Quarante ans après le premier festival panafricain d'Alger, nos responsables ont décidé de refaire l'expérience de ce rendez-vous qui s'est tenu en 1969, dans un contexte très particulier. Contexte particulier parce qu'à cette époque, les contrées africaines sortaient une à une des longues nuits coloniales. Après tout était à faire.C'était à Alger que devait se réunir responsables politiques, artistes, littéraires intellectuelles africains, pour voir et décider ensemble de l'avenir du continent. De ce rendez-vous historique dont l'orientation était à la fois culturelle et politique, est sorti un long métrage documentaire largement méconnu de William Klein. Tourné en juillet 1969 au plus près des artistes et des troupes d'un festival resté dans les annales, le film se nourrit d'archives des luttes d'indépendance et d'entretiens avec des représentants de mouvements de libération (MPLA, PAIGC, Frelimo, ANC), mais aussi d'écrivains et d'essayistes africains ou caribéens comme le poète haïtien René Depestre ou le linguiste sénégalais Pathé Diagne. Le festival panafricain de 69 donnait à voir un impressionnant public d'hommes, de femmes et d'enfants curieux et enjoués, se termine par une séquence flamboyante avec Myriam Makeba, suivie par une improvisation du sextet d'Archie Shepp gagné par la fièvre de percussions et de ghaïtas d'un ensemble de musiciens algériens. Le second festival panafricain d'Alger qui est prévu entre le 15 et le 21 juillet 2009 se passera dans un tout autre contexte. La rencontre qui sera grandiose concerne en premier lieu le continent africain à la recherche de son identité dans un monde unipolaire de plus en plus tourné vers la mondialisation. L'Afrique doit s'agripper à la machine du monde et s'en donner les moyens si toutefois elle refuse de ne pas rester en arrière. C'est de la façon dont l'avenir du continent sera regardé ensemble qu'il s'agira lors de cette seconde édition qui sera présidée par le Chef du gouvernement lui-même, Ahmed Ouyahia. C'est dire tout le caractère politique, économique et culturel que revêt d'ores et déjà cette manifestation où il y aura fort à faire pour convaincre de se mettre sur le même fil d'idées et pour ne pas faillir à la vitesse des autres continents. D'ailleurs, une table ronde sur les institutions culturelles en Afrique s'est tenue à Alger, pour ouvrir les premiers débats sur l'organisation de ce festival. La ministre de la Culture, Khalida Toumi avait lancé l'idée de la création d'un musée et d'une institution pour la culture en Afrique, estimant que "le festival panafricain de juillet prochain devrait marquer un renouveau de la création culturelle dans le continent." En outre, la ministre a ajouté que le Comité national chargé de l'organisation de ce festival coïncidera avec la date symbolique du 05 juillet, fête nationale de l'Indépendance et de la Jeunesse. Pour sa part, la présidente de la table ronde, Bience Gawanas, de l'Union africaine, a mis l'accent sur la "collaboration entre les institutions et la société civile, notamment les organisations non gouvernementales qui prendront part au festival".Bien sure que cette rencontre fera découvrir au public le gros des créations artistiques et littéraire puisque le programme qui y prévu sera fait d'animations de troupes folkloriques, un panorama du cinéma africain, des conférences, colloques et séminaires ainsi qu'un salon du livre et des expositions. Un rendez vous qui veut rapprocher les contrées africaines en ouvrant les portes des partages des cultures.