Afin de protéger les progrès économiques que viennent de faire les pays en développement, la Conférence des Nations unies pour le Commerce et le Développement (Cnuced) a suggéré aux pays en développement d'opter pour l'intervention de l'Etat dans les politiques économiques. Dans son rapport annuel, publié et présenté jeudi dernier à Paris, l'organisation onusienne a estimé que « les réformes défendues par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) n'avaient pas permis de stimuler suffisamment la croissance ni de faire reculer la pauvreté dans les pays du Sud ». Selon la Cnuced, « les réformes libérales suivies dans la majorité des pays en développement, depuis le début des années 1980, n'ont pas tenu les promesses de leurs partisans ». C'est la raison pour laquelle l'organisation plaide, aujourd'hui, pour un retour à l'interventionnisme, mais à la manière chinoise. « Les gouvernements devraient protéger, s'il y a lieu, les entreprises naissantes, notamment en recourant avec circonspection aux subventions et aux droits de douane jusqu'à ce que les producteurs locaux puissent affronter la concurrence internationale en vendant des produits de plus en plus élaborés », lit-on dans le rapport de la Cnuced. La démarche chinoise, basée depuis les années 1980 sur une politique de subventions à l'industrie nationale, s'est traduite par une croissance moyenne de 9,6% depuis 15 ans et s'est avérée, selon Heiner Flassbeck, un expert de la Cnuced, « saine mais différente de celle prônée par les institutions de Washington ». Pour le directeur général de la Cnuced, Supachai Panitchpakdi, il s'agit de « soutenir l'économie » mais « ce soutien ne doit pas durer indéfiniment ». « C'est une démarche stratégique », a-t-il expliqué. Le rapport de la Cnuced a estimé à ce propos que « les gouvernements devraient protéger, s'il y a lieu, les entreprises naissantes, notamment en recourant avec circonspection aux subventions et aux droits de douane jusqu'à ce que les producteurs locaux puissent affronter la concurrence internationale en vendant des produits de plus en plus élaborés ». Les auteurs du rapport rappellent que dans le consensus de Sao Paulo (Brésil), adopté lors de la 11e conférence de la Cnuced en 2004, « la communauté internationale a reconnu qu'il fallait trouver un équilibre entre l'espace national des politiques économiques et l'espace international des disciplines et des engagements ». La Cnuced prévient, à cet effet, que si des « mesures internationales ne sont pas rapidement prises pour réduire les déséquilibres commerciaux mondiaux, des crises financières pourraient éclater dans les pays en développement ». Développant son argument en faveur d'une plus grande « marge de manœuvre », elle invite ces pays, qui ont enregistré « des records de croissance encourageants » avec un taux de 6%, à « faire preuve de volontarisme et de créativité dans l'élaboration de leur politique macroéconomique » afin de « tirer durablement profit d'un environnement économique mondial favorable ».