De nombreux usagers en sont convaincus, à Jijel, de nouveaux plans de transports et de circulation sont nécessaires au regard de l'expansion de la ville et de son développement tous azimuts. En l'espace d'une décennie, la population a en effet plus que doublé, passant d'un peu moins de 80.000 habitants à 160.000 âmes, en attendant les chiffres officiels du récent Recensement général de la population et de l'habitat (RGPH). Rien que pour la saison estivale qui vient de s'achever la cité littorale a montré ses limites en matière de transports et de circulation automobile, révélant "pas mal d'insuffisances et de dysfonctionnements", souligne Slimane T., chauffeur de taxi. Carences qui pourraient, selon lui, être allégées sinon réglées à moyen ou à long terme, par le truchement de nouveaux plans de transport et de circulation en adéquation avec le nouveau contexte socio-économique global. Une donne que les pouvoirs publics ont dûment pris en charge puisque dans le domaine des transports, le programme présidentiel complémentaire alloué à la wilaya de Jijel a prévu une enveloppe destinée à une étude du plan de transport de la wilaya et d'un plan de circulation routière pour la ville de Jijel. D'une superficie de 62 km⊃2;, la commune de Jijel semble souffrir encore du manque de voies de communication urbaines pour relier les quartiers entre eux. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, pour aller, par exemple, du quartier d'El Akabi - où se trouve la grande Maison de la culture- au quartier mitoyen de "village Moussa", il faut transiter par la à route nationale N° 43. Par ailleurs, un grand nombre de voies de communication implantées dans des nouvelles cités d'habitation restent peu ou mal empruntées par les usagers de la route, ou encore non desservies par les moyens de transports publics de voyageurs. Il faut signaler que depuis son érection au rang de chef-lieu de wilaya en 1974, la ville de Jijel a vu son réseau routier intra-muros se développer très lentement, à contre-courant de l'urbanisation effrénée qui a laissé pousser, dans un paysage naguère vierge, des maisons d'habitation et autres constructions en filigrane de l'exode rural et d'autres facteurs endogènes et exogènes. Certains quartiers périphériques se sont créés ex nihilo, faisant fi des instruments d'urbanisation et plans d'aménagement du territoire ou d'occupation des sols. Ces "quartiers-champignons" se débattent aujourd'hui dans des problèmes auxquels les pouvoirs publics tentent de remédier par le biais d'opérations d'amélioration urbaine. Si certains paramètres et indicateurs relatifs au nombre de véhicules en circulation en ville et ses environs ne sont pas avancés, il n'en demeure pas moins que le tissu urbain présente une saturation certaine. Avec la "démocratisation" de l'automobile, au gré de la formule de paiement par facilité, le parc auto a pris l'ascenseur en un laps de temps très court, donnant l'impression qu'il y a plus de voiture en circulation que d'êtres humains ! L'ouverture de points de ventes et de concessionnaires, sur place, a boosté le marché de l'automobile et des moyens de transports publics et individuels en dépit de la taxe imposée récemment sur l'acquisition de ces engins motorisés. La circulation a augmenté crescendo avec la croissance démographique et celle du niveau de vie en relation avec le revenu des ménages. Selon le bureau de la circulation automobile de la wilaya de Jijel, il y a eu plus de 45.000 voitures (toutes catégories confondues) en circulation en 2007 à travers la wilaya. Ce chiffre a, sans doute, nettement augmenté entre temps. La ville de Jijel a tenté à deux reprises, au cours des dernières décennies, de se doter et de se familiariser avec des feux tricolores pour réglementer la circulation automobile, mais en vain. Ces dispositifs qui n'ont pas été "adoptés" par les usagers, sont tombés aux oubliettes et devenus obsolètes, seuls des supports avec des feux inopérants font actuellement office de pièces de musée. A présent, la cité ressent l'impérieuse nécessité de tels équipements pour mieux "naviguer" de jour comme de nuit, été comme hiver. La réalisation d'une trémie sur les trois proposées dans des carrefours et endroits névralgiques de la ville, est également apparue comme une nécessité incontournable. Un premier projet concernant le quartier "Camp chevalier" a été déjà décidé par les pouvoirs publics locaux dans la perspective d'alléger les souffrances de la ville qui a eu maille à partir, l'été dernier, avec des encombrements répétés au grand dam des services chargés de réglementer la circulation. Cette première trémie sera réalisée au croisement du boulevard Kaoula et la rue Bouketta au niveau de la nouvelle ville. D'une autorisation de programme de 200 millions de Dinars, l'ouvrage, d'une largeur de 10,5 mètres, aura une longueur de 120 m, dont 27 m couverts. Installée sur une fondation en radier général, la trémie sera couverte par un tablier en béton armé, qui sera à une hauteur de 4,65 m de la chaussée souterraine, selon une fiche technique du projet. Un projet similaire pourrait toucher un autre site, celui de "Baba Arroudj" qui absorbe un important trafic quotidien de véhicules légers. Ainsi, l'explosion ahurissante du parc automobile, ces dernières années, a rendu la circulation, dans de nombreux axes de la ville de Jijel un véritable tracas, voire en période hivernale. Avec la réalisation à un stade avancé du projet de contournement sur 14 km linéaires, la ville de Jijel respirera mieux "prochainement" : les poids lourds ne transiteront plus par les axes routiers urbains, notamment le boulevard Rouibah Hocine, fréquemment utilisé par les camions de gros tonnage. Le volet des infrastructures de base qui a pris quelque retard, semble, en tout état de cause, se rattraper ces dernières années par le lancement sur le terrain de nombreux projets d'utilité publique.