Le ministre allemand de la Défense Karl-Theodor zu Guttenberg a effectué, hier, une visite surprise en Afghanistan, la seconde du genre dans ce pays ravagé par la guerre en deux mois. Le ministère de la Défense a affirmé dans une déclaration que Guttenberg prévoyait se rendre dans la région afghane de Kunduz, où se trouve la plupart des troupes allemandes, afin de recueillir des "impressions de première main" sur la situation actuelle dans le pays. Le voyage survient alors que les législateurs allemands ont commencé à examiner les preuves sur une frappe aérienne menée il y a trois mois qui pèsent sur le soutien de l'Allemagne à la guerre. Un colonel allemand a ordonné le 4 septembre aux chasseurs américains de bombarder des camions d'essence volés par les talibans dans le nord de l'Afghanistan. La frappe aérienne a tué au moins 142 personnes, dont des civils. Le prédecesseur de Guttenberg au ministère de la Défense au moment de l'attaque, Franz Josef Jung, a été contraint de démissionner le mois passé dans un contexte d'accusations selon lesquelles il a dissimulé le nombre de civils tués dans le raid. Le gouvernement allemand a annoncé plus tôt cette semaine qu'il examinait la possibilité de dédommager les familles des civils tués dans le raid. "Personne ne sera jamais capable de réparer ceci. Ce n'est pas possible", a indiqué Guttenberg avant de partir pour l'Afghanistan. "Si vous pouvez trouver des solutions là-bas et rechercher un moyen sans passer par un long processus bureaucratique ou dans les tribunaux -- cela serait approprié pour la culture locale", a-t-il ajouté. Entre temps, le ministre de la Défense a aussi changé son attitude antérieure, qui consistait à soutenir la frappe aérienne, et a indiqué être arrivé à la conclusion que cela a été " militairement inapproprié". En envoyant la troisième garnison étrangère en Afghanistan après les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, l'Allemagne compte actuellement 4.300 soldats déployés sur place dans le cadre de la mission conduite par l'OTAN pour stabiliser le pays confronté à l'insurrection des talibans. Toutefois, l'Allemagne fait l'objet, à la fois, d'une pression croissante de la part des alliés de l'OTAN pour accroître sa présence militaire et d'un mécontentement croissant du public à l'intérieur du pays au sujet du rôle de l'armée en Afghanistan. M.K.