L'adhésion de l'Algérie à la zone arabe de libre-échange, entrée en vigueur le 1er janvier dernier, a suscité tant d'appréhensions auprès des opérateurs économiques au point qu'elle a généré un climat d'inquiétude et d'incertitude. Certains opérateurs sont allés jusqu'à s'interroger sur la nature de ces choix considérés trop risqués pour l'économie nationale. C'est pour mettre un terme à ce climat que le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, a assuré que l'adhésion de l'Algérie à la Zale ne touchera pas aux intérêts des opérateurs algériens, ni mettra l'économie nationale en danger. "Notre mission primordiale réside dans la protection de nos intérêts et par ricochet de notre économie", a déclaré le ministre. C'est pour aboutir à cet objectif qu' une réunion d'information, qui a regroupé les différents départements ministériels directement concernés par les accords de libre-échange, et les organisations patronales, a été organisée, hier, au siège de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci), à Alger. Présidée par le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, la réunion s'est soldée par l'installation de la commission d'évaluation et de suivi des accords de libre-échange pour lesquels l'Algérie s'est engagée ces dernières années, notamment avec la zone arabe de libre-échange ainsi que l'accord d'association avec l'Union européenne. Cette commission regroupera des représentants de plusieurs ministères, des douanes, des chambres de commerce, des associations patronales ainsi que les opérateurs économiques nationaux. Ladite commission, selon le ministre, a pour vocation le suivi quotidien, hebdomadaire et mensuel du volume des échanges entre l'Algérie et les pays adhérents à la Zale. Elle a également pour mission de recevoir toutes les requêtes émanant des opérateurs économiques sans distinction. Et enfin, la commission a pour tâche d'élaborer une liste des produits interdits d'entrée au marché algérien. Pour ce qui est des requêtes des opérateurs, M. Djaâboub dira "qu'après trois mois de mise en vigueur de l'accord d'adhésion de l'Algérie à la Zale, nous avons reçu au niveau de notre département seulement trois requêtes, à savoir celles ayant trait aux produits égyptiens qui contiennent de l'amidon, l'emballage métallique des produits tunisiens ainsi que les produits égyptiens contenant du sucre subventionné". Parmi les opérateurs économiques qui ont pris la parole durant cette rencontre, on peut citer, entre autres, Réda Hamiani, Slim Othmani ainsi que Issaâd Rebrab. Ces derniers ont signalé d'autres entraves liées aux problèmes de l'accès des produits algériens aux marchés des zones dites de libre-échange, le non-respect du seuil de 40% d'intrants d'origine arabe entrant dans la composition des produits concernés par les accords de la Zale, le problème des règles d'origine des produits et celui des inputs, dont l'importation est exonérés de taxes dans beaucoup de pays arabes, alors que les opérateurs algériens paient une taxe d'au moins 5% sur les intrants au niveau des douanes. M. Rebrab insistera sur la nécessité de se préparer dès maintenant pour la révision de l'accord d'association avec l'UE, prévue pour 2010, d'autant que l'Algérie est passée du statut d'importateur à celui d'exportateur sur certains segments de production. Le patron du groupe Cevital a, dans ce sens, demandé à ce que les opérateurs économiques soient associés aux négociations dans le cadre de cette révision. Le ministre a saisi l'occasion pour rassurer les opérateurs, tout en indiquant que "le ministère est à votre disposition. Notre mission principale c'est de protéger l'outil de production national. Nous sommes armés de mesures de sauvegarde légales permettant de protéger toutes filière menacée". En outre, l'Algérie, selon le ministre, a le droit de plafonner ou arrêter, pour une période, l'entrée des marchandises arabes sur le marché algérien. Par ailleurs, le ministre a précisé que l'Algérie a exclu des avantages inclus dans le cadre de l'accord sur la zone arabe de libre-échange les marchandises fabriquées dans les zones franches et ainsi que les actions de transaction triangulaires. Toujours dans le cadre de la protection de l'économie nationale, le ministre évoquera la mise en place d'instruments et mécanismes permettant de veiller au respect des clauses de l'accord et de la liste des produits qui n'auront pas accès au marché algérien. A noter que les opérateurs économiques participant à cette rencontre ont affiché clairement leur satisfaction et ont exprimé leur appui et leur soutien. Hamid M.