L'année qui vient de s'écouler a été marquée par la résurgence d'une crise économique que nul ne peut éviter. Une situation qui rappelle aussi la vulnérabilité de l'économie nationale, particulièrement assise sur nos exportations en hydrocarbures. Dans ce sens, le P-DG du premier groupe privé algérien Cevital a tenu à mettre en avant, dans une contribution, la nécessité de faire face à cette crise et d'aller de l'avant afin d'en tirer profit. Pour M. Issad Rebrab une telle entreprise ne peut se concrétiser qu'en engageant un débat serein et un dialogue constructif entre le gouvernement et la communauté d'affaires. Le patron du groupe Cevital estime, en effet, que pour atteindre les objectifs d'une croissance saine et durable, la stabilité de l'environnement, la sérénité du climat d'affaires et l'unité des rangs sont essentielles. " Les autorités algériennes et les hommes d'affaires ne devraient pas se recroqueviller face à la crise, mais la considérer comme une opportunité de repositionnement. Nous devons unifier nos forces, retrouver la sérénité et la confiance mutuelle. Il nous faut extirper la méfiance et la suspicion qui nous ont souvent paralysés face à l'adversité. En faisant cela, nous allons renforcer notre confiance en nous-mêmes et donner de l'espoir aux nouvelles générations", a-t-il indiqué. Dans ce sens, M. Rebrab considère que toute action, tout changement institutionnel et / ou législatif qui va dans le sens de raffermir la stabilité sont les bienvenus, car cette stabilité que tout homme d'affaires appelle de ses vœux favorise les actions entreprises dans le sens du développement économique. Cela est d'autant plus essentiel que les changements qui ont marqué l'année 2008 devraient être perçus, selon M. Rebrab, avec optimisme. Il estime qu'ils sont révélateurs d'une réduction importante de l'effet de la spéculation sur l'économie et la promesse de relations internationales plus saines et moins agressives avec l'élection de Barack Obama à la Maison Blanche. C'est dans ce sens que la crise devra être une opportunité de repositionnement. M. Rebrab rappelera aussi que " pour l'Algérie, en 2008, en dehors des programmes de stimulation de l'économie en cours, ce qui a été le plus marquant reste l'extrême fluctuation des prix du pétrole ". Cela donne à réfléchir, selon M. Rebrab. Il s'agit donc d'engager un véritable processus de développement, lequel concerne à la fois l'exécutif et le monde des affaires, car leurs actions si elles sont concertées et menées dans l'intérêt du pays ne pourraient qu'être complémentaires, ayant pour résultat de donner un espoir d'évolution dans un environnement et une condition de vie encore meilleure pour la population de façon générale et de la jeunesse de façon particulière. Un bilan appréciable Selon le patron de Cevital, cette responsabilité est collective. D'ailleurs, le groupe s'est assigné comme objectif de devenir un moteur du développement économique, un pourvoyeur de richesses et d'emplois. Il est vrai que le bilan du groupe dans ce sens est très appréciable. Le groupe Cevital a réussi à créer, en 2008, 1 700 nouveaux emplois directs. Maintenant une croissance à deux chiffre (30% en 2008), le groupe a concrétisé plusieurs projets à haute valeur ajoutée et a tiré profit de la démarche du partenariat. Il faut savoir que le groupe poursuit un plan d'expansion ambitieux. L'objectif étant d'assurer la croissance et la diversification sur plusieurs pôles. C'est ainsi que le groupe est présent dans 10 métiers organisés dans un holding de 24 filiales axées en 4 pôles d'activité, à savoir l'agroalimentaire, la construction, les services et l'industrie. Selon M. Rebrab, le groupe continue de consolider son fonctionnement et sa gouvernance internes. Un nouveau CEO a été ainsi nommé et plusieurs programmes de formation en management pour les cadres ont été lancés. Le groupe continue également à " tout faire pour attirer les meilleurs talents techniques et de gestion et faire de Cevital un groupe de classe mondiale ". Cevital a également réussi à devenir un opérateur important dans les exportations hors hydrocarbures. Il a ainsi exporté 60% de sa production de verre plat vers l'Europe et le Maghreb et créé une filiale MFG Europe (Mediterranean Float glass) pour la distribution et la commercialisation du verre en Europe. Il faut savoir que Cevital ambitionne de placer l'Algérie au 10e rang mondial des exportateurs de verre à l'horizon 2015. C'est ainsi que le holding a déjà lancé son unité de verre plat (MFG). Avec une capacité de 600 tonnes/jour, 40 % de la production de l'unité couvre les besoins nationaux et le reste est exporté vers l'Europe et la Tunisie. Le groupe entend également lancer 5 lignes de production de verre plat. Dans la construction, la filiale Cevico dispose déjà de deux unités de production de bâtiments préfabriqués opérationnelles à Blida et à Oran, avec une capacité de production de 700 m3/jour. Le groupe entend réaliser 5 unités à l'horizon 2012 pour un investissement de 20 millions d'euros chacune, entièrement