Dans un entretien accordé récemment à l'hebdomadaire "Les Afriques", l'homme d'affaires algérien M. Issad Rebrab, patron du groupe privé Cevital, a évoqué plusieurs questions d'actualité, à savoir la LFC 2009, la politique industrielle du gouvernement, le Desertec… Tout d'abord, M. Rebrab a affirmé son intention d'investir dans des projets stratégiques à l'étranger. Il souhaiterait réaliser des usines, mais "la Banque d'Algérie interdit au groupe de transférer de l'argent pour réaliser ses projets sur son propre compte devises" a-t-il expliqué en précisant que Cevital est sollicité par le Mali, le Nigeria et même par la Macédoine. Cela démontre que le groupe jouit d'une bonne situation financière. Chiffres à l'appui, Cevital a réalisé un chiffre d'affaires de 125 milliards DA en 2008 et escompte réaliser 149 milliards DA cette année. Mieux encore, Cevital a connu un développement très rapide et pense même à une restructuration. Pour cela, le groupe a fait appel à des compétences externes. Le conseil d'administration est composé de six administrateurs, à l'exemple de Brahim Benabdeslam du MDI, Hachemi Siagh de Stratégica ou encore d'Ahmed Tibaoui. Côté investissement, pour l'année en cours, Cevital doit investir 200 millions de dollars sur ses propres cash-flows. A ce propos, il a déclaré que "les entreprises qui ont de l'argent font face à des problèmes bureaucratiques. Si on arrive à débloquer tous nos projets, nous allons mettre un, deux, voire trois unités opérationnelles du groupe à la Bourse d'Alger. Nous avons actuellement une dizaine de projets qui attendent d'être agréés, c'est l'environnement qui nous empêche d'investir. Nous prévoyons néanmoins d'investir, entre 2010 et 2012, l'équivalent de 4 milliards de dollars et, là, nous serons obligés d'aller vers des financements bancaires".Sur un autre chapitre portant sur la LFC 2009, essentiellement le Credoc, l'homme d'affaires algérien a affirmé que "l'Algérie doit préserver les grands équilibres macroéconomiques. Le recours aux lettres de crédit (Credoc) est un moindre mal. 2 ou 3% de vrais opérateurs économiques seront peut-être affectés". Mettant en avant les avantages de l'instauration du crédit documentaire, il a souligné qu'"il faut bien s'attaquer à l'informel, qui gangrène l'économie. On ne peut pas demander au gouvernement de lutter conte l'informel et crier au scandale lorsqu'il met en place des instruments pour y parvenir". A propos de la création de champions économiques, le point de vue de M. Rebrab est clair "les champions se préparent ! Et ce n'est pas la faute des gestionnaires du secteur public, c'est le système qui pose problème. Les entreprises comme l'Enie ou Eniem ne peuvent devenir des champions face à des unités de production de taille mondiale, produisant au meilleur coût et qualité dans un marché totalement libre. La démarche est vouée à l'échec", autrement dit "on ne peut pas faire des champions avec des adultes, c'est-à-dire avec des usines dont l'outil de production est complètement obsolète". En conclusion de l'entretien, M. Rebrab a abordé le mégaprojet "Desertec", selon lui, "le projet a besoin d'un grand espace et l'Algérie a un immense désert, 3% de la surface du Sahara peuvent couvrir 100% des besoins de l'Europe et de l'Afrique du Nord en énergie électrique".Il a affirmé en somme que "nous avons invité les entreprises algériennes d'énergie à nous rejoindre. J'ai demandé au ministre de l'Energie, Chakib Khelil, de parrainer le projet". Cevital a passé une commande d'étude de faisabilité auprès d'un bureau allemand et s'il obtient la licence, le groupe peut investir 50% du coût du projet. Nassima Bensalem