"Il faut s'adapter aux nouvelles mesures, envisager l'avenir avec l'Algérie. Il ne faut surtout pas baisser les bras en ce moment et encore moins faire la leçon aux Algériens, ce serait très mal venu de la part des Français". Ce sont là les mots qu'a trouvés l'ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, pour apaiser différents élus et acteurs économiques de la région marseillaise, en difficulté depuis l'adoption, en juillet dernier, de nouvelles modalités d'importation de marchandises. L'ambassadeur, qui était en visite de travail, jeudi, à Marseille, a essayé tant bien que mal de soulager les acteurs économiques, en leur demandant "de ne pas baisser les bras" dans les relations économiques entre les deux pays. "Au-delà de ces difficultés immédiates, il faut regarder le verre à moitié plein et pas à moitié vide, il faut montrer aux autorités algériennes que Marseille et sa région ont des intérêts supérieurs qui l'emportent sur ces difficultés", a-t-il ajouté. Il est vrai que les récentes restrictions décidées par le gouvernement en matière d'importations préoccupent entreprises et opérateurs du port de Marseille, touché par une baisse du trafic pouvant aller jusqu'à 40 % sur certains produits. Les nouvelles règles instaurées, dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2009 durcit, en effet, les modalités d'importation des marchandises et interdit notamment de faire entrer des engins de travaux publics d'occasion. Dès le mois d'août, cette nouvelle politique a eu pour conséquence directe de diminuer de 40 % l'activité marchandises (vrac, conteneurs, etc.) des bassins Est du port de Marseille, dont l'Algérie est le premier client. Pour Driencourt, les mesures décidées "ont été prises dans un cadre d'urgence par l'Algérie parce qu'il y a eu une dégradation nette de sa balance commerciale en raison de la baisse des prix des hydrocarbures". Plus pragmatique qu jamais, l'ambassadeur est allé jusqu'à justifier la position du gouvernement en annonçant que compte tenu du fait qu'il y a une baisse d'à peu près 46% des exportations sur les cinq derniers mois et une augmentation parallèle extrêmement forte des importations, "le gouvernement algérien s'est trouvé confronté (...) à un risque de déficit budgétaire qu'il a voulu éviter à tout prix". L'ambassadeur de France à Alger n'est, toutefois, pas le seul officiel à s'être déplacé au port de Marseille. La secrétaire d'Etat au Commerce, Anne-Marie Idrac, et répondant à l'appel de l'Union maritime et fluviale de Marseille-Fos, s'est, également, rendue à Marseille le 28 septembre dernier, afin d'écouter des entreprises portuaires et des PME de la région Paca. Cette dernière avait plaidé alors pour un partenariat portuaire, comme seul moyen de sortir de cette crise. Il faut savoir qu'en août 2008, ce sont 82 000 tonnes qui ont transité par Mourepiane contre 42 000 au cours du même mois de 2009 sur l'activité conteneurs. Depuis septembre, le trafic conteneurs sur le bassin Est reprend quelque peu, mais reste en deçà de son activité normale. Adnane Cherih