L'augmentation du prix de la poudre de lait sur le marché international a perturbé la production locale et toute la filière lait en Algérie. L'annonce faite par le ministre du Commerce de créer un office interprofessionnel du lait a réussi certes à apaiser les tensions chez les industriels de la filière, dans la mesure où l'Etat s'engage à prendre en charge l'approvisionnement en matière première qui jusque là, reste le principal problème auquel fait face l'industrie laitière dans son ensemble. Les mécanismes annoncés par le gouvernement sont positifs, même si le soutien reste nécessaire, afin de sauver les entreprises menacées de fermeture suite à l'augmentation des charges et l'épuisement des réserves en poudre de lait. Néanmoins, une telle mesure n'écarte nullement la menace en ce qui concerne une éventuelle rupture de stock, pour la simple raison que le problème de la poudre lait ne se limite pas à la cherté du produit mais aussi aux difficultés de financement pour certains transformateurs publics ou privés. Il s'agit, en fait, d'une pénurie en matière première ressentie au niveau du marché mondial du lait. D'ailleurs, le prix de cette matière première a toujours fluctué sur le marché international, mais on le ressent de plus, en plus surtout que, depuis six mois, le prix de la tonne ne cesse d'augmenter pour osciller aujourd'hui entre 2 400 et 2 500 dollars US et atteindre parfois la barre des 3 000 dollars, soit une hausse de plus de 50%. Pour ne citer que Gilplait , les stocks disponibles aux niveaux des différentes filiales du groupe public couvriront les besoins jusqu'au mois d'avril uniquement, a révélé M. Mouloud Harim, président du Directoire du groupe Giplait. S'il n'y aura pas de solution d'ici là, ce sera l'asphyxie pour le groupe. Aujourd'hui , Giplait se réjouit de la décision du gouvernement de soutenir la filière. Mais, les opérateurs du secteur privé sont unanimes. Les ruptures de stocks ne sont à exclure que si les cours de la matière première continuent à grimper sur le marché mondial. Pour expliquer cette évolution des marchés dans le monde et la flambée des prix , il est nécessaire de mettre en exergue plusieurs facteurs. Il faut savoir qu'en 2006, la collecte a été inférieure dans plusieurs pays producteurs. Pour ne citer que la France, la collecte a été inférieure d'environ 2,4 % à celle de 2005 avec 22,7 milliards de litres. Aussi, les aspects climatiques ont joué. La sécheresse de juin-juillet 2006 a fortement réduit les rendements. Par ailleurs, le nombre de producteurs, en France, en Allemagne, en Australie et aux USA a continué à diminuer et leurs quotas n'ont été transférés qu'en partie. Mais surtout, la demande mondiale a été relativement soutenue en 2006. Or, la production laitière mondiale augmente de 1 à 2 % par an, ce qui, n'est plus suffisant pour couvrir la demande tarie par la Chine et l'Inde. Les pays producteurs de pétrole sont aussi de gros acheteurs de lait et la hausse des cours de " l'or noir " n'a fait que renforcer leur capacité d'importation. La Russie et le Mexique ont battu des records d'achat du lait en 2006. Enfin, la sécheresse en Océanie, fournisseur traditionnel du marché mondial, a bouleversé les approvisionnements. Si bien qu'en 2006, l'Union européenne était la seule capable de satisfaire cette hausse de la demande.