L'Opep a décidé, à l'issue de sa 149e réunion à Vienne où se trouve son siège, de réduire sa production en retirant 520 000 barils par jour du marché pour enrayer la chute du prix du pétrole brut, tombé brièvement sous les 100 dollars le barilDans la pratique, elle a décidé de revenir "aux quotas de septembre 2007", ce qui équivaut à "28,8 millions de barils par jour en excluant l'Indonésie" qui quitte le cartel. L'Opep a donc décidé d'éliminer son énorme excès de production pour éviter une baisse brutale des prix, a expliqué son secrétaire général, Abdallah Al-Badri, lors d'une conférence de presse hier au siège de l'organisation à Vienne. Lors d'une réunion nocturne mardi, au moment où les prix du pétrole brut retombaient sous la barre symbolique des 100 dollars, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) "s'est concentrée sur son intérêt et celui de ses membres", et a décidé d' "éliminer" son "énorme" excédent de production, a-t-il expliqué. "Le marché chutait brutalement et j'espère qu'il va se détendre maintenant" et que les fluctuations des prix vont s'amenuiser, a-t-il ajouté. La décision a surpris des opérateurs qui s'attendaient à une baisse de la production plus étalée dans le temps. En effet, le chef de file de l'Opep, l'Arabie saoudite, s'était dite satisfaite de l'approvisionnement du marché, laissant entendre que le niveau de production n'avait pas besoin d'être modifié. Le ministre saoudien de l'Energie confiait qu'il avait "travaillé dur pour ramener les prix à leur niveau actuel". M. Al-Nouaïmi rappelait qu'en décidant unilatéralement de mettre plus de 600 000 barils supplémentaires sur le marché au printemps, Riyad avait fortement contribué à la chute des prix. Conjuguée au ralentissement économique mondial, cette injection d'or noir a ramené le baril de 147 dollars mi-juillet à moins de 105 dollars. La décision est donc un camouflet pour l'Arabie saoudite et, à l'inverse, elle signe la victoire du clan "dur" de l'Organisati on, emmené par l'Iran et le Venezuela. Ce dernier avait annoncé au début de la réunion que l'Opep allait demander aux pays dépassant leur quota officiel de faire preuve de discipline et a donc obtenu gain de cause. Dans le fond, c'est la définition d'un juste prix de l'or noir qui divise l'Opep. Le royaume saoudien semble se satisfaire d'un baril à moins de 100 dollars, surtout si l'appréciation de la devise américaine gonfle son pouvoir d'achat. A ce prix, il permet encore un bon retour sur l'investissement. Pour d'autres pays comme l'Iran et le Venezuela, ce seuil des 100 dollars est au contraire une ligne de défense qu'il faut tenir coûte que coûte, notamment pour financer leur politique sociale. Toujours est-il, l'Opep a marqué des points face aux pays industrialisés. La présence à Vienne d'Igor Setchine, le vice-Premier ministre russe chargé de l'Industrie et président du groupe pétrolier Rosneft, a aussi montré la volonté de Moscou de se rapprocher du cartel. Sans pour autant se porter candidat comme treizième membre après le départ confirmé de l'Indonésie. L'Opep a, en effet, officialisé lors de cette réunion le départ de l'Indonésie du cartel, annoncé en mai, car elle est devenue importatrice nette. L'Indonésie produit 870.000 barils par jour sur un total de 29,67 millions pour les 12 pays membres soumis à des quotas, l'Irak étant exclu de ce système. Son départ est plus que compensé par l'arrivée de l'Angola (1,85 mbj) et de l'Equateur (500.000 barils par jour). L'Opep tiendra sa prochaine réunion le 17 décembre à Oran, en Algérie.