La crise économique mondiale a atteint divers segments, et n'a pas épargné les transferts de migrants lesquels ont sensiblement baissé au second semestre 2008. Selon un récent rapport de la Banque mondiale, les envois de fonds ne dépasseront pas 290 milliards de dollars en 2009, contre 305 milliards de dollars en 2008. Néanmoins cela semble beaucoup plus affecter l'Europe et l'Asie centrale. Pour ce qui est du bassin méditerranéen, les transferts de fonds semblent se maintenir. Ainsi, le directeur général de l'Institut d'études méditerranéennes à Paris, M. Radi Medab, a révélé que les transferts des immigrés nord-africains en France avoisinent les 10 milliards d'euros annuellement. M. Radi Medab a assuré que les immigrants marocains viennent en première position avec un total de 5 milliards suivis des Algériens avec 4 milliards et les tunisiens avec un milliard d'euros. Il explique en revanche que l'Algérie n'a pas investi dans ces transferts, assurant que le montant global transféré vers ces trois pays dépasse de dix fois les aides financières octroyées par l'Union européenne pour le développement. Dans ce contexte, le même responsable souligne qu'il n'est pas de l'intérêt des banques algériennes de ne pas ouvrir des filiales à l'étranger pour servir sa communauté dans les pays européens, et qui aiderait à établir des projets. Il faut dire que cette manne intéresse de nombreux établissements financiers européens. Ainsi, dans le cadre du projet de création d'un instrument de financement de projets de développement en Méditerranée, dix établissements financiers, rejoints par la Banque africaine de développement (BAD), se sont constitués en comité présidé par la Caisse d'Epargne française, lequel prévoit de mettre en place courant 2009 un mécanisme visant à faciliter les transferts d'argent des migrants de leurs pays d'accueil vers leurs pays d'origine. Cette offre vise 3,5 millions de personnes (dont 2,5 millions en France) et porte sur un flux de transferts estimé à 10 milliards d'euros. Concrètement, une nouvelle plateforme permettra aux migrants, désirant transférer de l'argent d'un pays à un autre, de bénéficier de l'ensemble des réseaux des banques participantes, soit environ 34.000 points de contact. A travers cet accord, les banques s'attacheront également à développer des formules d'épargne ainsi qu'une offre de crédit immobilier pour des acquisitions de logements dans les pays d'accueil et d'origine. Le partenariat entre les banques se traduira aussi par un programme de fidélisation à points, similaire aux accords mis en place entre compagnies aériennes. Pour les banques impliquées dans le projet, l'idée est également d'élargir leur clientèle aux nombreux migrants qui utilisent des réseaux parallèles pour transférer de l'argent, en leur proposant un service plus sécurisé à un coût moins élevé. Ayant pris conscience de l'enjeu que constituent les transferts de migrants, et afin de ne pas se faire distancer par les établissements européens, les banques publiques nationales pensent à la création de succursales en Europe et notamment en France afin de permettre aux migrants algériens de placer leurs fonds et de les transférer en toute sécurité. Selon le ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger, M. Djamel Ould Abbès, "avant la fin de l'année 2009, toutes les conditions permettant aux ressortissants algériens à l'étranger de placer leur argent dans des banques algériennes seront assurées". Isma B.