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“L'affaire n'a rien de politique”
Scandale Khalifa
Publié dans Le Maghreb le 15 - 02 - 2007


Le procès Khalifa ne semble pas dévoiler tous ses secrets. Chaque jour, de nouveaux noms sont appelés à la barre, au tribunal de Blida, pour lever à chaque fois une partie du voile qui recouvre un scandale financier sans précédent. Le groupe Khalifa reposait sur une équation toute simple, qui consiste à transférer les valeurs publiques vers le privé ou plus exactement, vers le privatif. Les entreprises publiques, appâtées par un taux d'intérêt très élevé, se sont précipitées vers la banque Khalifa, pour déposer leur argent. Maître Fatiha Benbrahem a déclaré, hier sur les ondes de la radio Chaîne III, que "la banque d'Algérie est fortement impliquée dans cette affaire". La banque d'Algérie et d'autres institutions ont joué un rôle négatif. A l'époque de la création de la Khalifa Banque, l'agrément d'une banque ne pouvait se faire, sans remplir des conditions précises et draconiennes, que la banque Khalifa ne remplissait pas. Le secteur a connu beaucoup d'investissements des nationaux et d'étrangers. La banque Khalifa a su se différencier en offrant un taux d'intérêt défiant toute concurrence. Maître Benbrahem estime que dès le début, la banque d'Algérie a fermé les yeux, sur une concurrence déloyale pratiquée par la banque Khalifa, qui offrait un taux d'intérêt de 17%, alors que les banques publiques pratiquaient un taux de 4 à 5 %. Elle a ajouté que la banque d'Algérie n'a pas joué son rôle en matière de contrôle, une banque parallèle au square Port Said est devenue le lieu de prédilection des cambistes de l'informel, continue jusqu'à nos jours de faire la pluie et le beau temps du marché financier en Algérie. Khalifa banque, qui avait compris que beaucoup d'argent circulait, dans le circuit parallèle, et qui avait pour ligne de mire, le transfert de fonds à l'étranger, a ciblé les sociétés en proposant un taux d'intérêt de 17%. "Elle est allée pomper l'argent chez le citoyen, en plus de cela les entreprises publiques et privées de l'Etat se sont mises dans ce sillage et ont commencé à déposer de l'argent sur ordre de supérieurs" a signalé Mme Benbrahem. Interrogée sur le procès, qui se déroule au tribunal de Blida, un procès qui entre dans sa sixième semaine où des personnalités, plus ou moins connus, se sont succédé pour témoigner. Maître Fatiha Benbrahem a déclaré que "dans l'affaire Khalifa, nous n'avons que des petits poissons, les grands sont en train de nager ailleurs". Les noms de personnes, qui ont pris des centaines de millions, n'apparaissent pas, par ce que les documents étaient détruits au lendemain de la faillite de la banque. Sur une éventuelle extradition de Abdelmoumen Khalifa par la Grande-Bretagne, Maître Benbrahem pense que la situation reste floue. Elle estime que l'Algérie a été piégée par la convention d'entraide judiciaire, ainsi que par la convention des Nation unies contre la corruption, ratifiée par l'Algérie. Avant de ratifier la convention des Nations unies contre la corruption, l'Algérie avait ratifié et signé la convention de la lutte contre la corruption et les crimes assimilés. En l'occurrence, cette deuxième convention est plus utile, car elle garantit des sanctions plus sévères contre les gens impliqués dans des affaires de crime organisé. En outre, le droit algérien a éliminé le crime économique organisé dans l'article 119 du code pénal, qui applique la peine de mort, par l'article 29 qui correspond à la corruption et au blanchiment d'argent. Aujourd'hui, le juge ne peut pas sanctionner sévèrement les gens impliqués dans des affaires de crime organisé. Maître Fatiha Benbrahem estime que le procès Khalifa est l'arbre qui cache la forêt, l'Etat montre une bonne volonté pour lutter contre la corruption et le crime organisé. "C'est un procès hameçon" dit-elle. Toutes les déclarations et les aveux faits durant ce procès, conduiront certainement à d'autres pistes sombres, jusqu'ici non prospectées.

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