Le procès Khalifa et ne finit pas d'être riche en révélations. Jeudi, c'était au tour de l'ancien directeur général de la Société de génie civil et bâtiment (GCB), une filiale de la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, M. Tazart Akli. Ce dernier a affirmé devant le tribunal que "les responsables de Sonatrach avaient fait preuve de prudence quant aux dépôts des fonds de cette compagnie à Khalifa Bank". Le témoin indiquera également avoir demandé conseil à des responsables de Sonatrach qui lui ont confirmé que la compagnie n'a effectué aucun placement dans cette banque, et que ces conseillers lui ont signifié qu'il fallait être prudent parce qu'ils ne connaissaient pas bien cette banque ce qui l'a poussé à patienter pour voir ce qu'ils allaient faire. M. Tazart souligne avoir été contacté en novembre 2001 par une délégation de l'agence El-Harrach de la banque Khalifa qui lui a proposé d'y déposer les fonds de la GCB, lui offrant un taux d'intérêts qui pouvait aller jusqu'à 14%. Nous avions 1,5 milliard de dinars placés à la BEA, a-t-il affirmé, avant d'ajouter n'avoir pas fait de placements à malgré des offres intéressantes proposées par Khalifa Bank, telles que la carte de soins du centre de thalassothérapie. Pour sa part, M. Aouimer Mohammed Saïd, directeur des finances à la même compagnie, a indiqué à la cour avoir été contacté par des représentants de Khalifa Bank pour des placements, et qu'il avait aussi reçu une carte du centre de thalassothérapie, mais son entreprise a préféré maintenir ses fonds à la BEA. De son côté, l'ex-PDG de l'ENTP (Travaux pétroliers) affiliée à la Sonatrach, M. Mohammed Aouadi, a révélé "avoir placé un montant de 100 millions de dinars pour une période de 6 mois seulement, pour un intérêt de 4 millions de dinars". Il faut dire qu'en janvier 2003 Aouadi a reconduit ses fonds, et pire encore, a doublé ses placements, pour déposer 204 millions de dinars que l'entreprise n'a jamais pu récupérer. "En mars 2003, dès la nomination de l'administration provisoire nous avons eu 600 000 DA", a-t-il déclaré au procureur général. M. Aboukassem Chawki, PDG de l'entreprise de transport de céréal, filiale de la SNTF et de l'Office national des céréales (ONC) a témoigné à son tour. Ce dernier dira avoir "placé 40 millions de dinars à Khalifa Bank, pour un taux d'intérêt de 10% et mon entreprise avait 150 millions de dinars placés à la Badr qui ne rapportaient que 5% d'intérêts". La présidente lui demanda la raison de son placement dans la banque Khalifa "les taux d'intérêt étaient plus intéressants", répondra-t-il. Il a également révélé n'avoir pas consulté les membres du conseil d'administration pour cette opération, estimant que c'était une décision qui relève des prérogatives du PDG. Il a également affirmé n'avoir pas été destinataire de la circulaire n°84, obligeant les entreprises publiques à placer leurs fonds dans le Trésor. Sur ce, la présidente, Mme Fatiha Brahimi, reprend avec le directeur de l'agence, M. Soualmi Hocine, ancien directeur de l'agence de Hussein Dey. La présidente, le procureur général ainsi que la partie civile l'ont interrogé sur le transfert des fonds de son agence vers la caisse principale, sur le transfert des fonds de la représentation de Khalifa Bank à Paris, de même que sur l'acte de nantissement relatif à une hypothèque faite à l'agence des Abattoirs. Pour l'accusé, "si les écritures entre sièges (EES) que j'envoyais à la caisse principale ne revenaient pas, ceci signifiait que les fonds étaient bel et bien parvenus au destinataire". Avant d'ajouter que "s'agissant des 600 000 euros appartenant à Foudad Adda, l'accusé, ancien directeur de l'Ecole supérieure de Police de Aïn Benian, placés à Sao Paolo (Brésil), l'accusé a affirmé que leur transfert a été effectué vers son agence et qu'il détenait les documents attestant de cette opération". Cette somme a servi, selon le témoin, à une opération de nantissement d'une hypothèque faite à l'agence des Abattoirs pour un crédit octroyé à une entreprise appartenant à Ben Hani Mustapha et Nadjib Bourayou. Il faut souligner que ces deux entrepreneurs avaient bénéficié d'un crédit de 150 millions de dinars et accusaient des retards dans le remboursement du tiers du crédit qui leur a été octroyé. La présidente du tribunal a relevé que l'acte de nantissement étant établi en janvier 2003, le transfert ne pouvait donc être fait légalement, puisqu'en 2002, les opérations relatives au commerce extérieur de Khalifa Bank étaient gelées, ajoutant qu'elle détenait des preuves que les 600 000 euros "n'ont jamais été transférés". Enfin, le tribunal a auditionné, Chouli Mohamed, accusé dans cette affaire pour les mêmes chefs d'inculpations que Soualmi, pour avoir remis la somme de 3 millions de dinars à un dénommé Boukadoum Karim qui, lui aussi, accusé dans l'affaire Khalifa sur instruction verbale du directeur de l'agence des Abattoirs, alors qu'il occupait le poste de chef du service administratif.