Lors d'une conférence sur le projet de gazoduc Nabucco, réunissant des hauts responsables d'une douzaine de pays impliqués dans le projet, les Européens ont défendu mardi à Budapest le projet, encore en quête de financements, qui leur permettra de limiter la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. La Commission européenne a, ainsi, proposé de consacrer 250 millions d'euros pour le gazoduc Nabucco, sur les 3,5 milliards d'euros du budget de l'UE consacré à des projets énergétiques jugés stratégiques. Revenu au premier plan depuis la crise gazière russo-ukrainienne, le projet Nabucco est, avec 250 millions, le mieux doté de la liste des grandes infrastructures gazières. Le gazoduc turco-grec ITGI, dans la même région, est doté de 100 millions d'euros. Cependant, le projet, lancé en 2002 et qui devrait commencer à livrer du gaz non russe aux pays européens à partir de 2013, est l'objet de nombreuses incertitudes. En effet, les partenaires industriels se doivent de parvenir à le financer et à trouver des champs gaziers susceptibles de l'alimenter. Ce gazoduc doit relier la mer Caspienne et le Moyen-Orient à la plate-forme européenne de distribution de Baumgarten, en Autriche, sur environ 3 300 kilomètres avec une capacité de transport estimée à 31 milliards de mètres cubes par an. Le tracé démarre à la frontière entre la Géorgie et la Turquie, puis passe par la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie et l'Autriche. Estimé au départ à 4,9 milliards d'euros, le coût total du projet s'élèverait maintenant à 7,9 milliards d'euros, alors que le financement n'est toujours pas verrouillé. En effet, même si la Commission apporte son entier soutien à sa construction, l'institution européenne ne proposerait qu'une enveloppe de 250 millions pour la réalisation de Nabucco, part congrue des 3,5 milliards d'euros du programme européen de financement des projets énergétiques. Mieux encore, selon le commissaire européen en charge de l'Energie, Andris Piebags, l'Union européenne ne participera pas au financement du gazoduc. Il a, en effet, déclaré qu'il n'y aura pas de fonds européens dans le projet. Il a clairement fait savoir que l'Union ne devrait pas financer le gazoduc, elle devrait plutôt aider le projet à trouver des prêts et des garanties de la part des banques et des institutions financières. D'autre part, même si le financement est acquis, il faudra trouver des partenaires énergétiques pour remplir le tuyau Nabucco et permettre l'acheminement du gaz jusqu'aux portes de l'Union. Ainsi, si l'Azerbaïdjan est partenaire du projet depuis le début, à condition qu'on lui garantisse un prix rémunérateur, d'autres fournisseurs sont nécessaires, comme le Kazakhstan ou le Turkménistan, pour l'instant liés exclusivement à Moscou, l'Irak ou l'Iran, avec qui les relations avec l'Union européenne ne sont pas au mieux en ce moment. Tout cela fait que la Russie a une longueur d'avance sur l'Union dans cette partie d'échecs autour des corridors gaziers européens, d'autant que Gazprom offre à l'Azerbaïdjan et au Turkménistan d'acheter le gaz au meilleur prix, pour verrouiller les gisements avant que les Européens n'offrent de les écouler. L'autre accros que doit surmonter le gazoduc sera également la position de la Turquie qui essayera de monnayer le droit de passage du gaz contre un rapprochement accéléré avec l'Union européenne. Yacine B.