M. Juan Somavia a été réélu en fin de semaine pour un troisième mandat à la tête du Bureau international du travail (BIT). Il a promis d'œuvrer à garantir "la justice sociale" malgré les défis qui se multiplient dans l'économie mondiale. M. Juan Somavia, de nationalité chilienne, devient le premier représentant de l'hémisphère Sud à diriger l'OIT, lors de son élection à ce poste pour la première fois il y une décennie. Il a été élu avec 43 des 56 votes détenus par les membres titulaires du Conseil d'administration du BIT et 13 abstentions. Le vote s'est déroulé à bulletins secrets et aucun autre candidat n'était en lice. Sous sa direction, l'OIT a adopté une déclaration historique comme la justice sociale pour une mondialisation équitable, en juin de cette année, élaborée pour renforcer la capacité de l'Organisation tripartite à relever les défis du 21e siècle et à promouvoir son agenda pour le travail décent afin de forger une réponse efficace à la mondialisation. Il a également figuré en première ligne des efforts pour éliminer le travail des enfants et le travail forcé, pour mettre fin aux discriminations sur le lieu de travail et pour promouvoir l'adhésion aux normes du travail, la création d'emplois et le développement durable. Il a indiqué : "Nous nous trouvons confrontés à un moment important dans l'histoire de cette Organisation. Le chômage est en hausse. La crise continue de frapper les économies et les individus à travers la planète. Le nombre de travailleurs pauvres augmente. De plus en plus de voix s'élèvent pour s'inquiéter de l'équilibre et de la pérennité du modèle de mondialisation actuel". "Pourtant, la crise actuelle révèle aussi la force et la valeur de l'OIT", a-t-il constaté. "A la veille du 90e anniversaire de l'OIT, nous devons continuer à œuvrer en faveur de la justice sociale et à préserver et améliorer la protection sociale. Nous devons garantir aux entreprises l'accès au crédit pour éviter les licenciements, maintenir les salaires et trouver des ressources qui leur permettront de se rétablir. Nous devons poursuivre un dialogue social approfondi pour contribuer à progresser vers un rétablissement à long terme et un développement durable". "Œuvrer pour la justice, c'est bien plus qu'un simple thème pour notre 90e anniversaire", a-t-il ajouté. "C'est notre bilan du passé et notre mission pour l'avenir". Dans un discours au Conseil d'administration du BIT, le secrétaire général de l'ONU a indiqué que l'OIT, "grâce à la diversité de ses membres et sa portée mondiale, promet le travail décent qui est essentiel pour suivre à cette période de crise que nous affrontons. Je compte sur l'OIT pour développer sa contribution à cet effort considérable". "L'Agenda pour le travail décent de l'OIT touche au cœur de la vie des gens, de leurs aspirations", a-t-il dit. "Devant votre travail quotidien, vous rassemblez les employeurs, les travailleurs, les gouvernements pour élaborer des consensus et résoudre les problèmes. Nous allons avoir besoin de ce type de partenariat, de ce type d'approche pratique, pour sortir de ces moments difficiles". Pour sa part, le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économique, Angel Gurria, a lancé un appel urgent en faveur d'une collaboration accrue entre l'OCDE et l'OIT pour répondre à la crise financière mondiale. S'adressant au Conseil d'administration tripartite de l'OIT, M Gurria a déclaré : "La crise confère encore plus d'importance à l'action de nos deux organisations sur les marchés du travail et les politiques sociales". "Un résultat ou un échec dans ce domaine n'affectera pas seulement les moyens d'existence des millions de personnes dans le monde, mais déterminera aussi ce à quoi les citoyens du monde veulent que ressemble l'architecture financière et économique mondiale après cette crise". Gurria a cité les projections économiques de l'OCDE publiées la semaine dernière, indiquant que l'OCDE s'attendait à ce que "le taux moyen de chômage dans les pays de l'OCDE passe de 5,6% en 2007 à 7,2% en 2010. Cela signifie qu'il pourrait y avoir environ 10 millions de chômeurs supplémentaires dans les pays de l'OCDE d'ici-là, la plus rapide hausse du chômage de l'OCDE depuis le début des années 1990". Il a averti que la crise financière se transformerait rapidement en une crise sociale et économique ajoutant que "la mondialisation ne pourrait se faire au bénéfice de tous que si elle comporte une dimension sociale suffisante".