Les experts participant à la rencontre sur les villes nouvelles ont appelé jeudi à Alger à impulser la participation citoyenne dès la conception de ces villes et à promouvoir un partenariat public-privé pour l'accélération de leur rythme de réalisation. Les participants de cette rencontre, organisée par le ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, ont souligné la nécessité de «la concrétisation de la volonté politique de création des villes nouvelles à travers un cadre organisationnel, financier et managérial adapté au contexte national et à l'exigence de la maîtrise de l'expansion urbaine». Pour réaliser cet objectif, les experts ont recommandé la promotion et l'organisation d'un partenariat interinstitutionnel (ministères, collectivités locales, organismes financiers, d'études et de recherche, etc.) et un partenariat public-privé. Le gouvernement doit également mettre en place un dispositif fiscal et parafiscal pour l'attractivité des territoires des villes nouvelles, notamment celles des Hauts plateaux et du Sud. Selon les recommandations des participants, il faut veiller à l'adoption «pour le meilleur délais» des plans d'aménagement des villes nouvelles, revoir le mode d'évaluation du foncier et l'adapter aux réalités socio-économiques du site afin de faire adhérer les habitants au projet de la réalisation de la ville nouvelle. Il est aussi «impératif» de développer une architecture «de qualité» et des formes urbaines adaptées au contexte local et donner «une âme identitaire algérienne» à chacune des villes nouvelles. Estimant le défi de la maîtrise de l'expansion urbaine «un enjeu majeur», les experts préconisent d'accélérer la mise en place de l'observatoire nationale de la ville et le développement de l'information statistique sur le système urbain, l'urbanisation et les migrations. L'Algérie soufre d'une expansion urbaine «incontrôlée», d'un étalement «non maîtrisé» des grandes villes, du «non-respect» par les différents acteurs des études d'aménagement et de «l'insuffisance» de coordination des services publics qui veillent sur l'acte d'aménager et celui de bâtir, ont, par ailleurs, déploré les experts. Ils ont relevé également une participation «insuffisante» des citoyens lors de la mise en œuvre des plans d'aménagement appelant à impulser la participation citoyenne dès la conception et durant la phase d'édification. L'Algérie compte créer cinq villes nouvelles «Les villes nouvelles doivent être de véritables références en matière de renouveau urbain, de savoir-faire et de bonne gouvernance», ont noté les participants qui ont mis l'accent sur l'importance de développer des incubateurs et des pôles d'excellences et le partage des expériences dans l'ensemble des villes nouvelles. L'Algérie prévoie la création de cinq villes nouvelles à Sidi Abdellah (Alger), Bouinan (Blida), Boughezoul (Médéa), Hassi Messaoud (Ouargla) et El Ménéa (Ghardaïa). La Ville Nouvelle de Sidi Abdellah sera dédié aux technologies de l'information et de la télécommunication, à la formation et la recherche universitaire, ainsi qu'aux technologies avancées, alors que Bouinan sera une ville de sciences du vivant et biotechnologies, une ville des sports et une Cité Jardin. La Ville Nouvelle de Boughezoul sera un pôle de développement équilibré des hauts palataux, de compétitivité et une ville de haute qualité environnementale. Quant à la Ville Nouvelle de Hassi Messaoud, elle sera consacrée à l'industrie et la recherche dans les hydrocarbures. De son coté, El Ménéa constituera un siège des activités touristiques, culturelles, commerciales et artisanales et de loisirs. Ces villes ont été créées officiellement entre 2004 et 2008, mais les travaux de réalisation peinent à prendre de la vitesse. Le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune a annoncé jeudi que d'autres villes nouvelles seront créées après la révision du le schéma national de l'aménagement du territoire (SNAT). A cet égard, le ministère compte organiser prochainement une rencontre d'experts pour revoir et enrichir ce schéma. M. Tebboune estime que le nombre actuel des villes nouvelles est insuffisant pour résoudre la problématique de l'aménagement du territoire en Algérie, soulignant la nécessité de s'orienter vers le sud pour un meilleur équilibre territorial. «Il est temps de créer d'autre villes nouvelles car toutes les conditions nécessaires pour un aménagement équilibré du territoire sont présentes», a-t-il déclaré lors de la clôture de la rencontre sur les villes nouvelles. Ces entités urbaines permettront de freiner et rééquilibrer la littoralisation, redéployer les populations et les surcharges du littoral vers les Hauts plateaux et les régions du Sud, desserrer la pression autour des grandes villes du Nord, développer et renforcer l'attractivité et la compétitivité des territoires, a-t-il ajouté. Selon lui, les grandes réserves en eau, l'important potentiel en énergie et le réseau des transports qui couvre toutes les régions du pays, sont des éléments clé pour la création de nouveaux pôles urbains dans des zones «éloignées et non valorisées» à l'heure actuelle mais qui seront à l'avenir un exemple à suivre pour les autres villes en matière d'urbanisme.