L'actuelle crise financière et économique qui s'est accélérée au deuxième semestre 2008, a entraîné le monde vers une grave récession, la pire depuis la Grande Dépression des années 30. Selon une étude de la Confédération panafricaine des employeurs (CPE), cette crise a un triple effet sur l'Afrique. Tout d'abord, un ralentissement des flux de capitaux touchant les investissements liés aux dépenses d'infrastructures. Deuxièmement, la chute des prix fait du mal aux exportateurs. Troisièmement, les transferts de fonds envoyés par les migrants vers l'Afrique soit d'environ 15 milliards de dollars par an, vont diminuer de manière significative. L'une des conclusions de l'enquête menée par la CPE , de mars à mai 2009, auprès de vingt-deux organisations patronales africaines, est que les effets de la crise économique se font encore sentir sur l'économie africaine. Il convient de noter que l'Afrique a connu une période de croissance record au cours de cette décennie avec un taux de croissance moyen de 5,1% pour la période 2000-2009 par rapport à un modeste 2,3% pour la période 1990-1999. Le FMI prévoit une croissance économique de seulement 2,0 % en 2009, en baisse par rapport aux taux de 5,% de 2008 ou encore de 6,2 pour cent en 2007. Initialement, la crise a frappé les pays développés, puis les pays émergents et en dernier les pays en développement. Compte tenu de la forte dépendance des pays africains du commerce international, les organisations estiment qu'une baisse dans les échanges a un impact négatif sur l'ensemble de l'économie du continent. Une nette majorité des sondés estime que les principaux indicateurs économiques seront affectés par la crise. En effet, 63 % s'attendent à une croissance économique plus faible et à une hausse du chômage. 55% prédisent une réduction des investissements et 68 % anticipent une chute des exportations. S'agissant des salaires, 36 % prévoient une hausse et la même proportion indique qu'ils resteront inchangés. Autre élément de l'enquête, les transferts de fonds des migrants. Parmi les organisations qui ont participé à l'étude, 11 pays sont tributaires de ces envois de fonds. 10 de ces pays estiment qu'il y aura une diminution de ces transferts. De plus, la crise a réduit les possibilités d'emploi pour les citoyens qui travaillent à l'étranger. Par conséquent, beaucoup d'entre eux retournent dans leurs pays et poussent à la hausse le nombre de chômeurs dans ces pays. Concernant le système financier, 13 pays disposent d'une Bourse. Cela donne une idée de l'évolution du secteur financier sur le continent. Ainsi, 70 % de ces pays ont connu une baisse des indices de la Bourse au cours de la période septembre 2008 à février 2009. L'incidence sur la Bourse a été ressentie dans le court terme. Une analyse sectorielle révèle que le domaine de l'exploitation et la production minière a été le plus touché par la crise, selon 59 % des sondés, suivie par le tourisme (55%), le secteur manufacturier (54%) et le secteur agricole (50%). En outre, 33% des importateurs indiquent que leurs activités ont baissé. Par ailleurs, l'enquête précise que dans dix-sept pays, les gouvernements ont pris quelques mesures pour faire face à la crise. Aussi, dans 16 pays, les gouvernements ont consulté les organisations d'employeurs dans la mise en œuvre de politiques de lutte contre la crise. Cela est conforme à l'esprit de dialogue social où les parties prenantes contribuent à trouver des solutions à la crise. La conclusion générale de l'étude est que, pour les entreprises africaines, la crise financière et économique a eu, en moyenne, un impact modéré à ce jour. Le système bancaire en Afrique est particulièrement robuste, car les banques ont une approche prudentielle sur l'ensemble de leurs opérations, en particulier dans leurs politiques de prêt. Nassim I.