Un projet de résolution critique à l'endroit du programme nucléaire iranien a été préparé par les Six en prévision de la prochaine réunion du Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), alors que l'Iran se dit prêt à évoquer le plan de l'ONU, selon les sources diplomatiques. "Personne en Iran n'a jamais dit que nous serions hostiles à l'idée d'envoyer notre uranium à l'étranger", a soutenu le porte-pariole du ministère des affaires étrangères iranien, Ramin Mehmanparast mardi devant des journalistes. "Ce que nous discutons, c'est la manière d'exporter ce combustible". Il n'a pas précisé si le régime de Téhéran voulait envoyer de petit paquets, et attendre leur transformation en barres de combustible avant d'envoyer un nouveau lot. Mais cette approche a déjà été rejetée par les Occidentaux, parce qu'elle ne conduit pas à retirer au pays le plus gros de son matériau potentiellement dangereux. L'Iran possederait maintenant suffisament d'uranium enrichi pour fabriquer une à deux bombes atomiques, même si le gouvernement affirme vouloir uniquement utiliser l'uranium à des fins civiles, pour produire de l'électricité dans des centrales. Deux diplomates ont précisé sous couvert d'anonymat que le texte élaboré par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine) et l'Allemagne appelait Téhéran à faire preuve d'une plus grande ouverture sur son programme à la suite de ses récentes révélations sur le quasi-achèvement d'un site d'enrichissement d'uranium près de Qom jusqu'alors tenu secret. De mêmes sources, on souligne que le projet de résolution exhorte l'Iran à arrêter de faire obstruction à une enquête de l'AIEA sur des allégations selon lesquelles le régime aurait tenté de développer des armes nucléaires. Il appelle Téhéran à répondre à toutes les questions sur l'usine d'enrichissement d'uranium près de Qom et à se plier aux exigences du Conseil de sécurité de l'ONU qui a demandé la suspension de ses activités d'enrichissement et l'arrêt des travaux de construction de l'installation. Les diplomates proches du dossier se sont exprimés à deux jours de la tenue de la réunion. Si les résolutions du Conseil des gouverneurs de l'AIEA sont essentiellement symboliques, elles doivent faire l'objet d'un rapport devant le Conseil de sécurité de l'ONU. En outre, cette initiative est d'une portée significative dans la mesure où Moscou et Pékin, qui ont fait preuve de réticences face aux appels des Occidentaux à une action plus sévère contre Téhéran, rejoindraient à travers ce texte les quatre autres puissances dans leurs critiques contre le programme nucléaire iranien. En 2006, le Conseil avait adopté une résolution critique vis-à-vis de Téhéran qui avait le soutien des six pays, mais les tentatives occidentales ultérieures d'obtenir l'appui des 35 Etats membres du Conseil s'étaient heurtées à la résistance de la Russie et de la Chine.