Lancé en 1995, le Processus de Barcelone ou Euromed, a pris un nouveau nom : l'Union pour la Méditerranée. Ce projet a été discuté ce jeudi à Alger par les ministres des A.E des Etats membres où d'ailleurs la diplomatie algérienne a émis de sérieuses et préoccupantes réserves (Israël : membre ; siège de l'Union ; financement etc.…). L'UPM risque bien d'être plus compliquée que prévu à mettre en œuvre. L'Union pour la Méditerranée est née, vive la Méditerranée mais au fait…une Union pour quoi faire ? La question est posée par bon nombre d'économistes. Le maître-mot de l'Union pour la Méditerranée est de rapprocher les deux rives en développant une zone de libre-échange comme il en existe dans d'autres grands pôles géostratégiques sur la planète. En Amérique latine avec le Mercosur ou en Asie avec l'ASEAN. Seulement voilà, le modèle n'est pas forcément transposable à une région où sévit le conflit proche-oriental, où s'aggrave la crise libanaise et où la menace nucléaire d'Israël fait maintenant partie du proche voisinage.L'Union pour la Méditerranée telle qu'elle est présentée aux 27, s'étendra jusqu'en 2010 autour de projets très concrets. Priorité est donnée au domaine environnemental et scientifique : lutte contre les aléas climatiques, dépollution de la mer Méditerranée, agroalimentaire, énergie solaire. L'autre grand volet sera consacré à l'éducation et aux échanges culturels. Le message sous-jacent n'est pas difficile à décrypter, l'Europe cherche à enrayer l'immigration clandestine en développant la prospérité à la source. Les 27 en tireront l'immense bénéfice de dynamiser une Europe vieillissante et en manque de main d'œuvre. Les pays du Sud sont des pays jeunes (à fort taux de populations en dessous de 35 ans) aujourd'hui encore en pleine expansion démographique. A lui seul, le Maghreb compte déjà 85 millions d'habitants. Elargi à la totalité des pays du projet d'Union pour la Méditerranée, la manne passe à 140 millions. De l'avis d'experts, ce peut être soit une chance en créant un vrai réservoir de co-prospérité soit un véritable frein régional. Il suffit de constater les chiffres existants. Les Etats-Unis consacrent actuellement 20% de leurs investissements directs dans leur " Sud ", l'Union européenne seulement 2%. Au lieu de réduire le déficit entre pays du Sud, l'ancien Processus de Barcelone a eu des effets catastrophiques. L'Europe espérait que l'émergence de classes moyennes allait enrichir et favoriser le développement de l'économie locale. C'est en fait l'importation de produits manufacturés venant du Nord qui a primé. Du coup, les supermarchés ont fleuri dans les plus grandes villes du Maghreb, détruisant les investissements à long terme de type céréaliers au profit de minuscules entreprises de fruits et d'agrumes peu profitables car facilement délocalisables ! Mais, il n'est pas trop tard pour rééquilibrer les choses et faire fructifier le bassin méditerranéen. L'économie globalisée confronte Bruxelles à l'offensive des nouveaux mastodontes, la Chine et l'Inde en priorité. L'ampleur des investissements chinois rien qu'en Afrique du Sud, peut déjà indiquer d'éventuels scénarios ! On parle de restructurer les mécanismes de l'ancien Processus de Barcelone (plus de dix milliards d'euros), on parle aussi de nombreux fonds privés dont la liste n'est pas encore consultable, on parle enfin et de façon beaucoup plus sûre de l'intervention de la Banque européenne de développement, de la Banque mondiale, et même de la Ligue des pays arabes.