Lors d'une rencontre organisée, avant-hier, par la faculté des sciences économiques et de gestion de l'université d'Alger, des académiciens et universitaires participant au séminaire international sur la crise mondiale et son impact sur les économies des pays du Proche-Orient et d'Afrique du Nord ont insisté sur la nécessité de la mise en place d'un mécanisme arabe unifié pour faire face aux effets de cette crise. A cet effet, ils ont souligné que les pays de la région ont été différemment affectés par le choc économique engendré depuis plus de deux ans par la crise des subprimes aux Etats-Unis. A ce propos, Ramez Tanbour de l'université El Djinan (Liban), dira que cette différence s'explique par la spécificité de chaque système économique dans chacun de ces pays. Ajoutant que, selon le degré d'affection des économies par la crise, on pouvait distinguer deux catégories : les pays entretenant des relations étroites avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, les pays du Golfe notamment, et les autres, particulièrement les pays du Maghreb qui se caractérisent par la diversité de leurs partenaires économiques. A ce titre il dira que les pays du premier groupe ont été les plus touchés par les effets de la crise, aussi bien sur le plan financier qu'économique. Pour faire face aux effets de cette crise, M. Tanbour estime nécessaire la mise en place d'un mécanisme arabe unifié, l'adoption par les gouvernements arabes de politiques économiques et fiscales à même d'encourager les investissements productifs et la désindexation des monnaies par rapport au dollar en vue de leur indexation sur des devises étrangères. Selon M. Tanbour, il faut engager une réflexion sur l'adoption d'une monnaie arabe unique ou du moins la création de groupements monétaires régionaux, à l'instar des pays du Conseil de coopération du Golfe. Pour sa part, Mohamed Zidane, de l'Université Hassiba Ben Bouali (Chlef), a insisté sur la nécessité d'accorder de l'importance à la prospection économique à travers la mise en place "d'un mécanisme arabe d'alerte précoce contre les crises économiques, outre la dynamisation du rôle prospectif des banques centrales, notamment en ce qui a trait à la régulation de la liquidité et des conditions d'octroi de crédit". Le Pr Loïc Tribut, du Centre français d'études et de prospective stratégique, a insisté sur l'importance de la solidarité entre les pays du Sud y compris les pays arabes, face au recul des ressources financières octroyées par les pays du Nord qui souffrent toujours des retombées de la crise. Ces pays doivent, a-t-il dit, se mobiliser pour faire face aux retombées de cette crise et ne pas compter uniquement sur les revenus des matières premières. Abordant les résultats du sommet de Copenhague sur le changement climatique qui pourraient avoir un impact négatif sur les économies des pays du Sud, l'intervenant a relevé "une disparité dans le traitement de ces pays au sujet du climat", estimant nécessaire d'"aider les pays du Sud à honorer leurs engagements dans ce sens". Dans ce contexte, il a ajouté que "des sanctions financières auraient dû être imposées aux pays du Nord qui n'avaient pas respecté leurs engagements vis-à-vis de l'environnement dans le cadre du protocole de Kyoto, à l'instar du Canada et des Etats-Unis". Par ailleurs, l'ensemble des participants ont tenu à souligner que les mesures prudentielles que l'Algérie a prises pour ne pas subir les retombées de la crise mondiale, notamment le paiement anticipé de la dette et l'investissement des recettes des hydrocarbures dans des projets d'infrastructures importants, ont permis de mettre l'économie algérienne à l'abri de cette crise. Moumen Larabi