L'automédication est un «véritable problème» auquel il faut faire face par l'éducation des malades, a indiqué jeudi à Alger le Dr Smail Benkaidali, chef de service dermatologie au CHU Mustapha-Pacha et président de la Société algérienne de dermatologie. «Il faut qu'on arrive à éduquer notre population à ne pas prendre de médicaments n'importe où, n'importe quand et pour n'importe quoi. Cela peut-être grave à la santé, parfois mortel (...)», a déclaré le Dr Benkaidali à l'APS, en marge des travaux du 25e congrès national de dermatologie, expliquant que les conséquences liées à ce problème qui prend de l'ampleur, «peuvent aussi coûter cher à l'économie du pays». «Je pense qu'aujourd'hui le capital médical du pays est important et les malades devraient avoir le réflexe d'aller consulter le médecin du quartier, du dispensaire, de la famille ou autre», a-t-il ajouté, insistant sur le fait que l'essentiel est qu'»on cesse de conseiller certains médicaments en officine». «Qu'on donne des molécules ou vendre des cosmétiques cela est possible, et ne présente pas de danger, mais il y a certains médicaments qui sont strictement interdits d'être distribués sans ordonnance. Il doit y avoir une réglementation stricte et rigoureuse», a-t-il encore souligné, attirant l'attention sur le vide juridique qui existe concernant l'automédication, à laquelle ont recours beaucoup de personnes faute de ressources financières pour se faire suivre par un spécialiste. «Je saisis l'occasion pour interpeller les pouvoirs publics et attirer leurs attention sur les personnes atteintes de maladies dermatologiques et qui n'ont pas de ressources, des veuves, des orphelins et des personnes qui n'ont pas de travail et ont le malheur d'avoir des maladies dermatologiques chroniques», a-t-il déclaré, à ce propos. «On devrait procéder à un recensement de ces malades par le biais des médecins et des Assemblées populaires communales et trouver des mécanismes et d'autres systèmes pour qu'elles puissent être prises en charge convenablement sur le plan médicale», a précisé M. Benkaidali. L'automédication est un problème qu'il ne faut pas banaliser car il peut être à l'origine du retard dans le diagnostic d'une maladie dermatologique, qui «s'avèrera grave», a indiqué pour sa part, le Dr Ait Belkacem Farid, dermatologue. «C'est un problème qu'il ne faut pas ignorer et qu'il faut prendre au sérieux. Il peut être à l'origine d'autres problèmes de santé plus complexes. Il y a des malades chroniques qu'on ne voit et qu'on ne découvre que tardivement», a-t-il relevé. «La sensibilisation du malade est primordiale. Il faut amener le patient à consulter, ce qui nous évitera de découvrir des cancers dans leurs dernières phases. S'il y a un message à faire passer, lors de ce congrès, est celui de mettre l'accent sur l'éducation du malade et sa sensibilisation sur les dangers de l'automédication», a-t-il conclu. Les réactions médicamenteuses est l'un des principaux thèmes inscrits à l'ordre du jour du 25e Congrès national de dermatologie, en plus de la thématique sur les lymphomes cutanés, les ulcères digitaux, diagnostic et prise en charge de l'alopécie chez la femme et traitement chirurgical de l'ongle incarné.