Le secteur automobile mondial, malmené par la crise financière et économique internationale, est dans la tourmente. Il s'agirait de la plus grave crise qu'il connaît depuis la Deuxième Guerre mondiale, d'après certains analystes. Les constructeurs automobiles, y compris les plus grands, sont frappés de plein fouet. Toyota, le numéro un mondial du secteur, table, pour la première fois depuis plusieurs années, sur des pertes financières pour son exercice qui s'achève fin mars. Les ventes sont en baisse sur les principaux marchés. Les productions aussi. Des plans drastiques de réductions de coûts sont annoncés à travers le monde, notamment des suppressions d'emplois. Toutefois, en Algérie, ce secteur ne semble pas avoir subi les contrecoups de cette crise, d'autant que ce dernier est considéré seulement comme un marché de ventes, mais les pouvoirs publics ont d'ores et déjà compris l'urgence de l'implantation d'une usine de fabrication ou de montage. Avec les achats de pièces détachées, le secteur représente 10% des importations globales du pays, soit 2,8 milliards de dollars par an. Une donnée qui justifie la mise en place de nouvelles taxes sur les véhicules, en juillet 2008. Celle-ci répond, selon le ministre des Finances Karim Djoudi, à une politique économique dont l'objectif est de réduire les importations tout en encourageant les investissements étrangers dans le secteur automobile. «Les achats de véhicules et des pièces détachées représentent 10 % des importations globales du pays avec 2,8 milliards de dollars par an et nous considérons que cette taxe contribuera à faire baisser les importations tout en incitant les producteurs à réduire les prix», a-t-il affirmé en marge de la séance plénière consacrée à la présentation et au débat du projet de la loi de finances 2009. Selon le ministre, c'est le moment opportun pour avoir des véhicules à moindre prix et amener les opérateurs étrangers à investir dans le secteur de l'automobile en Algérie. «Ces mesures devraient jouer en faveur de la réduction des prix à l'importation d'autant qu'on se retrouve dans une crise financière internationale où les constructeurs automobiles ont du mal à écouler leurs produits», a-t-il argué. Quelques mois après, c'est au tour du ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, d'annoncer que le gouvernement était en négociations avancées avec des constructeurs, notamment asiatiques, dans le but de créer une entreprise spécialisée dans l'industrie automobile. Les discussions ont eu lieu avec la partie iranienne sur la possibilité de mettre en place un partenariat algéro-iranien, à travers la création d'usines de montage, dans une première étape, avec des partenaires algériens et le lancement par la suite d'une industrie automobile en Algérie. Le gouvernement avait également entamé des discussions avec les Chinois dans le cadre de la zone de coopération chinoise en Algérie. La wilaya de Mostaganem a été retenue pour l'implantation de plusieurs usines dans le secteur de l'automobile. La première phase consistera en la création d'une usine de montage de véhicules de type camionnette, pick-up, SUV, véhicules touristiques de la marque JMC, avec une capacité de production qui devra atteindre 50.000 véhicules par an dans 5 ans, ainsi que des ateliers de fabrication de pièces de rechange. En attendant la réalisation de ce projet, les pouvoirs publics doivent lever les contraintes rencontrées par les investisseurs et favoriser l'émergence d'une véritable sous-traitance locale. Le développement de la sous-traitance s'impose Bien que la sous-traitance au niveau du Maghreb est de loin la meilleure par rapport aux autres pays de monde arabe, en Algérie elle marque, toutefois, des insuffisances. Selon les statistiques d'Econostrum, le nombre de sous-traitants algériens dans le secteur de la mécanique est passé de 10, en 1980, à plus de 544, en 2008, dont plus de 300 dans la production et 200 dans les services. Nombre d'opérateurs économiques publics et privés constatent cependant que la sous-traitance locale se développe insuffisamment, alors même qu'il serait possible de fabriquer localement 40 à 50% des pièces détachées actuellement importées. Dans l'industrie mécanique, 60 à 70% des plans de charges relèvent désormais de la sous-traitance. Mais en dépit de cela, en Algérie, elle est confrontée à nombre d'obstacles tels que l'insuffisante maîtrise technologique, la question du foncier industriel,celle du crédit bancaire à la production, de la préférence à l'importation au détriment de la production locale… A la SNVI, grâce au réseau de la sous-traitance national qui lui produit diverses pièces, l'entreprise a pu économiser près de 4 millions d'euros. La SNVI travaille avec 544 sous-traitants nationaux dont 33 sont des entreprises publiques, 347 d'entre elles se chargent de la production et 200 activent dans les services. A la faveur de ce constat, le groupe, au cours de l'année 2007, a vu près de 30% de besoin produits localement. Lotfi C.