules, représentant 61 pour cent du marché mondial de l'automobile, suivis des sociétés Sud Coréennes Hyundai, Daewoo, Kia, Ssang Young et Samsung qui ont rejoint les rangs des constructeurs indépendants, capables de financer, de concevoir , de produire leurs propres véhicules, la Chine et l'Inde s'étant lancées récemment dans des gammes de voitures compétitives en partenariat . Aussi, si l'on veut le gaspillage des ressources financières, cela suppose que l'on réponde au moins à six questions : construit-on actuellement une usine de voitures pour un marché local régional, ou mondial, afin de garantir la rentabilité financière face à la concurrence internationale ? Cette filière n'est –elle pas internationalisée des sous segments s'imbriquant au niveau mondial et une intégration à 80/100% est –elle possible pour l'Algérie ? La production locale sera-t-elle concurrentielle en termes du couple coûts/qualités dans le cadre de la logique des valeurs internationales ? Et qu'en sera t-il de la technologie adoptée au moment où au niveau mondial se développe les voitures dites propres. Par ailleurs, c'est comme un parfum ou un habit griffé, le consommateur achète également la marque, comment s'appellera la voiture algérienne ? La demande étant fonction du pouvoir d'achat, avec le nivellement par le bas des couches moyennes trouvera t- on acquéreur au niveau local et le gouvernement algérien ne sera t –il pas contraint d'avoir au recours à nouveau au crédit à la consommation du fait de la détérioration du pouvoir d'achat des ménages, supposant que plus de 80% de la population active algérienne touche un revenu moyen inférieur à 25.000 dinars ? Cette industrie étant devenue capitalistique, quel est le nombre d'emplois directs et indirects créés, puisque qu'un certain nombre d'empois indirects restent les mêmes (garages, magasins) ? L'Algérie a-t-elle la qualification nécessaire tenant compte des nouvelles technologies appliquées à l'automobile, cela s'appliquant à tous les autres segments industriels, et d'un réseau dense de PMI/PME devant passer par une innovation interne soutenue et des partenariats bien ciblés qui ramènent la technologie et le savoir-faire ? Dès lors, comment rendre performent par une mise à niveau plus de 90% des entreprises, en majorité des PMI/PME estimées par le ministère de tutelle à 431.200 fin 2009 (contre 320.000 en 2007), sur un total de 593.000 employant 1.490.00 personnes contribuant à 48%de la valeur ajoutée, ayant peu de savoir faire managérial et technologique , et qui de surcroît, ne sont pas insérées dans le cadre des valeurs internationales comme le montrent les données au niveau du registre national du commerce pour fin 2008, la structuration des entreprise y compris publiques étant la suivante : - 49,90 % personnel -32,14 % SNC -13,32 % SARL -4,64 % SPA dont Sonatrach et Sonelgaz. En effet, 4 à 5 pc des 593.000 entreprises disposent d'un site web, les sociétés spécialisées dans la création de sites Internet représentant moins de 1 pc et la Certification aux normes internationales (systèmes de management ISO 9001, ISO 22000, ISO 14000) étant négligeable ? Et même si les pays développés et émergents ouvraient leurs portes aux produits algériens qu'exporterait l'Algérie, en dehors des Hydrocarbures, tenant compte de la concurrence internationale ? Et surtout l'Algérie a-t-elle un système financier adéquat qui réponde à la nouvelle logique industrielle, car sans réformes de ce système, actuellement se limitant à une redistribution de la rente donc un enjeu de pouvoir, impulser des secteurs restructurent constitue un mythe. D'où l'importance de se mettre au diapason des normes internationales boursières et bancaires dont l'extension du Crédit-bail souvent considéré comme un substitut de l'endettement tant des entreprises que des particuliers écartés des formes traditionnelles d'emprunt en raison de leurs risques. En effet, les Petites et Moyennes Entreprises (PME) jouent un rôle vital dans le développement économique et sont souvent confrontées à plusieurs défis en matière de croissance, qui varient des environnements macroéconomiques peu favorables aux barrières administratives et à la bureaucratie, le plus grand obstacle demeurant leurs capacités limitées à avoir accès aux services financiers. Les financements bancaires à long terme habituels sont généralement inaccessibles pour les PME, faute de garanties, ce qui rend les actifs mobiliers peu sûrs pour l'accès au crédit. Cette situation, ajoutée au niveau élevé des coûts de transaction liés à l'obligation de vigilance, amène les banques commerciales à continuer de privilégier les prêts aux marges, les entreprises bien établies. Comme d'ailleurs, il faudrait songer à impulser le marché de la Finance islamique dont récemment les USA et la France, viennent de lui accorder une importance stratégique, ayant bien résisté à la crise mondiale et ayant atteint au niveau mondial les 1.000 milliards de dollars dès 2010 et étant appelé à croitre. D''ailleurs certains savants musulmans ont pu émettre l'idée du cycle de l'investissement concernant la durée de détention d'un titre de société intervenant par exemple dans le domaine agricole, qui correspond au temps nécessaire pour semer, récolter et commercialiser, la décision de vente du titre, étant alors justifiée par une véritable stratégie d'investissement mesurée par le retour sur investissement post cycle de récolte. L'objectif de la réforme du système financier afin de dynamiser les secteurs à valeur ajoutée et donc la condition d'accompagnement de la politique industrielle, afin de promouvoir l'investissement dans des actifs tangibles, les investissements devant être adossés à des actifs réels, le banquier ne devant pas être seulement prêteurs, mais co-investisseurs et partenaires du projet financé, ses revenus correspondant à une quote-part des résultats issus du projet financé, permettent d'atténuer le risque, selon le principe des 3P (Partage des Pertes et Profits) .