financées sur fonds propres. Pour ce qui est des services, Cevital dispose déjà de plusieurs filiales comme Numidis dans la distribution avec l'ouverture du premier supermarché "UNO" à Alger ainsi que Hyundai et Samsung. D'ailleurs, pour ce qui est de la distribution des produits Samsung à travers Samha, le groupe entend porter le nombre de ses distributeurs à 300. Il s'est également lancé dans la production de produits électroménagers Samsung en lançant les travaux de construction de sa première usine dans la wilaya de Sétif. Il faut dire que le projet d'usine Samha a une importance nationale et locale. D'une part, il permettra à la wilaya de Sétif de bénéficier de 300 millions de DA tirés essentiellement des taxes et impôts, d'autre part, la création de 3 560 emplois, dont 1 700 à titre permanent et 2 500 indirects. L'usine produira une large gamme de produits électroménagers et électroniques modernes, et aura une capacité de production de 1,5 million d'unités, dont une partie sera destinée à l'exportation. Des projets pleins les cartons Aussi, pour ce qui est du pôle industriel, et lequel prend de plus en plus d'importance au sein du groupe, Cevital entend saisir toutes les opportunités à même d'assurer une croissance durable et apporter une forte valeur ajoutée. Aussi, pour 2009 le groupe entend maintenir sa croissance, devenir un acteur majeur dans les exportations hors hydrocarbures et créer plusieurs milliers d'emplois. Ainsi, le groupe table sur la réalisation de nombreux projets comme la construction d'une nouvelle raffinerie de sucre de 1 million de tonnes, qui entrera en production en mars prochain, ce qui permettra d'exporter plus de 700 000 t de sucre blanc, pour une valeur de près de 300 millions de dollars ; la mise en route de 2 centrales électriques en cogénération de 25 MWA chacune à Béjaïa ; l'entrée en production de l'usine d'électronique et d'électroménager de Sétif ; l'ouverture d'un hypermarché l'été prochain à Bab Ezzouar, à côté de l'hôtel Mercure et le lancement de la construction de plusieurs centres commerciaux à travers l'ensemble du territoire national ; la construction d'un complexe de propylène et polypropylène à Bethioua près d'Arzew ; la construction d'un complexe de carbonate de soude dans la wilaya de Mostaganem et le lancement d'une cimenterie de 2 millions de tonnes dans la wilaya de Constantine. Par ailleurs, Cevital envisage la réalisation d'autres projets à l'Ouest, sur les Hauts-Plateaux, au Sud au Centre et à l'est du pays. Pour M. Rebrab, tous ces projets de développement "expriment l'optimisme du groupe à propos du potentiel économique du pays". Ne perdons pas de vue le projet phare du groupe : Cap 2015. Ce projet gigantesque nécessitera des investissements de plus de 30 milliards de dollars. Il prévoit la construction d'un port en eaux profondes de 20 kms de quais, soit six fois plus long que Tanger Med au Maroc. Ce port sera lié à une zone industrielle de 5 000 hectares qui accueillera des usines gigantesques de taille mondiale. La zone industrielle comprendra un complexe pétrochimique, un complexe de production d'aluminium avec une capacité de production de 1,5 million de tonnes par an, un complexe sidérurgique intégré (10 millions de tonnes par an), un chantier naval, une unité de construction automobile (350 000 unités par an), une unité de fabrication de containers, une centrale électrique de 3 200 MWA, une station de dessalement d'eau de mer. Ce projet fera participer plus d'un millier de PME/PMI de transformation, de sous-traitance et de services et contribuera à la création de plus d'un million d'emplois. Aussi, les projections à l'export tablent sur 15 milliards USD d'exportations vers 2015 et 30 milliards USD avant 2025. Ce projet est tout ce qu'il y a de concret, Cevital ayant déjà des partenaires à l'image de Rio Tinto Alcan, pour ce qui est de l'aluminium. Dans l'agroalimentaire, Cevital entend développer l'amont agricole. A travers la filiale Cevigro, le groupe a déjà maturé plusieurs projets, dont celui de la trituration de graines oléagineuses et celui de la production de semences de pommes de terre. Ainsi, et en partenariat avec le canadien Multiplants, Cévigro ambitionne de lancer un projet de production de semences de pommes de terre dont les besoins en foncier seraient estimés à 17 000 hectares en zones répondant aux normes phytosanitaires. Celui-ci devrait permettre de porter la production à 5 millions de tonnes de pomme de terre pour 100 000 ha, d'où une économie pour le pays de l'ordre de 120 millions d'euros. Les projets de Cevigro ne s'arrêtent pas là. L'entreprise a lancé, en 2004, un projet de production d'agrumes sur 2 000 hectares de vergers. Pour ce qui est de la trituration des graines oléagineuses, Cevigro affiche l'ambition de lancer un projet de trituration multigraine d'une capacité de 3 millions de tonnes par an, avec un investissement de 8 milliards de dinars. Cevital dispose également d'une compagnie maritime Naulis. Enfin, le groupe ambitionne de se lancer dans la banque de détail. Samira G.