Quel rôle pour les assurances dans la prévention des catastrophes naturelles. Pour M. Jean François Lemoux, directeur général international Groupama, il s'agit, pour les assureurs, de veiller "à influencer le contexte commercial en sensibilisant les dirigeants. Au niveau industriel, cela veut dire, saisir les opportunités en développant de nouveaux marchés ou de nouveaux produits qui favorisent la protection du climat".Il fau dire que les risques majeurs se multiplient,poussés par le réchauffement climatique. Une croissance qui a été suivie par le secteur des assurances, puisqu'il y a une augmentation des dommages assurés résultant des catastrophes naturelles. Les dommages importants engendrés, entre autres, par l'ouragan Andrew en Floride en 1992, par les tempêtes Lothar et Martin en Europe en 1999 ou par l'ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans en 2005, ont largement sollicité les capacités financières du marché international de la réassurance, et conduit à une diminution substantielle de la disponibilité d'assurances contre les catastrophes au cours des dernières années. En 2007, le réassureur Swiss Re a recensé 142 catastrophes naturelles dans le monde, pour des dommages économiques totaux de 63,7 milliards de dollars, dont 23,3 milliards étaient assurés (donc un tiers des dommages étaient assurés). Comme en témoignent les chiffres de l'année 2007, la charge financière des catastrophes naturelles est extrêmement lourde pour les assureurs et les réassureurs. Par conséquent, ces dernières années, la menace d'une méga-catastrophe frappant une zone habitée majeure a profondément modifié l'environnement assurantiel.Aujourd'hui, de nombreux assureurs et réassureurs indiquent qu'ils ne peuvent continuer à fournir le même niveau de garantie contre les ouragans, les inondations et les séismes, sans encourir un risque excessif d'insolvabilité ou des pertes substantielles de capital. La gestion financière du risque de catastrophe naturelle est problématique pour le secteur.Les assureurs font face à un risque corrélé à la fois dans le temps et dans l'espace. Ce qui crée des problèmes de répartition des risques tant géographiques que temporels. La modélisation a permis de progresser dans "l'assurabilité" de ces risques ; mais comme ces techniques de modélisation se fondent sur des données historiques, que faire si le passé n'est plus une bonne base pour établir des prévisions pour l'avenir ? Il importe donc de mettre l'accent sur la recherche et d'adapter les modèles. Dans la branche Responsabilité civile, les actions en responsabilité civile liées au réchauffement planétaire ne cessent de se multiplier avec un impact potentiellement élevé. Dans la branche Vie et Santé, les conséquences sont bien moindres au niveau mondial non pas parce que le taux de mortalité et de morbidité n'est pas impacté, mais parce que les retombées négatives affectent une population majoritairement non assurée, comme les personnes âgées et pauvres ou les pays en développement. Il apparaît clairement que la charge financière des risques de catastrophes naturelles ne peut être supportée exclusivement par les compagnies d'assurance privées. En revanche, il est possible de surmonter certains des grands obstacles à "l'assurabilité" par une intervention volontaire du secteur public. La puissance publique peut jouer un rôle fondamental, en mettant en place le dispositif juridique utile, en subventionnant l'assurance au profit des bénéficiaires et en acceptant un rôle de réassureur de dernier ressort. De son côté, le secteur assurantiel privé dispose des compétences techniques nécessaires pour mettre en place des mécanismes d'évaluation et des services efficaces de règlement des sinistres. Il convient d'insister de nouveau sur la pertinence d'une approche intégrée de la gestion des catastrophes reposant sur l'assurance, la prévention, l'atténuation des risques, l'indemnisation et un partenariat étroit entre les secteurs public et privé. Car c'est bien sur la base de ce partenariat public-privé que le secteur international de l'assurance et de la réassurance peut être en mesure de jouer un rôle central dans la gestion future des risques naturels.