Le gouvernement soudanais et le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), le plus actif des groupes rebelles du Darfour, sont sur le point de signer un projet d'accord à Doha, où ils négocient depuis mardi. Ce document exige principalement la fin des violations contre les camps de déplacés et la fin des bombardements contre les civils, ainsi qu'un échange de prisonniers. Vendredi soir, le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani, avait fait état "de progrès" dans les pourparlers de Doha. Les deux parties "veulent parvenir à des résultats positifs et (sont animées) de bonnes intentions", avait déclaré cheikh Hamad à la presse dans la nuit, au terme d'une longue journée de tractations à huis clos. "Ces progrès vont donner lieu à un projet de document dans sa mouture finale (...), qui sera soumis aux deux parties pour recueillir leurs commentaires", avait ajouté le responsable qatari. Entamés mardi, les pourparlers de Doha, qui ont pour objectif de préparer une éventuelle conférence de paix sur le Darfour, une région en guerre civile, sont sponsorisés par le Qatar, l'ONU, l'Union africaine et la Ligue arabe. Khalil Ibrahim, le dirigeant du JEM et Nafie Ali Nafie, l'assistant du président soudanais Omar el-Béchir, ont eu une première rencontre directe mercredi à Doha, qualifiée par les deux camps de "positive et prometteuse" pour un règlement politique au Darfour. En 2007, une médiation libyenne avait échoué à réunir les différentes parties du conflit. Jibril Ibrahim, un des représentants du JEM aux discussions de Doha, avait posé mardi comme condition la participation de son mouvement au gouvernement central de Khartoum et le démantèlement des milices pro-gouvernementales au Darfour. "L'ordre approprié de nos négociations doit être le suivant: commencer par instaurer des mesures de confiance, lancer une déclaration de bonnes intentions et s'attaquer aux sujets du contentieux", avait déclaré le chef rebelle. Parmi les mesures de confiance, il avait cité une libération des prisonniers du JEM et la garantie d'une distribution sans difficulté de l'aide humanitaire. Il avait ajouté que son mouvement exigeait de "conserver ses combattants au Darfour pendant une période transitoire avant un accord final qui permettrait de les intégrer dans les forces régulières". Le JEM veut aussi "une réduction des forces gouvernementales (au Darfour), le démantèlement des milices et une participation au plus haut niveau au pouvoir à Khartoum". Le JEM, qui n'avait pas signé l'accord de paix de 2006 --que seule une des multiples factions rebelles du Darfour avait accepté--, avait lancé en mai dernier un assaut d'une ampleur sans précédent contre la capitale soudanaise. La guerre civile au Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan, a fait 300.000 morts et 2,7 millions de déplacés depuis 2003 selon l'ONU. Khartoum chiffre à 10.000 le nombre de morts. R.I.