Le coton n'en finit pas de baisser. La semaine dernière, le cours fixé à New York est tombé à son plus bas niveau depuis 2005, au-dessous du seuil des 45 cents la livre pour le contrat de décembre 2008. Il ne faut pas compter sur ceux qui l'ont porté artificiellement au firmament, au mois de mars 2008, pour redresser la barre : ils se sont volatilisés. Ce sont les fonds, les investisseurs qui ont accéléré la liquidation de leurs positions acheteuses quand la débâcle financière s'est déclenchée à la mi-septembre 2008. Sur le marché du coton, les fondamentaux ont repris le dessus pour tirer les cours vers le dessous.Comme l'automobile ou la sidérurgie, le textile est touché de plein fouet par la crise économique. Ce qui explique le très net ralentissement de la demande. Avec la baisse des prix, les filateurs perdent aujourd'hui de l'argent. Plus personne ne veut du filet qu'ils ont produit avec du coton à 70 cents la livre. C'est pourquoi, malgré la baisse, aucun d'entre eux ne s'engage sur le moyen terme. Cette industrie étant largement localisée dans les pays émergents, elle est de surcroît lourdement pénalisée par la crise du crédit qui affecte ces pays. Comment un industriel peut-il espérer une lettre de crédit lorsqu'il est installé au Pakistan, un Etat en situation de faillite ? En Indonésie, les banques locales qui demandaient 10 % des fonds avancés pour ouvrir une lettre de crédit exigent aujourd'hui 100 %.Mais la déprime reste toujours beaucoup plus le coton africain.Mal ou carrément pas payés, les coton-culteurs ont jeté l'éponge. Ils ont abandonné cette culture qui ne semble plus tenir ses promesses. La flambée des produits agricoles laisse entrevoir un autre destin possible pour le paysan africain, celui de tirer un revenu décent des cultures vivrières. C'est ce qui s'est passé cette année au Mali. Le modèle du développement par le coton n'est, pourtant, pas remis en cause par les Etats, car la fibre fait marcher de nombreux secteurs comme les transports, les banques, les usines d'égrenage et les huileries. Enfin, les Etats soutiennent le redressement de la filière car c'est une activité qui fixe les populations rurales. C'est au Mali où la société cotonnière est sans doute la plus mal en point. Un nouveau directeur a d'ailleurs été nommé la semaine dernière, il s'agit de Tiena Coulibaly, qui faisait partie de la mission de restructuration du secteur et qui est perçu par ses pairs comme l'homme chargé de mener et de réussir la privatisation de la compagnie nationale. Avec l'autre crise, celle qui touche l'ensemble de l'économie mondiale et qui fait chuter les cours et la consommation du coton, il est devenu encore plus difficile de sortir le coton africain du marasme dans lequel il se trouve aujourd'hui.