La Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) s'attaque à la réglementation des changes. Selon l'organisme onusien, l'économie mondiale a besoin d'une supervision internationale pour coordonner les taux de change afin d'éviter un nouveau "chaos monétaire". La Cnuced indique dans un communiqué diffusé jeudi dernier qu'"il faut absolument stabiliser les taux de change par une intervention directe et coordonnée des gouvernements, assortie d'une supervision multilatérale". La Cnuced propose notamment d'empêcher la spéculation sur les monnaies en liant les taux des principales monnaies et les indexant sur l'inflation des pays concernés. Les autres monnaies seraient rattachées à une monnaie ou à un groupe. Ces mesures mettraient les entreprises dans "une situation d'équité", a expliqué l'économiste en chef de la Cnuced, Heiner Flassbeck lors d'une conférence de presse. "Actuellement, elles ne le sont pas, ce que nous avons en ce moment, c'est un chaos monétaire", a-t-il ajouté. Les actuelles fluctuations sévères de taux de change ont entamé douloureusement les revenus des compagnies, allant jusqu'à menacer des économies entières notamment dans les pays de l'Est. "Des pays comme l'Estonie, la Lituanie, la Roumanie et la Bulgarie sont sérieusement en danger d'effondrement", s'inquiète la Cnuced dans son rapport traitant "des défaillances systémiques et mesures correctives multilatérales". Dénonçant la "confiance aveugle dans l'efficacité des marchés financiers déréglementés" ainsi que les "comportements moutonniers" guidés par la spéculation à l'origine de la crise, elle propose notamment une série de mesures destinées à sortir de la débâcle mais aussi à "prévenir une crise similaire à l'avenir". Pour cela, l'agence onusienne insiste sur la nécessité de rétablir le rôle de l'Etat dans l'économie et de mettre en place des "remèdes multilatéraux" dont une réforme du système financier international. "Nous ne voyons pas de coordination à l'échelle internationale", a souligné M. Flassbeck estimant que les vingt premières économies mondiales du G20 n'allaient pas assez loin dans leur projet de coopération. Rappelons dans ce sens qu'à la veille du sommet du G20, que la Chine avait proposé de remplacer le dollar comme monnaie internationale par un panier de devises géré par le FMI. Aussi, la Chine vient ainsi d'annoncer que les échanges commerciaux entre cinq villes (dont Shanghai) et l'étranger allaient s'effectuer en yuan, monnaie pourtant non convertible. Concrètement, la banque centrale chinoise monte des prêts croisées avec ses homologues d'autres pays pour permettre aux importateurs locaux de payer en yuan des biens fabriqués en Chine. Aussi, et dès le 3 avril (au lendemain du G20 donc), Lula a révélé qu'il avait proposé la veille au président Hu Jintao que le commerce entre les deux pays se fasse en devises locales et non plus dans le billet vert. Isma B.